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Leicaflex SL2
(1974-1977) - le dernier Leicaflex
samedi 23 avril 2005, par
L’ultime Leicaflex, dans un contexte de concurrence forte
Le succès du Leicaflex SL, qui commence à être dépassé par la concurrence, décide Leitz à proposer une nouvelle version de son boîtier. Il reprend les éléments qui ont fait du SL un des meilleurs reflex 24x36 de son époque, en particulier l’analyse de la lumière. Elle se fait sur la zone centrale définie par un cercle de 7mm, à travers le miroir semi transparent et un miroir secondaire de renvoi à la cellule dans le plancher de la chambre reflex. Conservé depuis le premier Leicaflex, on retrouve l’obturateur à rideaux au 1/2000 de seconde, avec une synchronisation du flash électronique au 1/100 de seconde. Comme pour le SL, il a été commercialisé une version SL2 mot (voir cette illustration), qui utilise le même moteur que le SL mot. Très volumineux, ce dernier permet des cadences jusquà 4 images à la seconde.
La concurrence est devenue redoutable au début des années 1970, les grands constructeurs japonais proposant des boîtiers aux performances semblables ou supérieures à celles du SL.
Nouveautés du SL2
Leitz décide de proposer plus qu’une simple mise à jour de son SL, et le SL2 possède un châssis redessiné en profondeur, un nouveau mécanisme de miroir, qui permet de monter des optiques dont la lentille arrière pénètre plus profondément dans le boîtier, et surtout une cellule très sensible et précise, à la plage de mesure très étendue (IL 0 à IL 20 à 100 ISO). C’est au moyen d’une double photo-résistance au CdS que cette large plage de sensibilité est obtenue en maintenant la précision sur tout le champ de la mesure.
Le viseur a été amélioré, et le SL2 possède l’image de visée la plus lumineuse des boîtiers 24x36 de l’époque. Cette grande qualité de visée a été obtenue au moyen de deux choix techniques spécifiques :
- la face inférieure du pentaprisme est de forme sphérique, ce qui permet de ne pas utiliser de lentille de Fresnel et d’obtenir une plus grande luminosité, ainsi que d’avoir une image de visée exempte de distorsion ;
- le dépoli classique est remplacé par une très fine plage de microprismes qui possède l’avantage de ne pas avoir de grain visible sur la surface de visée, même avec des optiques peu lumineuses, comme certains très grands angulaires, et grands télé-objectifs.
Le verre de visée possède aussi comme c’est devenu la norme, une couronne de microprismes de plus grande taille au centre, pour la mise au point, et un télémètre à champs coupés.
Ce verre de visée est interchangeable avec deux autres verres, l’un sans les champs coupés, et l’autre est un verre dépoli sur toute la surface, conseillé par Leitz pour la macrophotographie. Cette possibilité de monter d’autres verres est une nouveauté, mais il faut reconnaître que cette interchangeabilité n’est que théorique : ils ne peuvent être remplacés qu’en atelier !
L’affichage dans le viseur est complet, montrant à la fois les vitesses et les ouvertures du diaphragme réunies au bas du viseur. Les indications de l’aiguille de la cellule peuvent être illuminées au moyen d’un bouton poussoir disposé sur le capot du prisme.
Enfin, le sabot porte-flash possède un contact de synchronisation.
Esthétique et ergonomie
Depuis le premier Leicaflex, le boîtier a été redessiné déjà une fois, et ce dernier, même s’il garde les éléments les plus prégnants du design d’origine, comme le capot du prisme d’allure massive aux angles vifs, l’imposant barillet des vitesses, sur le même axe que le levier d’armement et le déclencheur, donne malgré tout une impression différente, due à un travail dans le détail. En particulier, le boîtier est d’une géométrie plus simple, le levier d’armement est coudé, plus agréable à manipuler, le barillet reçoit les même cannelures que celles des optiques.
Dans l’ensemble, l’allure générale est à la fois plus épurée et moins brutale. Le dessin de cet ultime Leicaflex supporte mieux l’épreuve du temps, et il reste encore aujourd’hui très agréable à l’œil. C’est une incontestable réussite.
Le boîtier est livré avec une finition chromée satinée très douce et durable, ou noir anodisée extrêmement robuste.
Leicaflex SL2 (dessous) et SL
Robustesse
Comme ses prédécesseurs, le SL2 est un boîtier dont les matériaux et la construction défient le temps. L’excellence de la construction a déjà été décrite pour la présentation du Leicaflex.
