Prix des années 30 : qui s'offrait un Leica ?

Gilles T
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fotd a écrit :
On n’est pas loin de Bourdieu (je vais me faire flinguer :mrgreen: ) dans La Distinction. Critique sociale du jugement pour qui « L’accumulation de capital culturel devient un enjeu de lutte entre groupes, forme particulière de la lutte symbolique ».
:mrgreen:


Bourdieu avait déjà "pointé ses écrits", c'est une référence assez incontournable :mrgreen2:
Gilles T
Bertrand S
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Citer Edmond Goblot, je suis scié. Voila une référence qui n'est plus courante de nos jour :applaudir:
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Proverbe yiddish placé par Primo Levi en tête de Si c'est un Homme
Patrice D.
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Gilles T
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Patrice D. a écrit :
Il ne vous a certainement pas échappé que les publicités des années 30 représentent un Leica... dessiné. Cocasse, n'est-il pas ?


Elle est juste en rapport avec les techniques utilisées à cette époque.

fotd a écrit :

... Quand deux Leicaïstes se croisent (ou quand il se regarde dans le miroir :grin: ), le regard complice de l’un dit à l’autre : tu connais Oskar et le craquement feutré de l’œuf sur le laiton, tu as résolu les mystères du télémètre, tu sais où sont les liserés noirs d’HCB, tu es un homme de goût, etc...

L’argent, même si nécessaire, me parait secondaire.

Cette analyse, si elle est réelle aujourd'hui, ne peut pas être transposée aux années 30.
Gilles T
Floflo
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Vieux briscard
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Moor a écrit :
L'employé de Chausson voulait-il vraiment se distinguer et afficher son statut social en prenant ses photos de camping au Leica? J'en doute...


J'ai tout de même une idée sur la question.

Il est devenu au fil du temps un brillant technicien passionné par le bel ouvrage. Car à l'époque chez Chausson, on pouvait commencer sa carrière à empiler les cartons et finir ingénieur.
Ce qu'il aimait et qu'il ne pouvait faire de ses propres mains, il se l'offrait. Bang & Olufsen était aussi une marque qu'il affectionnait, synonyme comme Leica, de beau dessin et de technologie pointue. Dès les années 60, il s'offre son premier ampli-tuner b&o, platine cassette et disque, la totale.

Pas pour épater la galerie, ce n'était pas son genre. En dehors de Leica et de b&o, il vivait très modestement. Et se faisait ce genre de plaisirs discrètement.

Pour résumer, il était attentif aux diverses évolutions technologiques du siècle dernier et si elles coincidaient avec ses centres d'intérêt, alors il pouvait franchir le pas.
En réalité, essentiellement la photographie et le son.

Car assembler un pont en bois latte par latte pour reproduire en miniature un cotre du XVIII, il savait faire et n'avait pas besoin de courir dans une boutique.

C'est ce que je peux dire de son histoire et de ses motivations à ce sujet mais bien entendu cela ne peut pas avoir valeur de statistique ni être révélateur des mentalités de l'époque.



Et, heu, oui, son ampli b&o fonctionne toujours plutôt bien. :smile:
" La photographie a des bords, le monde n'en a pas." Stephen Shore
"+1" de la part de : cedric-paris
PASQUIER
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BOURGES
Dans les années 30, et même après, en province, et plus particulièrement en campagne, on vivait en autarcie, en consommant ce qu'on produisait, sans idée de loisir, juste de repos quand c'était possible.
L'ouverture d'esprit nécessaire à la pratique photographique était limitée au photographe institutionnel du canton, et on n'avait recours à lui que pour les grandes occasions.

Avec les congés payés de 1936, nombre de nos ancêtres ont sans doute découvert entre autre la photographie de vacances, et une certaine idée des loisirs, mais je pense que l'acquisition d'un appareil photo n'était pas une priorité, et encore moins l'acquisition d'un Leica, car il aurait fallu qu'ils en connaissent l'existance. Ils expédiaient une carte postale.
S'offrir un Leica dans les années 30, c'était sans doute une question de pouvoir d'achat, mais aussi, je pense, une question d'ouverture d'esprit, de positionnement social et culturel, de priorité de choix, sur une échelle qui n'a plus rien à voir avec celle qu'on partage aujourd'hui.
Paul.M
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Bonjour !

J'ai remarqué récemment quelque chose qui pourrait apporter à notre affaire :
Dans la très bonne exposition présentée au Jeu de Paume sur la photographe d'Avant Garde Kati Horna, celle-ci avait prit un cliché d'un relevé issu d'une banque Parisienne, où était explicitement inscrit le prêt de...10 000 francs si je me souviens bien ? Pour l'achat d'un Rolleiflex de seconde main, avec sacoche.
Pour replacer le contexte, Kati Horna était alors sans le sou à Paris (Début des Années 30) ayant fui la Hongrie puis l'Allemagne, à la manière de ses compagnons du Bauhaus ainsi qu'un certain Endre Friedmann, lui aussi originaire de Budapest. Certes, elle avait un apport financier a peu près régulier via des reportages photographique qu'elle réalisait sur commande.
Toutefois, je pense que cette information peut s'avérer intéressante au sein du débat qui est le nôtre :content-anim: Pour reprendre les commentaires précédents, l'ouverture d'esprit sur les médiums d'expression artistique en émergence, et le foisonnement artistique dans lequel Kati Horna a développée son oeil, pourrait expliquer un emprunt pour acheter un tel objet. (Qui si je ne m'abuses valait son pesant de cacahuètes. On parle en Old Standard à l'époque, bien sûr.)

(Ah oui et c'est pas du Leica donc pas taper :oops: )
"+1" de la part de : cedric-paris
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