Chabada |
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Vieux briscard Messages : 6445Depuis le 11 oct 2005 Paris / Saint Martin |
Je ne sais pas si je pourrais montrer un Jpeg de moi à mon fils dans 56ans!!!
Super photo que l'on croirait contemporaine par sa qualité. |
Bertrand S |
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Membre des Amis Messages : 3813Depuis le 20 mai 2005 Lyon |
Superbe
Mais je me demande combien de chevaux se sont nommé "Bujou" dans les campagnes françaises. Ibergekumene tsores iz gut tsu dertseylin (C'est un plaisir de raconter les ennuis passés) Proverbe yiddish placé par Primo Levi en tête de Si c'est un Homme |
Dernière édition par Bertrand S le dimanche 4 décembre 2005 - 23:33, édité 1 fois. | |
PAT |
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Spécialiste Messages : 2342Depuis le 11 nov 2004 SANARY 83 |
jeb a écrit : Oui, elle est vraiment très harmonieuse cette photo, et j'imagine que sur le tirage il y a plus de matière dans le ciel. Merci!Ma foi je n'en sais rien, il s'agit d'une photo en 6X9 tirée par contact direct , donc je n'ai pas le négatif. Le ciel est quasiment aussi pâle que sur le résultat scanné . Ce devait être un bon 6X9 car la photo est assez piquée..... Merci pour l'intérêt porté à cette vieille photo... @Bertrand S .....oui, des BIJOU , doit y en avoir pas mal ,et aussi les cris et onomatopées , des fermiers ....pour les faire avancer ou arrêter....sont un bon souvenir Amicalement |
Filament |
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Membre des Amis Messages : 14996Depuis le 2 nov 2003 Montpellier |
Belle photo Pat, une autre époque bien différente de la nôtre avec ses machines. |
Laurent A |
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Spécialiste Messages : 1751Depuis le 19 mars 2004 Val d'Oise |
Dans certains vignobles, on s'est remis à labourer avec le cheval, pour éviter de trop tasser la terre avec les tracteurs ou parce que certaines parcelles ne sont pas assez accessibles. Parfois ceux sont les mêmes qui travaillent avec les méthodes de "sorciers" de la biodynamie. |
Invité |
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Oui - très émouvante cette photo, Pat... Un autre temps, celui d'avant la machine. Me fait penser à cette édifiante description de Steinbeck, dans Les Raisins de la colère, sur la motorisation des labours - puis l'épopée tragique des métayers ; la terre en déshérence...
"Les tracteurs arrivaient sur les routes, pénétraient dans les champs, grands reptiles qui se mouvaient comme des insectes, avec la force incroyable des insectes. Ils rampaient sur le sol, traçaient la piste sur laquelle ils roulaient et qu'ils reprenaient. Tracteurs Diesel, qui crachotaient au repos, s'ébranlaient dans un bruit de tonnerre qui peu à peu se transformait en un lourd bourdonnement. Monstres camus qui soulevaient la terre, y enfonçant le groin, qui descendaient les champs, les coupaient en tout sens, repassaient à travers les clôtures, à travers les cours, pénétraient en droite ligne dans les ravines. Ils ne roulaient pas sur le sol, mais sur leur chemin à eux. Ils ignoraient les côtes et les ravins, les cours d'eau, les haies, les maisons. L'homme assis sur son siège de fer n'avait pas l'apparence humaine ; gants, lunettes, masque en caoutchouc sur le nez et la bouche, il faisait partie du monstre, un robot sur son siège. Le tonnerre des cylindres faisait trembler la campagne, ne faisait plus qu'un avec l'air et la terre, si bien que terre et air frémissaient des mêmes vibrations. Le conducteur était incapable de le maîtriser... il fonçait droit dans la campagne, coupait à travers une douzaine de fermes puis rebroussait chemin. Un coup de volant aurait pu faire dévier la chenille, mais les mains du conducteur ne pouvaient pas tourner parce que le monstre qui avait construit le tracteur, le monstre qui avait lâché le tracteur en liberté avait trouvé le moyen de pénétrer dans les mains du conducteur, dans son cerveau, dans ses muscles, lui avait bouché les yeux avec des lunettes, l'avait muselé.... avait paralysé son esprit, avait muselé sa langue, avait paralysé ses perceptions, avait muselé ses protestations. Il ne pouvait pas voir la terre telle qu'elle était, il ne pouvait pas sentir ce que sentait la terre ; ses pieds ne pouvaient pas fouler les mottes ni sentir la chaleur, la puissance de la terre. Il était assis sur un siège de fer, les pieds sur des pédales de fer. Il ne pouvait pas célébrer, abattre, maudire ou encourager l'étendue de son pouvoir, et à cause de cela, il ne pouvait pas se célébrer, se fustiger, se maudire ni s'encourager lui-même. Il ne se connaissait pas, ne possédait pas, n'implorait pas la terre. Il n'avait pas foi en elle. (...) Il n'aimait pas plus la terre que la banque n'aimait la terre. Il pouvait admirer le tracteur... ses surfaces polies, la puissance de son élan, le grondement de ses cylindres détonants ; mais ce n'était pas son tracteur. Derrière le tracteur tournaient les disques luisants qui coupaient la terre avec des lames - de la chirurgie, non du labour - qui repoussaient la terre coupée à droite où la seconde rangée de disques la coupait et la rejetait à gauche ; lames tranchantes qui brillaient polies par la terre coupée. Et, tirées derrière les disques, les herses qui ratissaient avec leurs dents de fer, si bien que les plus petites mottes s'émiettaient et que la terre s'aplanissait. Derrière les herses, les longs semoirs... douze verges en fer incurvées, érigées à la fonderie, aux orgasmes déclenchés par des leviers, au viol méthodique, au viol sans passion. Le conducteur était assis sur son siège de fer et il était fier des lignes droites qu'il avait tracées sans que sa volonté fût intervenue, fier du tracteur qu'il ne possédait ni n'aimait, fier de cette puissance qu'il ne pouvait pas contrôler. Et quand cette récolte poussait et était moissonnée, nul homme n'avait écrasé entre ses paumes les mottes chaudes et n'en avait laissé couler la terre entre ses doigts. Personne n'avait touché la graine, ni imploré ardemment sa croissance. Les hommes mangeaient ce qu'ils n'avaient pas produit, rien ne les liait à leur pain. La terre accouchait avec les fers et mourait peu à peu sous le fer ; car elle n'était ni aimée, ni haïe, elle n'était l'objet ni de prières ni de malédictions" (J. Steinbeck, The Grapes of wrath, 1939). |
Enrok |
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Spécialiste Messages : 1167Depuis le 27 juil 2005 Lille |
Non, non, Nathalie, ce n'est pas du Steinbeck, on n'est pas aux US, c'est la vallée de la course qui comme la vallée de l'Authie, sont des endroits charmants d'une douceur de vie remarquable, mignons, charmants(même dans le Nord), le Nord ne doit pas évoquer Zola seulement......(ou Steinbeck...)
