Leica et le photo reportage

PASQUIER
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BOURGES
http://www.focus-numerique.com/appareil ... -5061.html

Ce bilan montre la présence en demi teinte du Leica dans la mise en oeuvre des appareils photo par les professionels du reportage.
En parallèle de l'expo sur le travail d' Henri Cartier Bresson aucours duquel Leica était une référence, ça laisse un gout un peu tiède...
D'autant que nombre des images présentées dans ce compte rendu entre dans le champ de ce que Leica peut produire.
On peut se consoler en disant que Leica n'est pas complètement absent.
LIBERAS
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"ça laisse un gout un peu tiède"

Bonsoir,

Les Nikon - Canon sont des bêtes à concours qui peuvent tout faire (mariage, sports, reportages, aériens, packshot, mode) avec tous les objectifs possibles et notamment de monstrueux téléobjectifs.

On peut donc comprendre le choix pour un professionnel.

Mais de l'ennui naquit l'uniformité et je me rappelle, il y a peu, d'une conversation que j'ai eu avec un jeune reporter (non pas celui du petit XX°), qui cherchait à faire des images différentes.

Ce jeune homme m'expliquait qu'il devenait difficile de placer son travail en agence car tout le monde vendait le même produit fabriqué avec les mêmes outils.

La guerre sur tous les fronts, l'humanitaire exhibant impudiquement toutes les intimités miséreuses du monde, les animaux, les manifestations sportives avec 50 clichés à la seconde pour capter l'image fatale etc.... tout est fabriqué par Canon- Nikon - Lightroom

Toutes ces images finissaient par se ressembler et étaient bradées sur le bureau des agences tellement l'offre était supérieure à la demande.

Pour ma part, je pense que ces images sont plates car trop parfaites; elles manquent de cette imperfection qui est la traduction de notre humanité. Les photos de guerre de Capa sont chargés d'émotion car l'on sent que le photographe est en danger, que la guerre est dangereuse et que ce n'est pas une vue de carte postale.

J'ai essayé de l'amener à comprendre que Leica, en raison de la spécificité de l'outil, allait le mener à un autre regard, à d'autres images, d'autres sujets.

On note que le reflex est un critère primordiale pour les reporters; là aussi nous somme dans une idée préconçue parfaitement ancrée, idée que l'on ne relativise pas mais que l'on enfonce comme une porte ouverte.

En revanche s'il est exact de dire que 20 millions de pixel sont amplement suffisants pour faire de beaux reportages, même en tirage d'expo, on se demande ce que vont devoir inventer les fabricants pour faire renouveler les parcs de matériels:

Difficile car presque tout est déjà parfait en matière d'optique, de rapidité, de mesure de la lumière et d'autofocus.

Il va falloir proposer des 80 mpx qui aient les qualités d'un 18 mpx

Amitiés photographiques
dielcoluma
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J'aime beaucoup la question posée et j'aime énormément la réponse de LIBERAS.

L'idée que toutes les images se ressemblent est tellement vraie. Les appareils modernes produisent de bonnes images, à la chaîne, mais où est passé leur contenu ?

LEICA est indiscutablement une autre démarche. Ce qui est rassurant d'ailleurs, c'est que les candidats à un petit retour en arrière (optiques fixes et manuelles) sont de plus en plus nombreux et souvent des jeunes.

Pour ma part, je dirais que LEICA (depuis le mois de janvier 2013) m'a redonné une grosse envie (après 38 ans de reflex...). Je produis moins et, j'espère, mieux.
du MM2 (Cron 35AA + Lux 50 ASPH Black Chrome + Noct 50 ASPH + Lux 75) du SL2 (Cron 21&35&90, 90-280, 24-70) du R (Lux 35 + Cron 50 + AME 100) et du Q2
JulienM
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PASQUIER a écrit :
On peut se consoler en disant que Leica n'est pas complètement absent.



