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Leica ’0’
samedi 6 mai 2006, par
[document Leica Camera]
Après la réalisation des trois prototypes d’Oskar Barnack (1913 et 1918-1920), le projet de fabrication d’un appareil photographique de petit format mûrissait chez Leitz : 31 appareils* furent fabriqués en 1923 et au début de 1924 (numérotés de 100 à 130), afin d’évaluer les réactions des utilisateurs et de définir les méthodes de production. Il s’agit du Leica "zéro" (Nullserie en allemand), qui dérive du troisième prototype et possède les principaux caractères du premier Leica qui sera commercialisé en 1925, le Leica I.
* Ce nombre n’est pas certain, peut-être limité à 20 ou 21 appareils.
L’aspect de l’appareil
La ligne du Leica fut ébauchée par le Ur-Leica, elle se perpétue chez le Leica 0 et évoluera lentement sans se démarquer notablement du dessin originel. Le corps de l’appareil est constitué d’une ceinture contenant le châssis (comprenant le mécanisme), portant l’objectif sur sa face avant, surmontée d’un capot et fermée en dessous par une semelle. La ceinture (ou carter) est continue, ses deux extrémités sont harmonieusement arrondies ; cette structure monobloc, faite d’un alliage d’aluminium extrudé, déjà retenue sur les prototypes, est un gage de robustesse et impose le chargement du film par la base ; un revêtement de caoutchouc vulcanisé (vulcanite), de couleur noire, permet une bonne préhension. Le capot et la semelle sont en laiton laqué noir.
Les dimensions du Leica 0 sont réduites : longueur = 133,2 mm, largeur = 30 mm et hauteur = 53 mm (celles du futur Leica I demeureront très proches).
Description du capot
De droite à gauche, on remarque :
- le bouton d’armement de l’obturateur / entraînement du film et, coaxial, le compteur de vues (gradué jusqu’à 40),
- le déclencheur hémisphérique,
- le levier inverseur à trois positions gravées "M" (Moment = instantané), "Z" (Zeit = pause) et "R" (Rücklauf = rembobinage) ; sur "Z" le barillet des vitesses doit être réglé sur 50 (= fente maximale), et sur "R" il faut maintenir le déclencheur pressé lors du rembobinage,
- le barillet des vitesses (= sélecteur de largeur de fente), qui doit être soulevé et pivoté pour modifier son réglage ; comme chez le troisième prototype, c’est la largeur de la fente entre les deux rideaux de l’obturateur qui est indiquée (de 2 à 50 mm) et non la vitesse d’obturation (de 1/500ème à 1/20ème de seconde) ; le barillet tourne vivement sur lui-même lors du déclenchement de l’obturateur,
- le viseur (situé exactement au dessus de l’objectif),
- la griffe porte-accessoires,
- le bouton rembobinage.
Les deux boutons et le barillet sont guillochés et nickelés.
Trois inscriptions sont gravées sur le capot : le numéro de fabrication, la mention de l’entreprise "Ernst Leitz Wetzlar", soulignée de "Germany".
Chargement et déchargement en plein jour
Contrairement aux trois prototypes, le Leica 0 permet le rembobinage du film dans la cassette débitrice (qui deviendra ce que nous nommons "cartouche") : cet appareil, pouvant être chargé et déchargé en plein jour, comporte donc un levier et un bouton de rembobinage.
L’obturateur
C’est un obturateur à rideaux de toile caoutchoutée dérivant de celui du troisième prototype (fente de largeur variable, défilement à vitesse constante). Chez la majorité des Leica 0, la fente séparant les deux rideaux demeurant permanente, il est indispensable de couvrir l’objectif lors de l’opération combinée armement de l’obturateur / entraînement du film, afin de ne pas voiler ce dernier : un bouchon d’objectif est prévu, arrimé au boîtier par une cordelette (longue de 8 centimètres).
Plusieurs variantes existent
- obturateur à fente permanente ou non (cas des dix derniers appareils),
- viseur iconomètre pliant (lentille divergente gravée d’un réticule et "pointeur" rabattables) ou viseur tubulaire de type Galilée inversé (avec ou sans réticule),
- bouton d’armement de deux types (creux à barre diamétrale, ou plein),
- bouton de rembobinage fixe ou extensible.
L’objectif
C’est un triplet de quatre lentilles (les deux dernières étant collées ensemble), le Leitz Anastigmat f:3,5/50 mm, créé par Max Berek. Cet objectif, non interchangeable, est en monture rentrante ; sa mise au point est réglable de 1 mètre à l’infini et son diaphragme est gradué de f:3,5 à f:12.
Le physicien Max Berek (1886-1949), professeur à l’Université de Marburg, entra chez Leitz en 1912 et fit toute sa carrière à Wetzlar. Ce spécialiste de l’optique travailla notamment sur les microscopes polarisants de Leitz et conçut 23 objectifs pour le Leica.
L’aube d’une épopée industrielle
La localisation actuelle de moins de la moitié des Leica 0 est connue ; les premiers ont été répartis au sein de la famille Leitz et le n° 105 fut l’appareil personnel d’Oskar Barnack.
Ce "banc d’essai", constitué par l’expérimentation des Leica 0 confiés à différents utilisateurs, se révéla aussi positif que prometteur... En 1924, enthousiaste et désirant diversifier son entreprise, Ernst Leitz II décida la production de « l’appareil de Barnack » : le Leica I allait naître l’année suivante. Assez rapidement accompagné de plusieurs objectifs et d’accessoires variés, cet appareil modifia profondément la pratique de la photographie et suscita une nouvelle esthétique de l’image.
En 2000, une réplique du Leica 0
Cette réplique était vendue avec un étui, un tirage d’une photo prise par O. Barnack, un DVD et un livre (voir illustration).
Remerciements à rustik et à Jean pour ces illustrations des répliques du Leica 0 !