Pat t'es ou sur la photo? |
Chabada |
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Vieux briscard Messages : 6445Depuis le 11 oct 2005 Paris / Saint Martin |
Nathalie SVP, Est-ce tapé à la main ou bien un simple copier /coller pour cet extrait des raisins of wrath ? |
Invité |
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Tapé à la main, mon enfant - pour la communauté summiluxienne... (page 53 de l'édition folio chez Gallimard ; avec illustration de Dorothea Lange, une Migrant Mother de la série...)
Enrok : ce que décrit Steinbeck s'est également passé en France. Tu en parleras à mon père... 8) |
villegas juan carlos |
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Spécialiste Messages : 2626Depuis le 26 mai 2003 buenos aires argentine |
Pat, merci.
Et bravo à celui qui a fait la photo! La photographie est la discipline de l'évidence en un millième de seconde de délire. Bernard Plossu
http://barnackla404.blogspot.com/ |
jeb |
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Spécialiste Messages : 1264Depuis le 10 nov 2004 Suisse |
Tapé à la main, je m'en doutais: et c'est l'occasion de te remercier de façon générale pour toutes les citations que tu nous livres!
Celle-ci, outre sa taille, est grandiose. |
Jean |
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Spécialiste Messages : 2022Depuis le 17 août 2003 Bordeaux |
Merci Nathalie d'avoir pris le temps nécessaire pour nous adresser et nous rappeler cette page remarquable.
J'avais découvert ce livre en 1957. On ne peut l'oublier. Il y a bien d'autres pages aussi belles! Pat tu nous diras quel est le modèle de Leica qui utilise de la 120! Tu te dois d'améliorer les connaissances des "Summiluxiens"! Jean |
Enrok |
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Spécialiste Messages : 1167Depuis le 27 juil 2005 Lille |
Nathalie
citation : Enrok : ce que décrit Steinbeck s'est également passé en France. Tu en parleras à mon père... ce dont je m'étonne, c'est que cette image t'évoque le livre de Steinbeck qui comme tu le rapelles est illustré par Dorothéa Lange. IL me semble que l'image de Pat est souriante, gaie.... |
PAT |
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Spécialiste Messages : 2342Depuis le 11 nov 2004 SANARY 83 |
Je suis agréablement surpris que cette photo suscite autant de sympathiques appréciations
C'est vrai que, comme le souligne ENROK, La Vallée de La Course est très riante et charmante......(Le Pas de Calais mérite qu'on s'y promène et révèle bien des surprises...) C'était le berceau de ma famille ( coté grand mère maternelle) Je pense être le 5e en partant de la gauche sur la photo( je ne suis sûr car même mes soeurs ainées se rappellent du fermier et du cheval, mais pas du reste , j'ai hérité cette photo d'une vieille tante décédée en 88....cela ne nous rajeunit pas ) @Jean......du 620 LEICA? La tu me fais marcher Je me suis permis de joindre une photo à l'origine non identifiée, vu qu'il y avait eu dans le lot du Fil quelques braves chevaux non "tenus en Leitz....." @Nathalie.....incroyable Quel courage pour notre plaisir de taper à la main un texte aussi long...et intéressant.... Il est vrai que dans ce village de la Vallée de La Course ( Estrées pour ne pas le nommer) la cheval BIJOU cohabitait avec un tracteur et j'ai le souvenir dudit tracteur à l'arriére duquel une poulie entraîneuse était relié par une courroie à la moissonneuse batteuse , et dans la cour de la Ferme volaient des épis de blé et les tiges blondes ..... Ah quel dommage qu'à l'époque on ne tirait qu'une photo tous les 6 mois , que de souvenirs aurait on .... PAT |
Chabada |
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Vieux briscard Messages : 6445Depuis le 11 oct 2005 Paris / Saint Martin |
J'adore ces bestioles, plus particulièrement cette photo avec le cou en extension et cette traverse de chemin de fer.
les mouches sont réelles |
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