Pour être pratiquant d’escrime depuis 3 ans, et apprenti photographe depuis moins longtemps, je peux regarder cette série avec le ressenti de l’escrimeur plus qu’avec celui du conseiller en photo.
Je me suis déjà essayé à faire quelques photos d’escrime, dans notre salle, et je pense qu’il y a deux types de situations différentes, qui demandent, me semble-t-il, des approches différentes.
D’une part, les assauts. L’escrime étant un sport explosif, capturer le bon moment demande de choisir de hautes vitesses si l’on veut une image nette, ou de jouer sur les filés et/ou les flous pour des images plus impressionnistes.
Il est difficile de faire ressentir, dans une photo d’assaut, la tension de l’un et l’autre escrimeur pendant les moments « immobiles », notamment parce que le masque couvre le visage, et que si on n’a pas, soi-même, pris ces postures de corps, on ne peut pas trop s’imaginer, en regardant les images, les sensations ressenties.
Et dans les moments de mouvement, ça va très très vite. D’où la difficulté à obtenir la bonne image. Du coup, je pense qu’il faut 1) très bien connaître ce sport pour essayer de deviner ce qui va se passer et tenter de déclencher à peu près au bon moment, et 2) shooter avec un appareil capable de rafales rapides, en espérant qu’en tirant plusieurs séries de rafales au cours d’un ou plusieurs assauts, on finira par en obtenir une bonne. Le tout sans utiliser de flash si on est proche de la piste, pour ne pas gêner les tireurs.
D’autre part, tout ce qui se passe autour de la piste. Et c’est principalement ce que l’on voit dans la série d’Igor.m, ici.
Il y a les moments introspectifs, avant de monter sur la piste pour un assaut. Les moments où quelqu’un vient dire quelques mots de conseil, d’encouragement, de réconfort. Les moments inattendus, comme la photo avec l’adulte et l’enfant front à front dans leurs casques.
Il me semble que là, le télémétrique a toutes ses chances, parce qu’il n’est plus question de grande vitesse. On est plus dans l’humain que dans la technique du sport.
Pour ce qui est des images de la série d’Igor.m, je pense que certaines des photos de la série auraient mérité, pour certaines, d’être prises en plan un peu plus large pour qu’elles prennent un peu plus de sens pour un spectateur non-initié. Je pense notamment à la 4e – la 3e après celle devenue « invisible » – où l’on voit des pieds, un casque au sol, des lames, etc. En l’absence de plan large, j’ai du mal à comprendre si c’est un moment de résignation (j’ai jeté mon masque et mon sabre au sol, je n’en peux plus), un moment de pose (je grignote une barre de céréales avant de retourner sur la piste), etc.
Pour d’autres, effectivement, serrer le portrait aurait pu être plus parlant.
Voilà, c’était quelques mots de Monsieur-c’est-plus-facile-à-dire-qu’à-faire !