Je peux te confirmer qu'on est (encore) un certain nombre à travailler avec plaisir avec des M (8/9 et 240) :wink:
Tiberius
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Et tes reportages sont superbes !!!! :applaudir:
lenicolas
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dielcoluma a écrit :
J'aime beaucoup la question posée et j'aime énormément la réponse de LIBERAS.
L'idée que toutes les images se ressemblent est tellement vraie. Les appareils modernes produisent de bonnes images, à la chaîne, mais où est passé leur contenu ?


Pas forcement faux mais attention à ne pas sombrer dans l'obscurantisme ; c'est toujours le photographe qui fait la photo, pas le materiel.
Sur ce forum les regards sont multiples, et les styles tres variés, pourtant nous uttilisons tous le même materiel ;)

Avec un canon on peut aussi produire differement, il suffit d'en avoir l'idée et l'envie.
Je crois que c'est un peu la faute à tout le monde si les images se ressemblent : les photographes qui shootent à la chaine en esperant gagner plus en minimisant le temps dépensé, les services photos des journaux qui ont moins la culture de la belle image, les agences qui rognent les prix et laisse la qualité du produit baisser, les lecteurs de la presse qui preferent le gratuit... Bref, la faute de tout le monde, sauf de Canon ou Adobe :mrgreen:
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FerdinandP
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La grande privation ? Les "iconographes" qui jouissent d'un regard, d'un oeil…la disparition de ces derniers au profit de jeunes, fringuants, sortis d'une belle école, mais qui ne sont pas foutus de différencier une jolie photo d'une image qui raconte une histoire. Cela, conjugué à un marché qui évolue et un modèle économique qui s'effondre peut entraîner une baisse de la qualité des images qui accompagnent l'actualité sur le papier.
Aujourd'hui, les agences évoluent vers un système d'abonnement. Les photos ne sont plus payées à l'unité : un journal ou un groupe de médias (Lagardère…) va alors s'acquitter d'une certaine somme fixe pour obtenir la possibilité de se servir autant qu'il le souhaite dans la base de données d'une agence. Ainsi, il va en priorité (quand ce n'est pas de manière exclusive) se fournir en photographies auprès de l'agence à laquelle il s'est abonné.

La situation est difficile pour les photographes puisqu'il ne suffit pas de faire une bonne image pour la vendre. Tu peux avoir la plus belle image d'un évènement, l'angle le plus intéressant, la photo la plus captivante, l'histoire la plus intéressante, la vente dépend avant tout du réseau de l'agence qui diffuse ton travail.

Certaines agences sont dans une position qui leur permet de proposer un abonnement à un tarif bien plus compétitif que les autres. Cette position est rendue possible par les aides dont elles bénéficient. Elles jouissent alors d'une diffusion prioritaires et bien plus larges au sein du paysages médiatique.
Aidées…subventionnées…par l'Etat...dont elles illustrent ensuite l'action en accompagnant les articles de presse de leurs images. Ai-je entendu "Ministère de la Presse -et de la propagande-" ?

Canon, Leica, Hasselblad…oui et non.
Le Leica est plus complexe à utiliser. Les ambiances de travail sont régulièrement sombres et les iso grimpent vite et haut.
Un exemple : quand je suis à 4000/6400iso pour atteindre le 1/80 ou 1/125, minimum pour figer un mouvement humain, mon M9, à 1600, me clouerait à 1/20 ou 1/30.
Depuis le 240, Leica a rattrapé son retard et permet de combler cette lacune. Mais il est aujourd'hui hors de portée de la majorité des bourses des reporter. Ainsi, un M9 doit être complété d'un reflex. Reflex qui permet de monter en sensibilité et d'utiliser de longues focales. C'est donc un système différent qui nécessite un second jeu d'optiques. Encore des dépenses que peu choisissent d'assumer…même si ils sont encore quelques uns à le faire. Si vous lisez Libération, votre actualité est souvent "illustrée au Leica".
De là à dire que les reflex sont des outils ne produisant que des images lisses et uniformes…merci mais non merci. C'est un raccourci vulgaire qui n'est fondé que sur les facilités de partage que permet notre époque et ses technologies. Le reflex étant à la portée de tous, le nombre de personnes partageant son "oeuvre" est colossal…parmi cette masse de données, il est évident que tout le monde ne jouit pas d'un "oeil". Je peux faire de la merde (et je suis loin d'être le seul) avec mon M comme de belles choses avec mon reflex. Et inversement…ça ne dépend que de moi.

