Nouveau boîtier M

Invité
Et si face de bouque permet à ceux qui ont en envie de faire un apéro à 1000 personnes dans la rue plutôt que 6 dans le salon, c'est quoi le problème ?
Le problème est très simple et il est facilement vérifiable dans des tablées d’invités, on peut parler à une personne, deux personnes, trois personnes très difficilement, au delà de plus petits groupes se créent naturellement pour communiquer. Mais comme le propos d’un apéro géant, c’est peut-être de boire et éventuellement de communier (là oui, on peut communier en foule) dans l’alcool… je ne sais pas, je ne bois pas… le problème c’est qu’on a créé des pseudos instruments de communication qui de fait isolent plus qu’autre chose et qu’ensuite, on utilise ces mêmes instruments pour réunir les gens, en clair on envoie un email à son voisin de palier…

Et si plusieurs milliards de personnes veulent regarder un match de foot, et que la technologie actuelle (la TV suffit) leur permet, c'est quoi le problème
Il y a des problèmes dans le football non ? enfin j’ai entendu dire, probablement parce qu’il intéresse massivement, le ping-pong, le curling sont moins concernés…

Le panurgisme est le terreau du nazisme.
Effectivement, là moi non plus je ne suis pas, je ne vois pas trop le rapport avec la choucroute, et je sentais poindre la référence à la loi de Godwind, je voulais entraîner la conversation sur une réflexion du type Pourquoi un dispositif aussi démocratique que la photo, facile d’accès, peu cher, etc… a conduit de fait à des pratiques aussi stéréotypées et aujourd’hui une photographie qui ne fait que démontrer la puissance d’une pensée de calcul, les appareils étant équipés de véritables ordinateurs, basée sur une esthétique mâchée et remâchée par la technique, c’est tout. C’est une réflexion qui n’a rien d’abstrait, elle fait partie de mon cheminement de praticien, cheminement qui m’a conduit après avoir fait un tout petit peu de sténopé et à avoir eu des velléités de m’intéresser aux procédés anciens à ne plus faire de photos pendant six ans car je me sentais aliéné à quelque chose et que j’avais l’impression que je faisais où on me disait de faire, je veux dire que je faisais les photos que me permettaient mon appareil.

Oulalala ... C'est un élément indispensable, mais de là à dire que c'est le terreau
Dans ce cas, il est aussi le terreau du communisme, des religions, des partis politiques, etc ...
Les religions maintenant, c’est de plus en plus chaotique ce fil, ça me plait, j’espère qu’on va parler de cuisine à un moment car j’aime la cuisine, les religions, quelles religions ? il y a eu des dizaines de milliers de religions dans le monde, pourquoi parle t-on toujours des mêmes, moi quand on me parle de religion, je pense à celle des Sames ou des Inuits, rien ne m’oblige à penser aux quelques religions ouvertement de pouvoir (principalement les Christianismes et l’Islam qui en plus en leur sein ont eu leur hétérodoxies, leurs déviances, leur mystique, etc), la vulgate antireligieuse du moment émanant de gens qui se sentent libres (tant mieux pour eux) est relayée par un marché dévorant que ça dérange de ne pas pouvoir vendre une paire de Nike à un jeune Amish ou un jeune Juif ultra-orthodoxe de Brooklyn, that’s all, ce n’est pas une critique de fond. Une critique de fond devrait être livrée sur la religiosité, le sentiment religieux (pas nécessairement formaté par une religion encore) et il est universel.
A cela j’ajouterai que je ne comptais tout de même pas me livrer à une critique du capitalisme, non que ce ne soit pas la place sur ce forum (ça à la rigueur je peux m’en fiche) mais c’est simplement que je n’ai aucune culture de philosophie politique, ça ne m’intéresse pas, le politique m’intéresse peut-être mais pas la politique, en outre, j’ai une intuition, je pense que c’est le capitalisme qui nous débarrassera du capitalisme, on lit déjà des signes d’ennui devant la surproduction, de tout, et dans le domaine qui nous intéresse des images, il faut être aveugle pour ne pas voir que l’image est en crise par l’excès d’images, le rapport à l’image est devenu aujourd’hui inéluctablement un rapport d’indifférence et de consommation passive, je l’ai déjà dit nous vivons dans un monde d’images et la culture de l’image est de plus en plus nulle, je crois même qu’on entretient cette nullité.