Leicaflex SL2 avec un Summicron 50 du dernier modèle
Le dernier de la lignée
Le Leicaflex SL2 est probablement l’un des plus beaux reflex 24x36 mécaniques jamais commercialisés. Il conclut la série des reflex Leica de première génération en beauté.
Pourtant, malgré ses évidentes qualités, il n’a pas trouvé tout-à-fait sa clientèle, peut-être parce que d’autres marques proposaient des systèmes reflex professionnels avec des arguments plus séduisants, comme les viseurs interchangeables des concurrents japonais. Peut-être aussi en raison de son prix de vente, et des coûts de production, qui étaient semble-t-il très élevés. Toujours est-il qu’au bout de deux ans, Leitz ralentit la production du SL2, pour n’en assembler qu’une toute petite quantité en 1976, et arrêter la production en 1977.
Il sera disponible jusqu’en 1978, et même peut-être plus tard pour la version SL2 mot, qui est proposée dans la brochure de présentation du Leica R3, avant que le R3 mot ne soit commercialisé.
Le R3 remplaçant marque une rupture complète avec les Leicaflex. Sa base est une adaptation d’un boitier Minolta, et son fonctionnement est électronique.
Un semi-échec, et pourtant, consolidation de la gamme R
Il n’aura été vendu qu’environ 24000 SL2 et 1000 SL2 mot.
Si Leitz a été contraint d’abandonner le SL2 pour des raisons financières, le développement de la gamme d’optique R n’est pas laissé à l’abandon, bien au contraire. Entre 1975 et 1985, la plus grande partie des optiques a été remplacée par de nouvelles versions dont les performances sont au sommet de ce qui était possible à l’époque.
Leicaflex SL2 chromé avec un Summicron 50 ancien
Cet exemplaire présente curieusement une variante du sigle " Leitz Wetzlar " inscrit dans un cercle, qui rappelle le logo rouge actuel.
Utiliser le SL2 aujourd’hui ?
Pour qui aime utiliser un boîtier mécanique, le SL2 reste pleinement opérationnel aujourd’hui. Ses seules lacunes par rapport à un R6.2 seront l’absence de mesure TTL au flash et de verres de visée interchangeables.
Il faut néanmoins savoir que le couplage de la cellule utilise des cames qui ne sont plus montées en série par Leica depuis 1997, année de sortie du R8, qui utilise des contacts électriques pour informer le processeur du boîtier sur les caractéristiques de l’optique enregistrées sur une ROM.
Les modèles R8 et R9 fonctionnent parfaitement bien avec les optiques antérieures, et on peut même commander chez Leica une optique neuve avec les cames pour SL et SL2 à la place de la ROM.
Note : Pour en savoir plus à ce sujet, consultez la page sur la monture R.
Série spéciale
Il y a eu une série spéciale du SL2, en version noire comme chromée, numérotée en face arrière, pour commémorer les 50 ans du Leica en 1975. Les M4, M5 et CL ont connu également cette version spéciale.
Caractéristiques techniques
Châssis en aluminium moulé sous pression.
Semelle et capot supérieur en zinc moulé sous pression, chromé ou anodisé noir.
Poids : 770 g
L x H x ép. : 148 mm x 97 mm x 57 mm
Mise en route du posemètre : dégagement du levier d’armement de 10°.
Course pour l’armement : 124°
Temps de pose : B, de 1 s à 1/2000 s
Réglages intermédiaires possibles, sauf entre 1/8 et 1/4 s
Levier de profondeur de champ, et retardateur.
Flash : Contacts flash électronique et magnésique en façade, et contact pour sabot de flash normalisé.
Synchronisation à 1/100 de seconde.
Alimentation : deux piles 1,35 volts type PX 625, l’une dans la semelle pour le posemètre, l’autre en façade pour l’illuminateur de visée
Attention : ces piles ne sont plus disponibles (interdiction des piles au mercure). Il faut utiliser pour le posemètre soit les piles Wein cell zinc/air MRB 625 de 1,35 volts, à durée de vie limitée (entre 3 et 6 mois), ou un adaptateur qui permet d’usage de piles bouton SR44 1,5 volts. On peut utiliser pour l’illuminateur de visée les piles actuelles PX 625 de 1,5 volts.
Les photographies illustrant cet article sont de l’auteur. Le schéma est issu d’une documentation Leitz.
Voir en ligne : Chercher des images faites au SL2