On ressent un dédain pour le Canon - Nikon - Lightroom. Il suffit de transcrire cela en "24x36 - focale fixe - Lightroom" et Leica est mis dans le même sac. Je vois presque autant de focales fixes que de zooms parmi les reporter.
Si on souhaite proposer un regard différent sur l'actualité, il ne suffit pas d'acheter un Leica mais de se bouger le cul. Il s'agit ensuite de vendre son travail……c'est ici que réside la difficulté.
Le M, de par ses particularités, est un outils qui peut faire office de rappel permanent : "n'oublie pas de réfléchir avant de déclencher. Regarde autour de toi avant de te précipiter". Certain se passent très bien de la matérialisation de ce rappel. Encore et encore, ce n'est pas l'appareil qui fait les photos mais le photographe. Et le photographe doit bouffer et payer son loyer. Il s'agit d'assurer une vente en proposant un reportage qui puisse satisfaire les attentes des "iconographes". Je vous garantis qu'au sein de la masse d'image quotidiennement mises à leur disposition, nombreuses sont excellentes et originales. Je ne pense pas -du tout- que la qualité des photos proposées baisse. Je dirais même le contraire. Et pourtant…


Nous ne sommes plus à l'époque de Cartier-Bresson. Les photographes de "news" ne vivent plus aisément et la masse de travail à fournir est plus importante. Fini le temps où l'on envoyait ses trois pellicules du jour à l'agence et où on pouvait rentrer se faire un thé en attendant le coup de fil d'un rédacteur nous annonçant le programme du lendemain. Le reporter doit aujourd'hui choisir ses sujets et se coordonner avec les autres photographes de la même agence, il doit éditer ses photos, les légender et inclure les mots-clés puis les envoyer avant le bouclage des journaux. Il prie ensuite pour que l'icono d'un journal abonné à son agence daigne regarder ses photos pour éventuellement en choisir et les payer trois mois plus tard…quand l'agence "n'oublie" pas fortuitement de les régler.

Ainsi, la seule explication à la faible présence de Leica dans le reportage d'actualité me paraître être celle, très pragmatique, du prix.
Le reporter est enchaîné à une obligation de résultat. Salon de l'agriculture compressé contre dix autres photographes ; commission d'enquête parlementaire dans une obscure salle du Sénat ; grand meeting ; bain de foule ; conférence de presse dans un étroit café ; manifestation sous la pluie ; visite officielle à l'Elysée ; séance au Parlement ; plateau radio… Il a alors le choix entre un reflex qui lui permettra de travailler dans les conditions de lumière les plus défavorables et un M9 qui peut potentiellement le brider. Et le photographe d'à côté aura, lui, fait le choix du reflex. A vous de prendre une décision… Il est facile de se dire que le choix de l'originalité finira bien par payer mais, aujourd'hui, ce n'est pas nécessairement vrai. Et c'est un pari bien trop osé au regard des maigres revenus qui sont, eux, une réalité.
L'utilisation d'un Leica nécessite alors un investissement qui peut-être lourd à supporter (quand il peut l'être…) et une concentration supplémentaire lors de la prise de vue. Peu de photographes ont alors le courage de franchir le pas.
lenicolas
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Tres joliment dit. :applaudir:
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http://www.summilux.net/expos/voir.php?auteur=19&page=2
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Tout à fait d'accord.....

Placer systématiquement Leica au dessus d'autres marques comme Canon, Nikon par exemple relève d'un snobisme primaire. De très grands photographes, comme par exemple Steeve Maccurry, ont toujours utilisé une marque "méprisable", Nikon en l'occurrence pour ce dernier. Je ne trouve pas que ses images soient plates etc....

On peut donc effectivement faire du médiocre avec Leica, à prix prohibitif, et faire de la grande photo avec du Conon, Nikon etc....
LIBERAS
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Bonsoir

Loin de moi l'idée de critiquer Canon et Nikon; nous sommes dans la quasi perfection;

Leica ne fait pas de meilleurs images, on peut admettre ce point de vue que je partage en grande partie.