Je pense que des réflexions ça et là sur ce forum sur le passionnant sujet des déterminations techniques et industrielles des photographies, du formatage des images ne sont pas déplacées. Maintenant, je ne suis pas paranoïaque, je ne vais pas vous dire qu’il y a un vilain monsieur Nikon, capitaliste, qui nous oblige à faire les images qu’il décide, je crois que les gens l’acceptent, Baudelaire le disait déjà dans ces textes très anti photo que la masse se précipitait pour contempler son horrible face (je cite de mémoire, il parlait de l’engouement qui était devenu populaire de venir se faire tirer le portrait à l’époque du daguerréotype, ça n’est pas très récent). Baudelaire était un élitiste. Je pense que nous sommes sensibles à ces questions et que nous avons choisi Leica pour ça, en tous les cas, c’est en grande partie mon cas, Leica est certes une entreprise capitaliste mais c’est un capitalisme à l’ancienne, avec une base éthique forte, moi ce que je retiens de Leica c’est qu’en 2009 monsieur Leica a sorti un appareil, bon je ne l’ai pas, mais ce que je sais de cet appareil, c’est qu’on peut y monter quasiment tous les objectifs de la gamme M, de l’asphérique récent au vieux Summarit et même des objectifs plus anciens à vis, c’est une certaine forme de lutte contre l’uniformisation des images, je pense que vous serez d’accord sur ce point et qu’en outre, vous me direz si je me trompe mais si votre grand-père vous a légué son vieux M3 ou son vissant, ça va vous coûter certes cher, mais vous pourrez l’envoyer à Solms pour une révision complète. C’est à ma connaissance sans précédent dans l’histoire de l’industrie, ça mérite d’être noté.

En plus pour une critique du capitalisme, je suis aussi super mal placé par le fait qu’à chaque fois que j’ai discuté avec des communistes, je les ai tout de suite prévenus en leur disant Je n’ai pas d’idées politiques et que assez rapidement voyant que je n’étais pas communiste, ils m’ont appris que j’étais en fait de droite (mais ça ça les concerne eux surtout je crois, quand vous n’êtes pas chez eux, vous êtes contre eux, vieil adage christique je crois).
invite9

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MonsieurHarold
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citation :
Ils m’ont appris que j’étais en fait de droite (mais ça ça les concerne eux surtout je crois, quand vous n’êtes pas chez eux, vous êtes contre eux, vieil adage christique je crois.


Allez expliquez à des croyants et/ou des athées que vous êtes entre les deux !

Et l'invité, je sais que ce n'est pas toi qui parlais de Nazisme.
C'est sorti au milieu du fil. Je trouve juste qu'il faut prendre soin de ce genre de comparaison... C'est ce que j'ai voulu le souligner.
Invité

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Kolett
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CLERMONT FERRAND
MonsieurHarold a écrit :
citation :
Ils m’ont appris que j’étais en fait de droite (mais ça ça les concerne eux surtout je crois, quand vous n’êtes pas chez eux, vous êtes contre eux, vieil adage christique je crois.


Allez expliquez à des croyants et/ou des athées que vous êtes entre les deux !

Et l'invité, je sais que ce n'est pas toi qui parlais de Nazisme.
C'est sorti au milieu du fil. Je trouve juste qu'il faut prendre soin de ce genre de comparaison... C'est ce que j'ai voulu le souligner.


+1
aileka
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Décidément, je suis plutôt d'accord avec ce que tu dis, et c'est bien dit :wink:
Comme tu le soulignes, le Leica est élitiste aujourd'hui, mais c'était au départ un instrument bien fait, tout simplement. On achetait un Leica parce que c'était solide et que les images produites étaient techniquement bonnes. C'est pourquoi un de ces vieux machins de 1935 est encore capable de faire des images. Tant que les films existent encore.

Quant à la culture de l'image, je ne peux malheureusement que hocher la tête en aprouvant. Mais n'oublions pas qu'il en est de même pour la musique, qu'on entend sans écouter, sur des petits appareils qui produisent un son épouvantable. A tel point que cette "industrie" de la musique est extrêmement mal en point, comme certains domaines professionnels de la photographie (je parle du reportage essentiellement).

