Prélumination

pscl
    Prélumination
Messages : 35
Depuis le 11 sep 2006
Roscoff
Bonjour,
Voilà j'ai relevé quelques éléments dans un fil sur l'influence du diaphragme sur le contraste du tirage. On y parle surtout de prélumination

"un peu acrobatique"
"déterminer sur un bout d'essai à l'agrandisseur sans négatif le seuil, c'est à dire la première valeur de gris au delà de la Ds+V (Densité support+voile) (...) Ceci vérifié avec un négatif étalon de onze plages de gris Kodak et un densitomètre."

J'aurais des questions à ce sujet:

- Faut-il faire la manip (mesures au densitomètre du seuil), pour chaque boite, pour chaque type de papier? Ou est-ce reproductible?
- A partir de quel gamma négatif cela devient-il nécessaire d'aller plus loin que le maquillage?
- Les temps de prélumination courts ne sont-ils pas imprécis du fait de l'inertie de la lampe (tension) sans système Closed Loop comme sur les Durst Pictochrom?
- En fait quelles sont les valeurs de préluminations utilisez-vous, je n'ai pas de densitomètre?

Merci à vous!
MMP
Avatar de l’utilisateur
Habitué
Messages : 360
Depuis le 11 avr 2004
Sainte Victoire
8)

Une question comme je les aime...

On peut travailler la prélumination sans matos compliqués, uniquement en appliquant de manière simple les principes de base de la sensitométrie.

La courbe de noircissement d’un papier, bien qu’en règle générale il s’agisse plutôt d’une droite, répond aux mêmes caractéristiques que toute émulsion, à l’exception du voile de base (la base du papier la couleur du papier non exposé et traité).

Toute émulsion ne réagit pas au premier photon qui vient se perdre dans la couche sensible : il faut une certaine dose de lumination avant que celle-ci enregistre l’événement (noircissement donc) Voilà pourquoi les hautes lumières d’un négatif sont particulièrement pénibles à faire monter.

Le point ou l’émulsion réagit est le seuil de sensibilité. La préillumination consiste à amener le papier à ce point afin qu’il réagisse davantage aux hautes lumières du négatif (fenêtre en contre jour, chemise blanche à midi le 15 août à Bamako,…).

Avec une vue vierge d’un négatif quelconque, on pratique une bande d’essai sur le papier que l’on compte préilluminer, agrandisseur réglé pour le format de tirage que l’on souhaite réaliser (le calcul du temps de pose pour un autre format peut toutefois être déduite du format de base par application de la loi de Descartes). Un compte pose qui permet les dixièmes de secondes est à mon sens indispensable. On réalise plusieurs zones par paliers successifs en augmentant d’un 1/2 IL la durée d’exposition chaque fois (0,2s – 0,3s – 0,4s –0,6s – 0,8s, etc. par ex.). Il est nécessaire de marquer au crayon ou par une entaille la limite de chacune des zones ainsi réalisée, rien ne ressemblant davantage au blanc que le blanc…

Traitement du papier selon le procédé habituel et examen de l’épreuve une fois sèche. La zone ou le papier décolle du blanc, premier gris perceptible, détermine le seuil de sensibilité du papier, selon le procédé de traitement mis en œuvre. Imaginons que cette zone est celle résultant d’une exposition de 0,8s, la préillumination consistera à exposer le papier à 0,6s pour l’amener au seuil de sensibilité.

Cette technique permet de retrouver de la matière sur des hautes lumières cramées qui viennent difficilement, où au prix d’un fastidieux maquillage.

Chaque référence de papier ayant sa propre sensibilité (dans tous les sens du terme), il faut effectivement effectuer les tests pour chacun d’eux. Pour les marques dont la qualité de production est stable, on peut s’en tenir aux tests faits sur une boîte antérieure, même si une petite vérification n’est pas inutile et peut permettre d’éviter de gâcher du papier. En revanche, d’autres marques nécessitent d’être testée pour chaque lot (Bergger par ex.).

