Comment oser prendre les gens

Piair
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Je suis assez d'accord avec toi, au début comme tout le monde j'étais timide et shootais rapidement en essayant de ne pas me faire voir mais avec le temps je me suis dit qu'il n'y avais pas de quoi se cacher.
Je préfère prendre le temps (ou non d'ailleurs cela dépends) de faire ma photo et assumer pleinement mon action.
Si le sujet m'a vu alors j'improvise, en général je le laisse parler en premier, la discussion commence et parfois s'avère très enrichissante.
M4 | Summicron 35 f2
lacerise
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Matthieu Laclau a écrit :
Bonsoir,

Pour ma part, je commence à ne plus avoir trop de problème de timidité à m'approcher des gens pour les photographier.

Je pense que ce n'est pas forcément le mieux de vouloir se cacher, de "voler" la photo. Être très rapide afin que le sujet ne remarque que vous le prenez en photo qu'une fois déclenché n'est pas non plus ce que je préfère.
En général, je pense qu'il n'y a rien de mal à prendre quelqu'un en photo dans la rue, que ce n'est pas nécessairement un acte de prédation et donc, je préfère prendre le temps qu'il faut pour déclencher. Je n'adresse pas la parole, ne demande pas d'autorisation : je sors juste mon appareil quand je pense être au bon endroit et attend le bon moment pour prendre la photo. Je peux attendre une minute à bout portant, mais rarement plus. Souvent, on me remarque, et le sujet va regarder la caméra, mais je continue de le viser : il y a bien un moment (souvent quelques secondes après) où le sujet détourne son regard et essaie de penser à autre chose (son expression n'est pas forcément moins naturelle que si elle ignorait ma présence).
De temps à autre, mais c'est assez rare, le sujet refuse la photo, et je renonce bien sur dans ces cas là.
Quelque soit la situation, si le sujet a remarqué ma présence, je le remercie tout le temps à la fin, en m'inclinant en signe de respect, avec un sourire.

Je pense que c'est une bonne méthode, il s'agit d'assumer le fait de prendre une photo et de ne pas essayer de se cacher, de ne pas sentir coupable de prendre l'image de quelqu'un. À partir du moment où je n'ai pas de sentiment de culpabilité de prendre quelqu'un en photo et que je fais preuve de respect (après la photo en remerciant), cela se passe presque tout le temps bien. Je n'ai pour le moment jamais eu de problème et je prends pourtant souvent des photos à un mètre de distance, voire moins.
En essayant de déclencher le plus vite possible et de faire comme si on ne prenait de photo, le sujet se sent nécessairement comme une victime : ce n'est pas le cas si le geste est assumé et respectueux.

Je ne sais pas si ma réflexion est très claire. Qu'en pensez-vous ?

Matthieu Laclau.


Merci Matthieu, vos photos sont de superbes résultats issus de cette approche décomplexée... mais respectueuse.
Je profite de ce post pour vous poser une question sur les services rendus entre pratique du cinéma et pratique photographique.
Il me semble que des compétences en photographie sont utiles en cinéma (cadrages, composition etc...) mais la pratique du cinéma aide-t-elle à photographier ?
Je pense par exemple à la pratique du reportage, où plus largement à tout ce que la photo peut apporter de narration.
Merci Très content :D
Matthieu Laclau
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Merci lacerise pour tes compliments.
Pour ce qui me concerne, la photographie m'aide beaucoup dans ma pratique du cinéma, dans le rapport à la lumière comme au cadre.
Est-ce que la pratique du cinéma apporte pour la photographie ? Sans doute.
Pour moi, il est difficile de dissocier les deux approchess, cela fait parti d'un même processus.
Tournant pas mal de documentaires, la question du rapport au sujet, de la bonne distance est un peu la même en photo qu'en cinéma.
Par contre, je pense que le cadrage cinéma n'obéit pas à la même logique que le cadrage photo. J'ai des fois le défaut de cadrer en photo comme en cinéma : j'essaie depuis peu de me détacher de cette façon ciné de cadrer, qui est limitée.
À vrai dire, ma réflexion sur le sujet n'est pas vraiment faite.
"Fais apparaître ce qui sans toi ne serait peut-être jamais vu"
Robert Bresson, Notes sur le cinématographe.

www.fidai-lefilm.com
fred76
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Depuis le 22 fév 2007
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Matthieu Laclau a écrit :
Bonsoir,

Pour ma part, je commence à ne plus avoir trop de problème de timidité à m'approcher des gens pour les photographier.