Un forum destiné à l'image, mais qui de temps en temps, reçois de l'écrit. C'est plutôt une bonne chose :lol:
Invité
oui, un grand merci pour la dédicace

je voulais vous dire au sujet de la discrétion des appareils qu'un M8 chromé est à peu près aussi discret qu'un bridge Nikon (ou qu'un Hasselblad), ça dépend un peu de l'endroit où vous allez vous perdre
aujourd'hui j'ai fait une marche de plusieurs heures dans la plus grande zone industrielle de Malmö et à peu près tous les camionneurs qui sont passés m'ont regardé avec une regard qui semblait dire Mais qu'est-ce qu'il photographie là ce zozo (en suédois...)
je posterai quelques images à mon retour en France, j'ai introduit un peu d'éléments humains dans mes images (mais très peu) (on me reproche toujours de faire des photos comme si l'homme avait été exterminé... et c'est probablement ce que je veux dire, réfléchissons à ça, et si ce qu’il y a d’humain en l’homme avait disparu à peu près complètement, et si la photographie n’avait pas contribué à cet état de fait, et si à force de reproduire, on tuait… ça me fait penser à ces gens qui refusaient de se laisser prendre en photo de peur qu’on vole leur âme, Balzac était comme ça je crois). On a appelé cela le désenchantement du monde, même si des photographes au cours de l’histoire ont essayé (peut-être en vain) de réenchanter le monde avec ce procédé au fond magique qu’est la photo comme le réseau Face book est en train d’essayer de recréer une communauté (on parle plus de réseau mais enfin) sur des débris de solitude

vous savez ce qui se passe en ce moment, je suis avec mon M8 en train de finir de comprendre (j’avais commencé) ce qu’est la photo argentique, j’ai un projet en tête, je vais y retourner à l’argentique, en plein, ça me manque, ça fait dix ans que je ne suis pas pénétré dans une chambre noire alors que c’était ma passion presque mon obsession, je vais y retourner, en plein, avec les spécificités de l’argentique qui sont en train de me péter au visage, les odeurs acides, la poussière, les taches de fixateur, la matérialité du papier, ses bords coupés ou déchirés, j’attends avec impatience de trouver un lieu et d’acheter à bas prix à un gogo à qui on a fait croire qu’il fallait maintenant bouffer du pixel et que l’argentique c’était fini, j’ai envie de retrouver ces moments d’ivresse quand on sort d’un labo après dix heures de tirage, c’est un peu comme sortir dans la rue après une séance de ciné bouleversante

l’argentique, ça commence à peine

au sujet de la musique qu'on n'écoute pas, certains compositeurs ont travaillé dans ce sens (avec réussite), Satie bien sûr qui prétendait faire de la musique d'ameublement (je crois que c'est l'expression qu'il utilisait), une musique qu'on entend, qu'on n'écoute pas et, plus récemment Brian Eno (avec ses fameuses musics for airports, des bandes musicales ambiant destinés aux gens qui sont flippés de prendre l'avion, ah ah), le rapport musique photo est pertinent je trouve, mais il y a eu je crois deux stratégies au vingtième siècle, dans la musique, une musique créée pour être écoutée attentivement (la difficile musique de Schönberg ou même, un que j'adore, Shostakovitch qui réclame quand même une écoute active et attentive, mais c'est superbe), quant aux arts plastiques, la stratégie a été contraire non? on a créé des images qu'on ne regarde plus mais qu'on voit (beaucoup de peintres ont fait ça, Warhol bien sûr, Duchamp -qui regarde un chiotte? ainsi que beaucoup de peintres abstraits américains)

en photo, je ne sais pas trop, moi pour l'instant ce que je fais se situe dans une démarche de surenchère, on est dans la surproduction, eh bien produisons plus encore, mes inlassables marches et mes milliers d'images encore plus chiantes que le monde
mais c'est vrai que la stratégie de la rareté existe aussi, les livres d'artistes en tirage limité, que j'aime beaucoup parfois, les sténopistes aussi voire la tendance depuis quelques années à utiliser les procédés anciens dont l'unique daguerréotype
je trouve ça intéressant

