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Leica R3
(1976-1980) - la nouvelle gamme R
lundi 18 avril 2005, par
Le R3, une petite révolution chez Leitz
Le Leica R3 marque une complète rupture avec ce qui a été produit et s’est pratiqué chez Leitz depuis le début de la fabrication des appareils photographiques : ce boîtier ne comporte plus l’obturateur " maison " à rideau et défilement horizontal. La commande est électronique, ce qui est fièrement annoncé en façade du boîtier, et il est le résultat, comme le petit CL, d’une coopération internationale.
En effet, depuis 1973, Leitz a passé des accords de coopération industrielle avec la firme Minolta au Japon. Le premier résultat en a été le CL, qui est assemblé au Japon pour les optiques M, mais ont aussi été produites en collaboration certaines optiques R, comme le zoom 80 x 200, l’Elmarit 24 mm, et le fish-eye de 16 mm, ainsi que l’objectif à miroir Telyt 500 mm.
Minolta profite aussi de cette collaboration en commercialisant directement au Japon le CL sous sa propre marque, et en proposant en 1974 le reflex XE-7, qui comporte un obturateur électromagnétique à lamelles métalliques à défilement vertical, étudié en collaboration avec Copal et Leitz (obturateur dit CLS, Copal-Leitz-shutter).
C’est le châssis du XE-7, et cet obturateur, qui sont retenus pour élaborer le boîtier qui seconde, puis remplace le Leicaflex SL2 à partir de 1976.
Les coûts de production du SL2 se sont avérés trop lourds pour la firme, et les ventes sont en dessous des espoirs. Leitz souhaite également proposer un système plus moderne.
Si le châssis est celui du XE-7, ce qui permet de réduire les coûts de production de manière significative, toute la partie optique et mécanique, ainsi que l’électronique, sont étudiées par Leitz.
Le système du miroir semi-transparent avec miroir secondaire du SL2 est actualisé pour ce nouveau boîtier, et la mesure sélective Leitz (analyse de la lumière exclusivement sur un cercle central de 7 mm) est secondée par une nouveauté, la mesure intégrale, commutable par un levier concentrique au barillet des vitesses.
La mesure sélective est faite par une cellule installée dans le fond de la chambre de visée de l’appareil, comme sur les Leicaflex SL et SL2.
La mesure intégrale est obtenue au moyen de deux cellules au CdS installées dans le prisme au-dessus du verre de visée, qui travaillent en même temps que celle située dans la chambre de visée.
Le dépoli et le prisme sont aussi développés et produits par Leitz.
Mais, surtout, l’électronique du R3 permet d’accéder à l’automatisme de l’exposition, avec priorité au diaphragme.
L’adoption des principes propres à toute la gamme R
Le Leica R3 met en place les bases de ce qui sera repris et amélioré dans toute la gamme R, jusqu’au R9 actuel :
- l’obturateur à lamelles métalliques est asservi par l’électronique, et le couplage des optiques avec le boîtier se fait par l’intermédiaire d’une troisième came, ajoutée aux objectifs, les modèles antérieurs étant modifiables pour l’utilisation dans le nouveau système ;
- la mesure effectuée en mode sélectif est mémorisable par enfoncement partiel du déclencheur.
Petit plus, un levier pour la surimpression de l’image est proposé, coaxial au levier d’armement.
Comme dans tous les boîtiers Leitz depuis le SL, le mouvement du miroir est parfaitement amorti et il n’y a pas de mécanisme de relevage manuel du miroir, ce que certains regrettent.
Les premiers modèles ne sont pas motorisables, Leitz ayant maintenu le Leicaflex SL2 MOT au catalogue jusqu’en 1978. A cette date, le R3 devient R3 MOT, et les boîtiers R qui suivront seront tous motorisables, et pourront utiliser soit un petit moteur (le winder) ou un modèle plus robuste et rapide.
Le Leica R3 MOT ne possède qu’un modèle de moteur, le motor winder R3, qui lui permet des cadences de 2 images/seconde, et le rebobinage du film. Le retardateur de déclenchement est supprimé sur cette version.
Les modèles antérieurs R3 étaient modifiables par Leitz en modèle R3 MOT.
Derrière ces nouveautés, des performances en retrait et quelques oublis
Le Leica R3 apporte des nouveautés incontestables, et devenues incontournables à la fin des années 1970 (même Nikon, à l’époque très conservateur, s’y mettra avec son F3 de 1980).
Mais sur certains points, les performances sont en retrait : le 1/2000 de seconde est abandonné, la synchronisation du flash ne se fait plus qu’au 1/90 de seconde.
Il n’y a plus de dispositif d’illumination des données dans le viseur, comme c’était le cas pour le SL2.