Je pense que ce n'est pas forcément le mieux de vouloir se cacher, de "voler" la photo. Être très rapide afin que le sujet ne remarque que vous le prenez en photo qu'une fois déclenché n'est pas non plus ce que je préfère.
En général, je pense qu'il n'y a rien de mal à prendre quelqu'un en photo dans la rue, que ce n'est pas nécessairement un acte de prédation et donc, je préfère prendre le temps qu'il faut pour déclencher. Je n'adresse pas la parole, ne demande pas d'autorisation : je sors juste mon appareil quand je pense être au bon endroit et attend le bon moment pour prendre la photo. Je peux attendre une minute à bout portant, mais rarement plus. Souvent, on me remarque, et le sujet va regarder la caméra, mais je continue de le viser : il y a bien un moment (souvent quelques secondes après) où le sujet détourne son regard et essaie de penser à autre chose (son expression n'est pas forcément moins naturelle que si elle ignorait ma présence).
De temps à autre, mais c'est assez rare, le sujet refuse la photo, et je renonce bien sur dans ces cas là.
Quelque soit la situation, si le sujet a remarqué ma présence, je le remercie tout le temps à la fin, en m'inclinant en signe de respect, avec un sourire.

Je pense que c'est une bonne méthode, il s'agit d'assumer le fait de prendre une photo et de ne pas essayer de se cacher, de ne pas sentir coupable de prendre l'image de quelqu'un. À partir du moment où je n'ai pas de sentiment de culpabilité de prendre quelqu'un en photo et que je fais preuve de respect (après la photo en remerciant), cela se passe presque tout le temps bien. Je n'ai pour le moment jamais eu de problème et je prends pourtant souvent des photos à un mètre de distance, voire moins.
En essayant de déclencher le plus vite possible et de faire comme si on ne prenait de photo, le sujet se sent nécessairement comme une victime : ce n'est pas le cas si le geste est assumé et respectueux.

Je ne sais pas si ma réflexion est très claire. Qu'en pensez-vous ?

Matthieu Laclau.


Ta réflexion est intéressante et me convient parfaitement. Elle témoigne d'un degré d'humanisme certain que nous retrouvons bien dans tes reportages.
Blowupster
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Jean-Claude a écrit :
MisterBump a écrit :
...

"Attention tu vas être dans le journal !" :wink:


Il y a ceux qui, voyant l'appareil photo demandent: "C'est pour quel journal". Si la réponse est "aucun", c'est la moue :!:



Je joue cartes sur table. Je demande je fais. Bien sûr à la question "C'est pour quoi ?" la réponse décevante: "c'est pour rien !" déçoit. A croire que l'on doit devenir célèbre du jour au lendemain en étant repéré par un "chargé de casting".

Le gros problème que j'ai c'est le fait que les personnes commencent à poser en souriant de façon pas très naturelle.

La dernière fois dans un bistro ça s'est passé comme ça. On discute de rien car enfin un incident fait que les gens parlent plutôt que de lire "professionnellement les annonces mortuaires" des journaux à disposition.
Je demande si je peux prendre des photos les yeux dans les yeux. J'explique c'est ok.
Et alors ?
Rien, il n'y a pas d'appareil photo, on discute de tout et de rien un moment.
La personne ne comprend pas mais ça fait ne rien on cause encore.

Ensuite je sorts l'appareil comme j'aurais sorti un mouchoir puis je prends des images une ici une autre plus tard et plus tard sans explication. On continue de causer de tout et de rien.
C'est vrais que je me laisse max 1/4 de sec pour faire les réglages avec l'appareil en visée . En fait c'est très préparé sans s'en donner l'air. C'est sûre qu'une cellule permet de gagner du temps. On fait une mesure avant, on règle. Il ne reste plus qu'à faire le point (et encore).
Kolett
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Vieux briscard
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Depuis le 21 déc 2008
CLERMONT FERRAND
Matthieu Laclau a écrit :
Bonsoir,

Pour ma part, je commence à ne plus avoir trop de problème de timidité à m'approcher des gens pour les photographier.