En revanche la particularité des Leica, leur mise en oeuvre, le cadrage spécifique, la télémétrie, bref l'originalité des Leica conduit à faire des images très différentes.

La question serait de savoir, à l'inverse, si l'on peut faire du Leica avec un Nikon ou un Canon

Je ne pense pas car ces appareils sont conçus dans un ensemble logique sophistiqué ou un organe dépend d'un autre et agit sur un autre et il n'y aurait aucun intérêt à dégrader leurs performances; c'est un peu comme si le propriétaire de la dernière Audi voulait ressentir le plaisir qu'éprouve un conducteur de Morgan en supprimant toutes les qualités intrinsèques des Audi.

En regard d'un canon, Leica, ce n'est pas grand chose, du basic primaire servi par des optiques qui exploitent leur performance sans gêne ni contrainte.

Et c'est cela qui justement permet de faire des photos différentes, un peu comme le sténopéiste qui exploite l'absence de toute mécanique ou optique.

L'on ne peut pas faire de sténopé avec un Canon; de même on ne peut faire avec lui d'image comme avec un Leica.

Cette absence de perfection fait passer les Leicaistes pour des snobs fortunés; le grand public ne comprend pas que l'on achète plus cher un appareil offrant moins de performances;

En réalité, ils ne comprennent pas que c'est cette nudité et cette recherche d'absence d'artefact technologique qui nous permet de faire des photos que nous jugeons intéressantes.

J'ai mis quelque part sur le forum une image que j'aime bien d'un type que j'ai photographié dans une parfumerie pendant que mon épouse faisait ses emplettes. (il faut bien s'occuper dans ces pénibles circonstances)

J'aime bien cette photo que je trouve sympathique.

Je n'aurais pas pu la faire avec un Canon; seul le Leica, avec son télémètre préréglé, sa visée où l'oeil gauche peut dire zut à l'objectif, regarder ailleurs pour faire croire que l'on photographie autre chose, l'absence de bruit du rideau, la discrétion de l'ensemble, l’exploitation de la pdc en numérique, c'est cela le Leica.

J'aurais d'autant moins pu faire cette image avec un autre appareil, (à qualité constante d'agrandissement, c'est à dire en recherche d'un qualité expo) que je n'aurais pas osé; je suis un photographe pudique et timide; je n'aime pas les appareils volumineux et je n'aime pas non plus le vol d'images au téléobjectif

Ceci étant un point de vue personnelle qui n'engage que moi.
Anonyme 1
c'est une question difficile que soulève Romain, je ne reviens pas sur le tableau qu'il brosse de la profession, j'y souscris excepté la pique envers la grande agence (l'arrêt des abonnements par les services de l'Etat ne procurerait pas plus de boulot aux autres agences ou collectifs de photographes, juste un peu plus des mêmes images partout). Là où un photographe peut jouer, c'est justement dans le décalage, comparé aux reporters qui ont une obligation de résultat. Pour suivre sur divers événements le travail en live de photo reporters, je suis frappé de la chronologie de leur livraison : de premières images arrivent sur le fil qui assurent la couverture, banale en somme. Il faut quelques heures, parfois la dernière minute avant bouclage, pour voir surgir de meilleures images. C'est normal, d'avoir besoin de temps pour absorber un événement, éditer. Mais justement, si délivré de cette obligation de résultat, un photographe fournit _avant_ l'image, n'a-t-il pas sa chance ?

j'ajouterai, pour tempérer le camembert du World press qui inaugure ce fil, qu'il faut intégrer les politiques commerciales de Canon et Nikon dans la fourniture aux pros de matériel, voire de prêt de certaines optiques. Politique absente désormais chez Leica.
FerdinandP
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venturi a écrit :
j'ajouterai, pour tempérer le camembert du World press qui inaugure ce fil, qu'il faut intégrer les politiques commerciales de Canon et Nikon dans la fourniture aux pros de matériel, voire de prêt de certaines optiques. Politique absente désormais chez Leica.