La sensibilité du posemètre est en retrait : de l’IL +1 à +18, ce qui est tout de même tout à fait opérationnel.
Le système spécifique de visée du SL est en parti abandonné au profit de la solution plus classique de la lentille de Fresnel : la visée est moins lumineuse que celle du SL.
De plus, pour concurrencer des boîtiers professionnels contemporains qui proposent toujours plus, l’absence de verre de visée interchangeables, de dos dateur, l’utilisation d’éléments sensibles au CdS au lieu du Silicium, sont des manques importants, qui seront heureusement comblés rapidement avec le R4 en 1980.
Esthétique et ergonomie
En dépit d’un capot supérieur et d’une platine frontale porte-objectifs redessinés, le R3 ne cache pas sa filiation directe avec le Minolta dont il est issu.
Les éléments d’ergonomie propres aux reflex Leica sont abandonnés, en particulier l’ensemble si reconnaissable des déclencheur, barillet de vitesse, et levier d’armement montés sur un même axe sur les Leicaflex.
Les proportions générales du boîtier, et son poids, sont proches de ceux des Leicaflex. Le corps du boîtier est néanmoins plus fin, et la chambre reflex, en conséquence, plus saillante.
Il est livré, comme ses prédécesseurs, avec une finition chromée, ou anodisée noire.
Dans le viseur, sont affichés le mode de travail (manuel, ou automatique), la vitesse, par l’aiguille du posemètre, et l’ouverture du diaphragme sélectionnée, par l’intermédiaire d’un système optique, qui lit directement la vitesse gravée sur la bague de l’objectif monté sur le boîtier. Ce système d’affichage de l’ouverture a été conservé sur tous les modèles R qui ont suivi.
Un boîtier de transition, et un succès commercial
Avant l’installation durable de la gamme R4 à R7 qui fera les beaux jours du Leica reflex pendant vingt ans, on peut considérer cet appareil comme un boîtier de transition chez Leitz.
Facile d’usage et agréable, le R3, construit la première année en petite quantité à Wetzlar parallèlement aux derniers Leicaflex SL2, puis ensuite à forte cadence dans la nouvelle usine de Villa Nova de Famalicão au Portugal, sera produit à environ 65000 exemplaires en 4 ans.
Au regard des chiffres de production du modèle précédent, c’est un succès commercial, qui permet à Leitz d’étudier, toujours sur une base Minolta, le nouveau R4 qui le remplacera dès 1980, et connaîtra un succès plus important encore.
Utiliser le Leica R3 aujourd’hui ?
Robuste et de conception saine, mais aussi un peu le mal-aimé de la famille des Leica R, le R3 est un bon moyen d’accéder en occasion, avec un boîtier de bonne qualité, à la gamme ancienne et actuelle des optiques Leica R. Il faut néanmoins tenir compte du fait que l’électronique du R3 ne pourra pas être réparée en cas de panne, et choisir son boîtier en connaissance de cause.
Séries spéciales
Des séries spéciales du R3 ont été produites, en particulier en 1978 une version vert olive, dite " Safari ", en 5000 exemplaires, et en 1979 une version pour célébrer le centième anniversaire de la naissance d’Oskar Barnack, en 1000 exemplaires plaqués or. Le M4-2 a également connu, la même année, cette version commémorative.
Caractéristiques techniques
Châssis en aluminium moulé sous pression.
Capot supérieur en zinc moulé sous pression, chromé ou anodisé noir.
Semelle en laiton, chromée ou anodisée noir.
Poids : 780 g
L x H x ép. : 148 mm x 96,5 mm x 64,4 mm.
Mise en route du posemètre : par interrupteur près du levier d’armement.
Méthode de mesure : sélective mémorisable sur un cercle central de 7 mm, ou intégrale, mode affiché dans le viseur sur le modèle R3 mot
Modes fonctionnels : automatique avec priorité à l’ouverture, ou manuel
Correction d’exposition : + ou - 2 EV
Course pour l’armement : 130°.
Obturateur : à commande électronique, à lamelles métalliques à défilement vertical.
Pose B, temps de pose de 1 s à 1/1000 s
Réglages intermédiaires possibles de 1/4 s à 1/1000 s
Vitesses mécaniques sans pile : pose B et 1/90 s.
Levier de profondeur de champ, et retardateur (pas de retardateur sur le R3 MOT).
Flash : Contacts flash électronique et magnésique en façade, et contact pour sabot de flash normalisé.
Synchronisation à 1/90 de seconde.
Alimentation : deux piles 1,5 volts type SR44, dans la semelle.
Voir en ligne : Chercher des images faites au R3