Je pense que ce n'est pas forcément le mieux de vouloir se cacher, de "voler" la photo. Être très rapide afin que le sujet ne remarque que vous le prenez en photo qu'une fois déclenché n'est pas non plus ce que je préfère.
En général, je pense qu'il n'y a rien de mal à prendre quelqu'un en photo dans la rue, que ce n'est pas nécessairement un acte de prédation et donc, je préfère prendre le temps qu'il faut pour déclencher. Je n'adresse pas la parole, ne demande pas d'autorisation : je sors juste mon appareil quand je pense être au bon endroit et attend le bon moment pour prendre la photo. Je peux attendre une minute à bout portant, mais rarement plus. Souvent, on me remarque, et le sujet va regarder la caméra, mais je continue de le viser : il y a bien un moment (souvent quelques secondes après) où le sujet détourne son regard et essaie de penser à autre chose (son expression n'est pas forcément moins naturelle que si elle ignorait ma présence).
De temps à autre, mais c'est assez rare, le sujet refuse la photo, et je renonce bien sur dans ces cas là.
Quelque soit la situation, si le sujet a remarqué ma présence, je le remercie tout le temps à la fin, en m'inclinant en signe de respect, avec un sourire.

Je pense que c'est une bonne méthode, il s'agit d'assumer le fait de prendre une photo et de ne pas essayer de se cacher, de ne pas sentir coupable de prendre l'image de quelqu'un. À partir du moment où je n'ai pas de sentiment de culpabilité de prendre quelqu'un en photo et que je fais preuve de respect (après la photo en remerciant), cela se passe presque tout le temps bien. Je n'ai pour le moment jamais eu de problème et je prends pourtant souvent des photos à un mètre de distance, voire moins.
En essayant de déclencher le plus vite possible et de faire comme si on ne prenait de photo, le sujet se sent nécessairement comme une victime : ce n'est pas le cas si le geste est assumé et respectueux.

Je ne sais pas si ma réflexion est très claire. Qu'en pensez-vous ?

Matthieu Laclau.


Bonjour,

J'adhère complétement à cette méthode et cette vision.
Et je profite de ce message pour vous dire que, après avoir parcouru (en parti) votre site, j'aime beaucoup les photos que vous faites. Bravo.

François
TheBard
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Depuis le 25 fév 2010
Belgique
Dans le cadre d'un projet photographique sur NYC qui s'avère être mon premier reportage, j'avais, en matière technique, mon IIIc préréglé et en hyperfocale.

Pour photographier, j'avais un 35mm, je m'approchais à 1,m50 du sujet et faisait ma photo sans me cacher ni me débiner en vitesse. J'étais lent dans mes gestes. Aucune personne ne m'a empêché. Lorsque le sujet était central et isolé (autre que dans la rue), je faisais deux signes : l'un vers l'appareil, l'autre vers la personne. Un hochement de tête, un sourire et la photo était prise.

Je pense que NYC est vraiment une ville de rêve pour le reportage. Les personnes sont charmantes et décomplexées... À Paris ou à Bruxelles, c'est autre chose...

Je rejoins tous les comportements détaillés ci-dessus.

Bien à vous,

Julien
Ramier
Régulier
Messages : 182
Depuis le 23 juil 2008
BELGIQUE - NAMUR
pour ma part, la première chose à faire, c'est d'être bien avec soi même...une fois dans cet état d'esprit, le regard que tu porteras sur les gens que tu décideras de prendre en photo sera différents et ceux-ci le ressentirons...Il n'est à mon sens pas tres agréable d'être photographié par qqun qui se cache, qui cache son intention même si celle-ci n'est pas mauvaise....on peut prendre l'exemple du chien qui suivant que l'on montre notre peur envers lui ou non réagira différemment, je pense que l'être humain réagit de la même façon....

Ca ne veut pour autant pas dire que tout stress doit disparaitre, mais ca s'apprivoise....il faut aller dans la rue, encore et encore....se forcer à aller vers les gens et au fur et à mesure on prendra de plus en plus de photos....dans un premier temps, on sera peut-etre à 5m puis on se rapprochera.....pour finalement avoir une attitude telle que meme à un metre les gens ne se sentirons pas agressé....

j'en ai dit assez....

y a plus qu'a.....

au début meme une photo demande un travail sur soi, ce n'est pas inné, ca se travail...apres certains on plus de facilité que d'autres....
itssimondavid
Messages : 59
Depuis le 19 avr 2010
Paris
A propos, on peux trouver sur youtube un documentaire interessant sur Garry Winogrand.

