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Larchétype du Leica télémétrique, dans toute sa splendeur : un Leica II "Couplex" et son objectif emblématique, lElmar f:3,5/50 mm nickelé (1932). A propos de cet objectif, remarquer les graduations de léchelle du diaphragme selon lancien standard et la distance focale exprimée en millimètres (peu après en centimètres). Noter aussi le levier de mise au point en forme de cloche très caractéristique de lépoque, avec verrouillage sur linfini en position à "11 heures". Le Leica II "Couplex", par Jean Le 6 Mars 1932 apparaît le Leica II, "Model D" pour les Américains, "Couplex" pour les Français.
Mis en fabrication dans les usines Leitz de Wetzlar le 1er Février 1932, le Leica II apporte une innovation majeure à la géniale invention dOskar Barnack : ladjonction dun télémètre intégré au boîtier, couplé avec les objectifs standardisés. Sans changement de forme ni de volume, lesthétique intemporelle du petit appareil photographique est analogue mais lefficacité et lagrément dutilisation sont considérablement améliorées. Cest le modèle abouti comportant les éléments essentiels et fondamentaux que lon retrouvera sur tous les appareils qui suivront ; il donnera ses lettres de noblesse au Leica. Cette nouvelle amélioration du boîtier originel de 1925, après la mise en place de linterchangeabilité des optiques en 1930, et leur standardisation permettant lutilisation dobjectifs de sept distances focales allant du 35 au 135 mm, devait assurer la pérennité de ce qui prendra au fil du temps le nom de procédé Leica reposant sur un nombre de plus en plus important de boîtiers en dérivant, daccessoires aussi abondants quingénieux, et doptiques de qualité calculées par le physicien Max Berek.
Etonnant début de la fabrication
Les innovations techniques A) Télémètre à coïncidence incorporé et couplé Jusqualors les télémètres de Leitz (FODIS et FOFER de base 83 mm) étaient placés en position verticale, engagés sous la griffe porte-accessoires ; ils étaient encombrants et peu pratiques. Souhaitant rendre son appareil plus fonctionnel et plus maniable, Barnack eut lidée dincorporer un télémètre au boîtier en position horizontale, protégé par un capot le jumelant au viseur. Il fallut nécessairement réduire la base à 38,5 mm afin de loger ce télémètre entre le barillet du réglage des vitesses et le bouton permettant de rembobiner le film exposé.
Remarquer la réunion des deux axes optiques permettant la superposition des deux images télémétriques vues à travers loculaire du télémètre : celui de droite subit deux réflexions (dans le prisme mobile puis sur le miroir semi-réfléchissant) tandis que celui de gauche traverse ce miroir sans être dévié. Ces deux axes optiques ne sont pas parallèles, sauf à linfini. Noter que la découpe de la fenêtre du viseur na curieusement pas été figurée sur ce schéma (elle serait située entre les deux "pupilles" du télémètre). Lors de la visée depuis loculaire du télémètre apparaissent deux images qui, une fois superposées après avoir fait avancer ou reculer lobjectif par la rotation de sa rampe, témoignent dune mise au point parfaite : cest ce que lon nomme un « télémètre à coïncidence ». Ces deux images illustrent parfaitement ce que le photographe voit à travers lilleton du télémètre de son appareil. La double image de gauche indique que la mise au point est inexacte, et celle de droite que la mesure de la distance est parfaite. En revanche, pour obtenir cette qualité de mise au point assurant une image très nette, il fallait un tirage précis du boîtier, sans compromis Ainsi, on remarquera un « 0 » gravé (en position à midi) sur la platine où vient se visser lobjectif : cette gravure signifie que le boîtier est apte à recevoir des optiques standardisées. Chaque boîtier était ainsi contrôlé et finement calé en usine, avec de minces lamelles de papier noir glissées sous la platine, de telle sorte que la distance entre cette bague normalisée marquée « 0 » et le film soit précisément de 28,8 mm. Le marquage spécifique « 0 » disparaîtra avec le IIIc inaugurant la nouvelle série des Leica dits "longs", la ceinture passant de 133,4 à 136,2 mm. Dès lors les techniques dusinage plus précises supprimeront cette contrainte. Détail de la face avant dun boîtier Leica II laqué noir. Remarquer en haut : le barillet des vitesses nickelé (vu de profil) et les deux "pupilles" du télémètre, de part et dautre de la fenêtre du viseur dont lune - celle de droite - porteuse dun filtre jaune. Noter le « 0 » gravé sur la platine arrimée par quatre vis, et remarquer (juste en dessous de ce « 0 ») le galet du télémètre affleurant à lavant du sommet de la chambre noire au fond de laquelle on devine lun des rideaux de lobturateur. B) Emplacement du viseur Indépendant, le viseur clair (de type lunette de Galilée inversée) est identique à celui des boîtiers précédents ; il est prévu pour la focale standard de 50 mm. On le retrouve englobé en position médiane sous le capot du télémètre quil traverse de part en part, lilleton fixé sur son versant postérieur et la fenêtre de visée située sur la paroi antérieure, entre les deux "pupilles" permettant la mesure télémétrique par coïncidence. Noter les deux illetons de visée indépendants lun de lautre et espacés de 20 mm : le photographe procède au réglage de la distance par visée télémétrique (à gauche) puis observe le champ photographié par le viseur incorporé (à droite). Remarquer aussi le bouton de rembobinage extensible. C) Bouton de rembobinage Son diamètre passe de 15 à 12 mm, cette diminution étant rendue nécessaire par la proximité du capot couvrant le bloc viseur-télémètre. Ce bouton est extensible : on peut le tirer vers le haut, puis rembobiner le film exposé sans être gêné par lépaisseur du capot. Mécanisme
Présentation et esthétique
Lexamen de différents modèles de Leica II permet de déceler quelques différences daspect, dès la seconde année suivant la mise sur le marché du "Couplex" La première année de fabrication, les modèles reçurent un barillet de sélection des vitesses de diamètre 15,5 mm, qui diminua à 13,5 mm lannée suivante.