Penser aussi au fait que les révélateurs « font » aussi la sensibilité ; les tests sont à reconduire pour chacun d’eux, même si les valeurs de préillumination peuvent paraître proches.

J’espère n’avoir rien oublié et avoir été clair.

P.S. :
citation :
- A partir de quel gamma négatif cela devient-il nécessaire d'aller plus loin que le maquillage?

Il s’agit surtout de sortir les hautes lumières quand celles-ci sont justement trop hautes. Plus que la densité globale du négatif, c’est une densité locale qui peut amener à recourir à cette technique.
citation :
- Les temps de prélumination courts ne sont-ils pas imprécis du fait de l'inertie de la lampe (tension) sans système Closed Loop comme sur les Durst Pictochrom?

La préillumination était utilisée par les tireurs bien avant que les agrandisseurs ne deviennent des F1. L’instabilité de la tension, l’inertie de la source lumineuse est un paramètre qui s’intègre de facto dans la réalisation du test. Faites deux fois le test, les différences seront imperceptibles. L’aléatoire, que l’on ne peut écarter, demeure sans incidence pratique notable pour la réalisation d'un tirage.

Edit P.S.: lire intervalle d'un 1/2 IL
pscl
Messages : 35
Depuis le 11 sep 2006
Roscoff
Un grand merci à vous MMP tout est parfaitement limpide :D
Votre réponse me conduit à d'autres questions.

Vous dites utiliser une vue vierge d’un négatif quelconque pour la préillumination, est-ce pour allonger son temps de pose?

Dans le cas d'un papier multigrade est-ce qu'un filtrage peut faire varier ce seuil?

Question pratique: l'utilisation de deux agrandisseurs facilite-t-elle la tâche?

En espérant ne pas trop abuser de votre temps :?
Merci
MMP
Avatar de l’utilisateur
Habitué
Messages : 360
Depuis le 11 avr 2004
Sainte Victoire
citation :
Vous dites utiliser une vue vierge d’un négatif quelconque pour la préillumination, est-ce pour allonger son temps de pose?


C’est effectivement pour éviter un choc trop brutal de la lumière de l’agrandisseur se précipitant par le passe-vue, voie libre de toute entrave, sur le malheureux papier coincé dans le carcan du margeur (et qu’ensuite, sadiques que nous sommes, noyons dans des bains chimiques pas bons du tout).
Donc travail avec voile de base d’un négatif et diaph. fermé à f/8 par ex.

citation :
Dans le cas d'un papier multigrade est-ce qu'un filtrage peut faire varier ce seuil?


Théoriquement oui, ça se calcule également, mais cela ne nous concerne pas dans le cas de la préillumination.
Vous réalisez vos tests sous votre filtrage de base (3 pour ma part) et préilluminez ensuite dans les conditions du test. Le papier est amené à son seuil de sensibilité et vous pouvez le travailler comme vous le souhaitez, de grade 00 à 5+.

citation :
Question pratique: l'utilisation de deux agrandisseurs facilite-t-elle la tâche?


Pourquoi donc ? Faire de la série ? Sont-ce les mêmes (puissance lumineuse etc.) ?

Le test d’un papier dure une petite demi-heure en prenant son temps, notant bien chaque étape, les résultats obtenus (important plus tard pour comprendre pourquoi quelque chose cloche dans un processus). Ensuite vous préilluminez une petite quantité de feuile, selon vos besoins pour le(s) tirage(s) à effectuer (cela prend moins de 5 minutes) et travail du tirage d’un négatif (et là, le temps ne compte plus).

citation :
En espérant ne pas trop abuser de votre temps


N’ayez crainte, c’est le temps qui abuse de nous, & nous ni pouvons guère.