"Son sujet : la rue. Piéton, passant lui-même, il va, pendant presque 30 ans, inlassablement enregistrer, de manière spontanée, la complexité comme la banalité ou les bizarreries de la vie urbaine... Il photographie les hommes, les femmes, les groupes, les foules… Autant d'inconnus, autant d'Anonymes. "

Partie 1 - http://www.youtube.com/watch?v=Tl4f-QFCUek
Partie 2 - http://www.youtube.com/watch?v=-Zk1nkZ3 ... re=related

Un très bon exemple, je pense :wink:
EW68
Messages : 26
Depuis le 14 jan 2010
France
Bonjour,

Expérimenté juste hier, sur le terrain par rapport aux récents évènements impliquant l'armée israélienne et la flotille d'aide humanitaire à Gaza... plusieurs types de réactions très intéressantes :

- "Vous travaillez pour X journal ?" ma réponse : "je travaille en tant que reporter indépendante", réponse en face "ok, alors ça va" > accord implicite pour prendre en photo

- autre cas : ils voient un photographe, même discret, et ils veulent figurer dans la vue... on le sent, le quart d'heure de gloire dont parlait Warhol. Même si ça n'est qu'un éclair dans l'œil, ils changent de regard et de comportement... dans ce cas, quelques fois, il m'arrive de faire semblant de déclencher, et j'attends qu'ils soient revenus à une attitude plus naturelle... ça marche souvent (dans le cas où on est à la recherche de quelque chose de naturel, cela va sans dire).

Hier tout a été très rapide par exemple, ils ont soudain fait flamber un drapeau d'Israël et des enfants se sont mis à cracher sur le drapeau avec haine... dans des moments comme ça, la timidité s'envole, personne ne fait attention, et il faut juste aller vite, s'approcher le plus près possible et cadrer / déclencher (vive l'hyperfocale dans ce cas). Je crois qu'on a plus le temps de la timidité et de ce genre de questions selon le type de photos que l'on fait.

Je suis de nature extrêmement timide, et un autre collègue, Walter Astrada, m'a un jour confié l'être aussi. Au final, il m'a conseillé d'utiliser cette timidité pour devenir comme une ombre, shooter discrètement, se faire oublier. Bien sûr, quand on voit les photographies qu'il a fait, les évènements dans lesquels il s'est retrouvé impliqué, on comprend aisément que la timidité, il fallait la mettre de côté rapidement à ce moment là... mais je pense sincèrement que ça peut être un atout, que la présence peut-être plus légère.

Je suis souvent habillée de noir quand je shoote, j'essaye d'avoir des mouvements fluides, d'avoir un visage serein, je souris mais pas trop, je fais tout pour me faire oublier. Si on me parle, je réponds très calmement, en ne parlant pas trop fort, je parle peu.
charley
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Depuis le 14 avr 2010
Paris
Assez d'accord mais je pense qu'il faut éviter le noir. ça fait plus espion, ombre hostile. des couleurs pâles me semblent plus à même de traduire la timidité et l'inoffensif.
"A picture is what it is" - William Eggleston
le vrai rdu
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Depuis le 31 mars 2008
près de Paris
whooooooooooooooooooooo :shock: faut arrêter la prise de tête et passer à l'acte :D
Krokkor
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Depuis le 12 jan 2009
France
EW68 a écrit :
Je suis souvent habillée de noir quand je shoote, j'essaye d'avoir des mouvements fluides, d'avoir un visage serein, je souris mais pas trop, je fais tout pour me faire oublier. Si on me parle, je réponds très calmement, en ne parlant pas trop fort, je parle peu.

Biogon mon amour
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Phil VDD
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Depuis le 3 sep 2007
Arquennes
Krokkor a écrit :


pinarmusa a écrit :


Je ne vois pas bien ce que viennent faire ces images ici...
Etes-vous titulaires des droits de ces images?
:evil:
"Toute photographie est une fiction qui se prétend véritable. (...) la photographie ment toujours, elle ment par instinct, elle ment parce que sa nature ne lui permet pas de faire autre chose." Joan Fontcuberta
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