avoir une culture de l'image c'est entretenir une distance avec elle, et je crois que ca ne plait pas (au pouvoir, je vais être un peu parano), l'image doit fasciner, capter, on doit la gober avec ce qu'elle décrit, on a bien compris que le monde n'existe plus que dans le privé aujourd'hui (et encore, quand on voit que le privé s’étale sur les plateaux télé), dans le public c'est un façonnage mass-médiatique

le plus beau livre que j'ai lu sur la culture de l'image, c'est L'œil du Quattrocento de l'historien anglais Michael Baxandall, où on apprend qu'à l'époque, les peintures se lisaient, comme un livre, on les décryptait selon des savoirs théologiques certes, l'Histoire Sainte mais aussi de tout autres compétences liées aux conditions sociales et économiques de l'époque, je recommande ce livre

quant à une immense plume qui s'est exprimée sur la véritable crise de société qu'a causé l'invention de la photographie, l'immense, l'incontournable Walter Benjamin

ça ne me gêne pas de vous le dire mais je vais opter pour un sticker Hello Kitty à l'arrière de mon M8, on verra si le regard du camionneur suédois change

à part ça, restons un peu concret, je cherche un Carl Zeiss Sonnar 50mm 1.5, mon Elmar 2.8 cabossé des lentilles ne se prête pas à l'aridité de la zone industrielle suédoise, il me la davidhamiltonise (joli verbe non ?)
Coignet
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citation :
on a créé des images qu'on ne regarde plus mais qu'on voit (beaucoup de peintres ont fait ça, Warhol bien sûr, Duchamp -qui regarde un chiotte? ainsi que beaucoup de peintres abstraits américains)

Je crois comprendre que tu fais allusion à la Fontaine signée R. Mutt. 1917.
Il me semble qu'il y a là un contresens, car il ne s'agit pas d'une image, et encore moins de décoration, mais d'une plaisanterie.
Krokkor
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OSEF, ce MHello Kitty n'existe pas, c'est un mauvais montage photo épicétou :arrow:
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citation :
oui, un grand merci pour la dédicace


le plus beau livre que j'ai lu sur la culture de l'image, c'est L'œil du Quattrocento de l'historien anglais Michael Baxandall, où on apprend qu'à l'époque, les peintures se lisaient, comme un livre, on les décryptait selon des savoirs théologiques certes, l'Histoire Sainte mais aussi de tout autres compétences liées aux conditions sociales et économiques de l'époque, je recommande ce livre


Je ne pense pas me tromper beaucoup en affirmant que les peintures sont toujours étudiées (plus ou moins bien) et toujours en fonction des critères que tu avances, savoirs théologiques, mystiques, conditions socio-économiques ou scientifiques.

Et à vrai dire il s'agit pour moi d'un vrai problème, le beau est décomposé. Les caractéristiques font l'objet, les spécificités et le mot font la chose. "Le royaume de la quantité" (R. Guénon) en parle un peu si ça vous intéresse.

Ne pas oublier que la "crise sociétale", que nous mettons en évidence (facebook, "individualisme", perte du beau, etc) ne reflète que l'état de notre propre fonctionnement à nous. La société c'est nous ! Vous voulez du changement ? changez !

Je pense que même sans appareil un "touriste" se voit bien dans une zone industrielle portuaire. Et effectivement il peut être judicieux de l'assumer, en exagérant à outrance (sticker, casquette, maillot de foot, etc) ou en l'admettant ("Bonjour Mr, ça va ? je peux vous prendre en photo ?")...
Invité
il n'y a personne dans une zone portuaire à part des camions qui passent à grande vitesse, les hommes travaillent loin dans des aires protégées par des grillage et parfois même des barbelés
il n'y a de toutes les manières pas grand-monde en Suède, à part parfois un passant seul et pressé (Cartier-Bresson se serait régalé en Suède mais je crois qu'il y a été il me semble bien... enfin c'était une autre époque), il n'y pas en Suède d'espace public de socialisation (comme le petit bistro français qui tend d'ailleurs à disparaitre), les Suédois travaillent et le reste du temps ils vivent chez eux
les Suédois marchent droit, au boulot comme dans la rue, ils ne te regardent pas (ou font mine de ne pas le faire car ça ne se fait pas ici)
les gens sont très seuls, beaucoup de Suédois et Suédoises que je connais veulent quitter la Suède, je les écoute parler et je suis surpris, j'ai l'impression qu'ils découvrent ce pays alors qu'ils y sont nés
la France ressemblera un jour à la Suède, c'est inéluctable, c'est un problème d'organisation du sytème, le système suédois est parfait, il n'est pas rationnellement possible de s'y opposer, il n'y pas d'Autres en Suède, tout le monde est dans le moule, du moins des Autres sont très très rares et très déviants
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Brrrrr...
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citation :
(...), il n'y pas d'Autres en Suède, tout le monde est dans le moule, du moins des Autres sont très très rares et très déviants

