
Bonjour à tous,
J'ai décidé de créer ce topic "histogramme et exposition à la prise de vue" pour aider les utilisateurs de Leica numériques (notamment les débutants enthousiastes en la matière) à exposer leurs prises de vues de manière satisfaisante. Je ne vais pas aller dans les profondeurs obscures de la technique car je n'en ai pas les compétences, mais je vais essayer d'apporter quelques infos pour les moins à l'aise d'entre nous sur ce sujet.
L'exposition en photographie, c'est la quantité de lumière détectée par la surface photosensible. Cette surface photosensible en photographie numérique, c'est le capteur. En argentique, c'est la gélatine de la pellicule. Donc de fait, plus la quantité de lumière détectée par la surface photosensible est importante, plus l'exposition est importante.
La lumière a quatre caractéristiques clés :
1 - Elle a une température de couleur, exprimée en degrés Kelvin (ou tout simplement K). La lumière du soleil en pleine journée d'été a une température de 5500K, une lampe à incandescence quant à elle a une température de 3000K. Chaque source a sa température, et celle-ci influe sur la balance des blancs.
2 - Elle a une qualité. La lumière peut être dure ou douce. Une lumière dure dessine des ombres très marquées, comme un soleil d'été par temps dégagé. Une lumière douce est plus enveloppante et dessine des ombres aux contours vagues. Tapez "beauté" sur Google Images, et vous aurez de nombreux exemples de lumières douces. Plus la source de lumière est grande et proche du sujet, plus la lumière est douce. La lumière du soleil par temps dégagé est dure car le soleil est tellement loin de nous qu'il apparaît tout petit dans le ciel.
3 - Elle a une direction. Elle peut venir de face, du dessus, de dos...
4 - Elle a une certaine intensité. Une lampe de poche génère moins d'intensité que la lumière du soleil.
Et puisqu'on en parle, l'intensité de la lumière peut nous causer des problèmes car elle n'est pas facile à estimer. Une lampe torche paraît beaucoup plus lumineuse dans l'obscurité qu'en plein mois d'août à 14h au milieu de votre jardin. C'est la raison pour laquelle les appareils photos sont, et depuis quelques décennies maintenant, équipés d'une cellule. Ceci-dit, le fait d'utiliser une cellule ne veut pas nécessairement dire que vous allez réussir votre exposition à tous les coups. Et pour vous aider un peu, les fabricants d'appareils photos vous permettent d'avoir accès à l'histogramme de vos prises de vues directement sur l'écran de votre appareil. Vous savez pas lire un histogramme ? Et bien apprendez, didiou !
Un histogramme, c'est ça :

L'histogramme représente la distribution de la gamme des tons d'une image.
- L'axe des abscisses (horizontal) indique la luminosité (sombre à gauche, lumineux à droite)
- L'axe des ordonnées (vertical) montre la quantité de pixels pour chaque valeur de luminosité.
Plus un "pic" est haut sur l'histogramme, plus la quantité de pixels de cette luminance est importante.
Un histogramme est généralement calculé sur 8 bits, de 0 à 255.
L'histogramme représenté ci-dessus est l'histogramme de la photographie à la prise de vue. Il nous indique notamment qu'il y a de nombreuses zones très claires dans cette image, mais pas uniquement. L'histogramme nous indique également qu'il n'y a pas ni de blancs cramés, ni de noirs bouchés dans cette image. Comment ? Du côté droit, on voit que la courbe chute à droite de l'histogramme, et qu'elle chute avant la limite de celui-ci. A gauche, pareil, la courbe chute avant la limite de l'histogramme.
Lorsqu'une photo est sur-exposée, l'histogramme ressemble un peu à ça :

A droite de l'histogramme, donc dans la région des très hautes lumières, on voit que la courbe n'a pas le temps de chuter qu'elle est déjà sortie de l'histogramme. En rouge sur l'image, on peut voir la zone cramée, sortie de l'histogramme, dénuée de la moindre donnée.
Et lorsqu'elle est sous-exposée, l'histogramme ressemble à ça :