8)
pscl
Messages : 35
Depuis le 11 sep 2006
Roscoff
Merci à vous! :D
Eric Bascoul
    bravo :D
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 18998
Depuis le 11 mai 2004
Paris
:applaudir: bravo MMP :D
un vrai cours sur la prélumination,
avec sensitométrie, et poésie, j'adore :D :wink: 8)
zekkar
Avatar de l’utilisateur
Messages : 4675
Depuis le 19 oct 2003
Paris
:applaudir:
Oui mais faut aussi dire que ce truc fait pas de tirage à se mettre à genoux !
C'est ce qu'il y avait sur les tireuses en bande (90s sec à sec) pour saloper les 10x15 N&B et ajuster le papier en rouleau à coup de flash pour des négas collés bout à bout.
Bonjour les gamma !
Vont qd même pas tirer sur du Mg à ce prix :evil:
Eric Bascoul
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 18998
Depuis le 11 mai 2004
Paris
zekkar a écrit :
...Oui mais faut aussi dire que ce truc fait pas de tirage à se mettre à genoux !...

si !
dans le cas, ou il faut récupérer les hautes lumières d'un négatif très exposé,
c'est vraiment souverain :D
cela permet de déplacer la zone de la courbe sensitométrique vers une zone ou il y a plus de contraste,
ce qui donne plus de nuances et plus de détails dans les hautes lumières du tirage ainsi préluminé.
et un p'tit coup de ferry cyanure, si besoin. :wink:


après, ça a été utilisé pour faire du "vite fait, mal fait" , mais c'est une autre histoire ...
zekkar
Avatar de l’utilisateur
Messages : 4675
Depuis le 19 oct 2003
Paris
:lol: Pour les hautes lumières de négas crashés moi la menotte et l'eau chaude ça sort ou ça casse
bizz
Eric Bascoul
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 18998
Depuis le 11 mai 2004
Paris
oui, :D
:lol: pour moi, c'était la version, "révélateur chaud sur du coton", ou une éponge :wink:
bizz
MMP
Avatar de l’utilisateur
Habitué
Messages : 360
Depuis le 11 avr 2004
Sainte Victoire
(Arrête camarade ou tu vas finir par faire rougir le Chablis qu’est dans mon verre !)

C’est vrai que beaucoup se sont (se servent) de cette technique pour faire de la drouille de première à grande échelle.

Mais ça vaut pour toute technique, même de base.

J’ai vu cet été à Arles des tirages à hurler ; pétouilles et poussières en bousculade pire qu’au métro heure de pointe, contraste au brouillard…

La préillumination se pense sur un néga. bien précis dont les hautes lumières ont pris un coup de bang bien pesé, s’utilise avec délicatesse. Inconcevable pour ma part d’utiliser cette technique sans une attention minutieuse.

Et je n’ose dire le temps que prennent certains tirages où l’on doit fignoler dur. (& c'est le tireur qui passe ou qui casse...)
Joël
Avatar de l’utilisateur
Habitué
Messages : 817
Depuis le 9 juin 2004
Belgique
pscl a écrit :
Question pratique: l'utilisation de deux agrandisseurs facilite-t-elle la tâche?


Si tu as deux agrandisseurs, c'est évidemment plus simple.
Tu peux monter la colone afin de diminuer la quantité de lumière et mieux contrôler le temps de prélumination sur le premier et faire le tirage sur le second.
En labo pro, un tireur mobilise facilement trois ou quatre agrandisseurs...

:wink:
Joël
pscl
Messages : 35
Depuis le 11 sep 2006
Roscoff
Oui oui j'ai connu ça, mais c'était en RA4. D'ailleurs on y a plus l'âme d'un robot que celle d'un chef d'orchestre :D
Non je pensais au deuxième agrandisseur parce que j'avais l'impression que déplacer le papier est plus facile que changer de négatif dans le passe-vues. Merci pour le tuyau de la colone!
sels d'argent
Habitué
Messages : 429
Depuis le 1 juin 2006
Paris
pscl a écrit :
Non je pensais au deuxième agrandisseur parce que j'avais l'impression que déplacer le papier est plus facile que changer de négatif dans le passe-vues.


ça dépend du passe-vue et du margeur !

Retourner vers Labo argentique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant cette section : Aucun utilisateur enregistré et 90 invités