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Leica I (modèle A)
1925
dimanche 5 avril 2020, par
Le Leica I (modèle A), par Jean D.
La terminologie s’avère d’emblée compliquée...
Dans « Leica I », il s’agit du chiffre romain « I » (et non du chiffre arabe « 1 »). Le Leica I initial (1925-1936) est également nommé « Modèle A » dans une terminologie parallèle ; deux types de « Modèles C » apparaîtront (1930-1931 et 1931-1933), alors que le « Modèle B » n’est pas un Leica I (c’est le « Leica Compur », 1926-1941)...
La naissance : 1925
L’expérimentation des Leica 0 (la Nullserie) confiés à différents utilisateurs ayant été jugée satisfaisante, Ernst Leitz II décida en 1924 que « l’appareil de Barnack » serait fabriqué : Le Leica I apparut au printemps de l’année suivante, révélé au public de la Foire de Leipzig. Après quelques hésitations de « Barnack-Kamera » à « Leca », le nom commercial « Leica » fut retenu, unissant celui de l’entreprise Leitz et la première syllabe du mot latin camera (camera oscura, la « chambre noire »). Ce nom n’est toutefois pas gravé sur l’appareil lui-même, qui ne comporte que la raison sociale du fabricant : « Ernst Leitz Wetzlar », ainsi que les trois initiales « D. R. P. » (signifiant Deutsches Reichs Patent, c’est-à-dire breveté par le Reich allemand).
Amélioration de l’obturateur
Ces mentions sont gravées autour d’une protubérance du capot, cylindrique et terminée en tronc de cône, couronnée par le barillet des vitesses. Une telle protubérance n’existe pas sur le Leica 0 (chez lequel il est indispensable de couvrir l’objectif lors de l’opération combinée armement de l’obturateur / entraînement du film, afin de ne pas voiler ce dernier) : chez le Leica I (puis tous les modèles à vis ultérieurs), elle renferme un nouveau mécanisme permettant d’éviter cette manoeuvre (les deux rideaux de l’obturateur étant maintenus jointifs lors de cette opération). Pour modifier le réglage de l’obturateur, après avoir procédé à l’opération combinée précitée, le barillet des vitesses doit être soulevé et tourné pour enclencher l’indication choisie face à une flèche gravée sur la protubérance (cette manipulation deviendra commune à tous les Leica à vis) ; les vitesses s’étagent comme suit (sur les 500 premiers appareils fabriquées en 1925) :
Z – 25 – 40 - 60 – 100 – 200 – 500
puis ainsi :
Z – 20 – 30 – 40 - 60 – 100 – 200 – 500
(la lettre "Z" est l’initiale du mot Zeit signifiant "temps", c’est-à-dire pause)
Le déclencheur
A l’origine (sur environ les 17000 premiers boîtiers), le déclencheur est assez large et arrondi en "champignon", puis il fut modifié pour permettre de relier un déclencheur flexible (le filetage permettant cette liaison est protégé par un petit cylindre amovible, strié verticalement).
Le viseur
Par rapport au Leica 0, les positions de la griffe porte-accessoires et du viseur sont permutées, afin de permettre une visée plus aisée (le nez ne venant pas buter au dos de l’appareil). Le viseur demeure tubulaire, de type Galilée inversé.
Quatre objectifs, mais non interchangeables...
L’objectif est fixe, escamotable pour occuper moins de place quand l’appareil n’est pas utilisé (il est dit « rentrant »), la rampe de mise au point est hélicoïdale avec blocage sur l’infini (au moyen d’une lame-ressort fixée en façade par deux vis), la distance minimale est de un mètre. Selon sa date de fabrication, le Leica I fut équipé de l’un de ces trois objectifs (tous f:3,5/5 cm*) : Anastigmat et Elmax (respectivement 144 et 713 boîtiers en 1925), puis en grande majorité Elmar (56548 boîtiers de 1926 à 1936) ; 1330 boîtiers reçurent l’objectif plus ouvert Hektor f:2,5/5 cm (1930 à 1932) ; les quantités citées sont approximatives.
* Jusqu’au début des années soixante, Leitz exprimait la distance focale en centimètres.
Précision, allure séduisante et soignée : succès assuré !
Le capot et la semelle sont en laiton laqué noir, la ceinture en aluminium extrudé est couverte de vulcanite (caoutchouc vulcanisé) procurant un aspect souvent confondu avec celui du cuir ; les commandes sont nickelées. Les dimensions du Leica I sont très proches de celles de la Nullserie, l’appareil demeure très peu encombrant et son aspect général est jugé aussi élégant que discret.
869 Leica I furent fabriqués en 1925 (ou 857, selon la source), le premier portant le n° 131 (ou 126) ; plus de 21000 boîtiers furent produits pendant les cinq premières années : le nouvel appareil, si maniable, remporta un grand succès et ouvrit la voie à une nouvelle pratique de la photographie, bien davantage spontanée.
La production du Leica I (Modèle A) cessa pratiquement en 1932 (toutefois quelques uns furent encore fabriqués jusqu’en 1936), totalisant autour de 58735 appareils (nombre estimé). De petites variantes sont apparues (aspect de la clé de fermeture de la semelle, hauteur du bouton de rembobinage et grain de la vulcanite).
Le « Luxus »
Cette luxueuse variante, probablement fabriquée à 87 exemplaires (ou 95, selon la source) entre 1929 et 1931, ne diffère du Leica I que par son aspect : les parties métalliques apparentes sont plaquées à l’or fin, et la vulcanite est remplacée par de la peau de lézard... Certains Luxus appartiennent au Modèle C. On estime que trois Luxus reçurent l’objectif Hektor f:2,5/5 cm.
Une autre variante, dont les parties métalliques demeurent laquées noir, est habillée de peau de veau (180 exemplaires).
Le code Leitz à cinq lettres
Ce langage désignant dans les catalogues Leitz chaque boîtier et jusqu’au moindre accessoire, paraît au premier abord aussi hermétique qu’ésotérique ; il fut concomitant au Leica I et persista jusqu’en 1960. Par exemple, un Leica I équipé de l’objectif Elmar f:3,5/5 cm porte le nom de code LEANE, mais complété d’une petite valise en cuir il se dénomme... LEICA !
Exemplaire de 1930 équipé de son Elmar sans numéro,de son filtre jaune de petit diamètre et de son télémètre FOFER en m. le plus prècis de la série grâce à sa grande roue des distances.
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