Aie, gros moment de déprime.
Il y a aussi d'autres Suède, des villes plus intéressantes que Malmö.
J'adore Stockholm en été, mais hélas jamais le tempsde rester.
Courage !
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Vieux briscard
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J'ai une copine qui vit a Malmö... ses sorties entre copines me font dire que tu exageres un poil... :wink:

Quant a generaliser l'experience ressentie dans une zone industrielle a tout un pays, c'est un peu limitatif non?

Si un touriste allait visiter le port de commerce de Brest (desole les fans de Brest, j'y ai vecu trois ans... je ne suis pas ebahi par cette ville), et s'imaginait voir la la representation de la France... il serait quand meme bien dans le faux.

Idem dans l'autre sens d'ailleurs. Quelqu'un qui visite New York ou Chicago en pensant que c'est la tous les Etats-Unis serait dans le faux egalement car il louperait les petites villes ou le centre ville est en train de croupir et tout le monde doit faire trois boulots pour arriver a boucler les fins de mois...

Certes, il faut s'impliquer dans ce que l'on fait, et cela peut passer par l'expression de ses sentiments vis a vis d'un endroit. Mais il faut aussi savoir prendre du recul par rapport a son propre ressenti.
Invité
Réponses en vrac : j’ai vécu deux ans à Stockholm, j’ai beaucoup écrit sur cette ville. Je l’ai appelée Frigid-city. Comme le centre de Paris, le centre de Stockholm est une vieille pute remaquillée pour touristes.

Quand je vais photographier des zones industrielles à Malmö, je traverse de larges parties de la ville, et je ne vois pas beaucoup plus de vie dans la ville que dans les zones industrielles.

Mon point de vue sur la Suède est certes personnel mais il a au fil des années été confronté à des points de vue de Suédois eux-mêmes (pas simplement ce que dit ma femme qui est assez critique) ainsi que d’étrangers installés en Suède. De toutes les manières j’assume la subjectivité de mes points de vue. Pour une intéressante vision de la Suède vue par un Suédois, un très bon film –très étrange- Chanson du deuxième étage de Roy Andersson- et sur un pays limitrophe (la Finlande) : les admirables films de ce petit génie du cinéma qu’est Aki Kaurismäki.

Il y a en Suède, une solitude à couper au couteau, je ne crois pas que ce soit un problème de tempérament national (il y a de ça certes) mais un problème d’éducation et de vision du monde qui fait qu’on a décidé de nier l’espace social (une Suédoise d’un certain âge m’a dit ça il y a quelques jours), la société étant une source potentiel de conflit et le conflit étant la hantise des Suédois, on a réalisé la société réalisée qui ressemble à s’y méprendre à l’absence de société, tout est devenu privé, en Suède on est seul, face à soi même, aussi on ne partage plus et on ne sait plus trop ce que l’on voit et ce que l’on pense. Je n’ai pas parlé de déprime, j’ai en général un rapport assez ironique à la réalité et je peux bien me marrer par contraste.

