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quelques photos exposées à Schaerbeek dans le cadre de l |
Une nuit que je prenais des photos dans les rues de Schaerbeek, avec mon vieux Leica de 1937, je me suis fait prendre à partie par des gaillards qui se demandaient ce que je faisais là et pour qui je travaillais. J’étais en très mauvaise posture et puis la police est arrivée. J’aurais voulu expliquer à ces hommes que la lumière que reflétaient les pavés sous la pluie était ce soir-là si particulière. Mais ils sont évanouis dans la nature, après m’avoir lancé: « Photographier quoi ? Mais il n’y a rien de beau ici ».
C’est pour ces hommes-là que j’ai décidé de monter cette exposition de photo. Donner à voir ce qu’il y a derrière les choses, lorsque le quotidien et le banal deviennent poésie, rêverie. La beauté n’est jamais que dans le regard de celui qui la contemple, j’ai donc eu envie de mettre en lumière ce qui est là si près de nous, à Schaerbeek, que nous ne voyons pas ou plus, ouvrir des horizons, donner à voir, entendre, sentir plus fort et plus loin notre quotidien.
Les photos qui constituent cette exposition n’ont pas été volées mais empruntées et les exposer ici aujourd’hui est une manière de les restituer à Schaerbeek. L’appareil photo qui ne quitte pas mon sac a été au fil des mois accepté par mes voisins, les gens, les amis que je croise quotidiennement dans les rues de mon quartier et c’est tout naturellement que je sors à présent cet appareil pour capturer des instants de vie quotidienne auxquels la photo confère une grâce qui nous échappe parfois dans le temps présent et dont elle révèle toute la noblesse et la part d’humanité.
Jean-Philippe Collard-Neven
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