Oui, il est en effet intéressant de le faire remarquer.
Je ne sais pas comment interagissent les marques et les agences mais je n'en connais pas qui propose de matériel Leica à ses reporters quand elles sont nombreuses à disposer de quelques optiques Canon ou Nikon. J'ai parfois hésité à "changer de camps" en fonction du matériel de l'agence…

citation :
l'arrêt des abonnements par les services de l'Etat ne procurerait pas plus de boulot aux autres agences ou collectifs de photographes, juste un peu plus des mêmes images partout)

La pique était volontairement un peu grosse.
Là n'est pas la principale cause de l'effondrement des revenus des photographes de "news" mais je considère que cela y participe. Les tarifs étant plus intéressants chez cette très-grande-agence-très-subventionnée, cela peut justement contribue à une certaine uniformisation des images, ces dernières étant majoritairement issues du catalogue proposé par ladite grande agence. Quand une agence peut se permettre de baisser ses tarifs -puisqu'elle peut partiellement compenser la perte grâce aux aides qu'elle reçoit- la concurrence qui n'est pas, ou très peu, aidée a parfois du mal à faire face. Cela se traduit, chez les autres agences, par de nombreux cadeaux aux clients, tentative ultime de les conserver encore un temps. Ces cadeaux sont faits aux dépens du photographe : ce dernier n'ayant, dans les faits, aucune prise sur les ventes réalisées avec ses photos.
En l'espèce, voici un exemple très simple : l'affichage. Lorsque votre photo se retrouve en Une d'un magazine, ce dernier peut faire tirer sa couverture sur des affiches, ensuite disposées sur les kiosques, des panneaux publicitaires… "Avant", le photographe qui voyait alors son travail placardé dans les rues voyait aussi arriver un chèque en échange de l'utilisation massive de sa photo. Si l'affichage existe toujours, le chèque a disparu. "Si tu m'factures l'affichage, je te garantis que c'est la dernière fois qu'on bosse ensemble. Déjà que tu me fais payer ta photo alors que je suis abonné à X, tu devrais être content que je la prenne. Et eux, en plus de ça, ils m'offrent cet affichage". Quand, en tant que photographe, tu vois ta photo étalée sur plusieurs mètres de haut tu gagnes alors le droit d'être content. Content qu'un média soit venu se fournir dans ton agence, parmi ton travail. Alors oui, c'est gratifiant. Mais votre propriétaire, à la fin du mois, n'en a rien à faire que vous soyez content.

citation :
Mais justement, si délivré de cette obligation de résultat, un photographe fournit _avant_ l'image, n'a-t-il pas sa chance ?

Certain ont besoin de temps, prendre un minimum de recul sur son travail est important pour eux, retravailler les raw, légender précisément…d'autres envoient instantanément les jpeg depuis leur boîtier (impossible sur Leica ; impossible si l'agence ne légende pas les images pour vous).
Encore une fois, il faut que les médias viennent chercher votre photo. Si votre diffusion n'est pas prioritaire, votre travail sera examiné après celui des photographes dont les journaux sont abonnés aux agences. Si le journal est satisfait par une image de la première agence à laquelle il est abonné, il ne regardera pas nécessairement le travail des autres. Il passera peut être à côté d'un travail de meilleur qualité ou plus intéressant. Peut-être pas…mais ça, il ne le saura pas.
Le travail du photographe consiste alors à proposer des images qu'il est le seul à détenir. Discuter avec les RP pour obtenir un rendez-vous en exclu ; se rendre à des évènements sur lesquels il n'y aura pas d'autres médias… Des images intéressantes qui seront transmises aux principaux médias par l'agence pour leur en faire part et leur dire : "si vous avez besoin d'illustrations sur ce sujet, on a des choses intéressantes, regardez : … " L'agence ne sollicitera pas les médias pour leur proposer des photos d'un évènement couvert par une dizaine d'autres photographes.
JulienM
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Paris
Tiberius a écrit :
Et tes reportages sont superbes !!!! :applaudir:


Merci beaucoup! :oops:

Faudrait vraiment que je mette en ligne la nouvelle version du site qui sommeille depuis plus d'un an…
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