Les sorties entre copines à Malmö… j’aimerais en savoir plus, ma femme est de Stockholm, elle vit à Malmö depuis cinq ans, au début elle a été enchantée, elle m’a dit Les gens sont plus sympas (je lui ai répondue : ce n’est pas difficile ah ah) et puis au fil du temps, on a vu les gens disparaitre, toutes les relations sociales lui claquer dans les pattes jusqu’à qu’elle se retrouve isolée. Pourtant ma femme est jolie, jeune, sympa, intelligente, d’humeur égale, équilibrée, etc… je persiste à croire qu’il y a un problème dans ce pays et je serais curieux d’y revenir dans vingt ans… quant à sortir à Malmö, vous demanderez à votre amie des adresses…

Le port de commerce de Bret, image de la France, je ne connais pas mais pourquoi pas ? je suis sûr que le port de commerce de Brest est plus VRAI que la Promenade des Anglais sur laquelle viennent s’entasser des abrutis par charters entiers, je préfère les biscuits secs aux gros gâteaux avec de la crème chantilly, je suis sûr que j’aimerais (et photographierais) le port de Brest, je connais mal la Bretagne, mais pour la Normandie par exemple, je préfère mille fois Le Havre à Honfleur, si vous voyez ce que je veux dire. Et il faut aller où pour voir la France ?

Selon moi la Suède a besoin de spiritualité, de couleurs, de chaleur humaine, d’expression de soi, de danses, de chants, de passion, de poésie, d’art mais elle ne connait qu’une religion, celle du travail (qui a déboulé en France avec les Je crois en la valeur travail et les Travailler plus pour gagner plus) aussi j’ai vu des choses incroyables en Suède –mais aussi en Islande, en Norvège, dans une moindre mesure au Danemark- des jeunes gens qui l’été tondent des pelouses qui n’ont pas besoin d’être tondues, des employés municipaux nettoyer des rues propres et plus récemment un type changer une dalle de béton qui n’avait pas besoin d’être changée…

Pour voir la France dans vingt ans, il faut aller à Malmö…

J’ai bu un café hier dans un conditori non loin de la maison, tenu par une blonde antipathique, qui n’a pas trop apprécié que je parle suédois car elle m’a pris pour un émigrant et pas un touriste (je n’ai pas eu à parler assez longtemps pour qu’elle reconnaisse mon accent français), ici on se sert soi-même, la pâtisserie est industrielle, l’endroit était sinistre, je me suis marré par contraste, j’avais l’impression d’être dans un frigo, des expériences comme celle-là, j’en ai eu des dizaines et des dizaines depuis que je fréquente ces pays (là encore : les films de Kaurismäki qui sont tordants). C’est un pays sans ailleurs à part de grandes pubs en ce moment (que j’ai photographiées) pour des séjours (coquins peut-être un couple qui s’embrasse langoureusement sur une plage ensoleillée) en Thaïlande.
S’il n’était l’alcool le vendredi et le samedi, ce pays ne tiendrait pas longtemps. A Nice dans la vieille ville quand vous croisez des grappes de filles très dénudées avec des bières ou des bouteilles de vin à la main, soules, vous pouvez être sûres qu’elles sont suédoises, elles viennent se payer du bon temps, de l’alcool moins cher qu’ici, des parties de jambes en l’air. Ici elles marchent droit et à l’étranger elles se lâchent, pathétique. Je fréquente ce pays par intermittence depuis dix ans, tous les gens qui m’ont parlé dans la rue de leur plein gré toutes ces années étaient soules. Le reste du temps, sobres, ils sont pressés et regardent leurs chaussures.
Trois étrangers m’ont dit la même phrase ces dix dernières années (un Syrien, un gars de Trinidad et un Polonais) : si je n’étais pas marié, je ne resterai pas deux minutes dans ce pays.

Moi je viens pour ma femme et pour les zones industrielles (car là ils ont beaucoup de talents, elles sont très belles), l’avenir de l’Europe m’intéresse et la Suède est le pays européen le plus avancé (nous nous préparons de belles heures ah ah), j’aime l’esthétique fonctionnaliste suédoise, les immeubles rangés comme des boites à chaussures, les lotissements avec toujours la même maison, ça me vient de mon goût pour la sculpture minimaliste des années 60, et les ambiances décalées (un supermarché Lidl dans la banlieue de Malmö un jour d’octobre ah ah, ça vaut le détour) (je dis que je suis un touriste alternatif)

Pour finir, on mange très très mal, si vous venez en Suède, prenez votre appareil photo si vous voulez mais surtout n’oubliez pas dans vos bagages de l’ercéfuryl et du smecta.

Ma femme a trouvé une solution élégante pour hellokittiser mon M8, je poste une photo bientôt.
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