De même, si durant lannée 1932 la partie du capot de télémètre surmontée du barillet des vitesses était arrondie, en forme de « siège de WC » selon une appellation étonnante mais ayant cours outre-Manche (à cette époque ce siège était rond !), le capot des Leica II fabriqués ultérieurement présenta à ce niveau des facettes en "pan-coupé". Ce discret changement daspect apparut en 1933 avec le Leica III, constituant une amélioration du Leica II par adjonction des vitesses lentes, ajout qui imposa cette légère modification du capot. La politique de Leitz étant doffrir à ses clients la possibilité de transformer leur appareil en léquivalent dun modèle plus récent, cette modification du capot du Leica II est apparue dès 1933 en même temps que le Leica III, prévoyant ainsi déventuelles demandes de modernisation. Deux boîtiers Leica II laqués noir juxtaposés (datant de 1932 en haut, de 1935 en bas) : remarquer les commandes nickelées et la différence entre les capots (sous le barillet des vitesses), ainsi que la différence de gravure sur chaque barillet (portant respectivement les inscriptions "20" et "20-1"). Remarquer aussi les deux oculaires séparés du viseur (à droite) et du télémètre (à gauche), bien visibles de profil sur la face arrière du boîtier du bas. Dautres détails minimes apparurent en cours de fabrication, quil est bon de signaler : En 1933 le diamètre de lergot de maintien de la semelle du boîtier rivé en bas du flanc droit de la ceinture passa de 3 à 5 mm, diamètre adopté définitivement sur tous les boîtiers Leica jusquaux plus récents. Remarquer la différence du diamètre des ergots permettant la fixation de la semelle (à droite, léphémère diamètre de 3 mm en 1932), et la variation de laspect de la vulcanite gainant la ceinture de ces deux boîtiers vus de profil. On remarquera aussi, sur les premiers boîtiers, un filtre jaune fixé à demeure sur la "pupille" gauche du télémètre améliorant le contraste des images vues en coïncidence. Ce filtre disparaîtra cependant rapidement, remplacé dès 1936 par un filtre orange amovible (codé ORAKO) doté dune monture noire ou chromée. Production
Chant du cygne du "Couplex", un lot de 200 boîtiers chromés furent assemblés par la filiale Leitz New York : 50 exemplaires fin 1947 et 150 en 1948, aisément identifiables par une pastille chromée, fixée par trois vis sur la face antérieure de la ceinture, à lemplacement occupé par le barillet de commande des vitesses lentes chez dautres modèles de Leica. Cet ajout peu esthétique laisse supposer que Leitz à Wetzlar navait pu fournir à sa filiale américaine, pour cette dernière série tardive, que des ceintures destinées au Leica IIIa alors en production : il fallut donc obturer la découpe destinée à accueillir ce barillet. En effet, Leitz venait dabandonner la fabrication du "Couplex" durant lannée 1947, après une courte série de 24 boîtiers en finition chromée; il semble que, selon toute vraisemblance, cette ultime série allemande ait été montée avec les dernières ceintures disponibles à Wetzlar propres au Leica II.
Un vaste choix dobjectifs
Les noms de ces objectifs possèdent diverses origines : les deux premières lettres dElmar font référence aux initiales dErnst Leitz (le fondateur de lentreprise), Summar évoque le sommet de la qualité optique, quant à Hektor
cétait le nom du chien de Max Berek, lopticien-maison !
Conclusion
La fiabilité légendaire de ce matériel se vérifie encore aujourdhui, puisquil nous est arrivé de rencontrer des photographes sen servant toujours ; je ne saurais que conseiller aux jeunes passionnés de la marque Leitz, possesseurs et utilisateurs des modèles les plus récents, de revenir aux sources et den acquérir un (on en rencontre encore en parfait état), pour juger par eux-mêmes de la fiabilité et du charme de ce petit appareil discret, toujours aussi performant. Sources
J. et G. Borgé et N. Viasnoff in Prestige de la Photographie Tome II (1977 e.p.a.)
Remerciements
Vous pouvez télécharger la brochure de cet appareil (PDF de 3,5 Mo). Exemples : |