A gauche de l'histogramme, dans la région des zones les plus sombres, on voit que la courbe n'a pas non-plus le temps de chuter et qu'elle sort de l'histogramme. En bleu sur l'image, on peut voir la zone bouchée, noire.
Voilà donc l'importance d'avoir à la prise de vue un histogramme tel que celui-ci :

Dénué de zones bouchées et de zones cramées, où chaque pixel est exploitable.
Exposer à droite, c'est quoi ?
La façon techniquement optimale d'exposer lors d'une prise de vue, c'est d'exposer à droite, c'est à dire de caler la chute des hautes lumières le plus à droite possible de l'histogramme, sans pour autant que les valeurs sortent de ce dernier. La photographie ci-dessus, par exemple, est exposée à droite. Vous pouvez voir que la courbe chute bien à droite de l'histogramme. Si j'avais ouvert mon diaph d'un stop supplémentaire ou exposé d'un stop plus longtemps ou encore augmenté la sensibilité de mon capteur d'un stop, les blancs seraient sortis de l'histogramme par la droite et j'aurais perdu des données (et donc des détails dans les hautes lumières).
Puisqu'il ne faut pas cramer les hautes lumières, pourquoi vouloir les pousser tout à droite alors qu'on peut sous-exposer et décaler toutes les valeurs vers la gauche ?
Dans une situation de lumière pas trop dynamique (comme sur la photo ci-dessus), on va préférer avoir une image la plus claire possible. Pourquoi ? En offrant à votre image le maximum de lumière dès la prise de vue, vous disposerez d'une plage de tonalités maximale dans les zones les plus sombres et exploiterez au maximum la performance du capteur de votre appareil photo. Ainsi, vous aurez une latitude de traitement beaucoup plus importante qu'avec une image sombre qui affichera du grain et des artefacts lorsque vous l'éclaircirez.
Pour exposer à droite, calculez tout simplement votre exposition en utilisant comme référence la zone la plus claire de votre image. En manuel, placez le patch du télémètre sur la zone la plus claire de l'image et tournez le barillet de vitesses jusqu'à ce que l'expo soit bonne. En mode A, placez le patch du télémètre sur la zone la plus claire de l'image et validez l'expo d'une demi-pression sur le déclencheur.
Cependant, exposer à droite a aussi ses limites, et elles sont rapidement atteintes lorsque vous vous trouvez dans une situation de lumière dynamique...
Ici, par exemple :

C'est une photo que j'ai faite en janvier 2014. Il faisait gris, relativement sombre, et la couverture nuageuse agissait comme un gigantesque diffuseur. J'étais, comme l'ombre de la voiture l'indique, en contre-jour et je ne voulais pas perdre de détails dans les ombres car c'est principalement les zones sombres de la composition qui m'intéressaient ici. Impossible d'exposer à droite, sinon j'aurais eu un maximum de détails dans le ciel, certes, mais il était d'un blanc uniforme de toute façon et j'aurais bouché une vaste quantité de détails dans les ombres, or c'est principalement le côté sombre de la voiture que j'avais en face de moi et où je voulais des détails. J'ai donc exposé au-delà de la droite et volontairement coupé une partie des blancs à droite de mon histogramme, au profit de détails plus riches dans les ombres. Cette méthode, différente de l'exposition à droite, s'appelle le "highlight clipping". Elle consiste, comme son nom l'indique, à sacrifier les plus hautes lumières de la photographie pour conserver plus de détails dans les ombres. Ca permet de sortir une belle image dans des conditions délicates telles que celles-ci.

Si la technique d'exposition à droite est optimale dans des conditions de lumière où le capteur de votre appareil est capable de restituer toute la dynamique de la scène, préférez le highlight clipping dans des conditions de dynamique importante. En mode manuel, surexposez d'un stop ou deux en vous basant sur la lumière réfléchie. En mode A, placez le patch du télémètre sur une zone intermédiaire au tiers de la distance entre votre sujet et la zone la plus claire de l'image avant de valider l'exposition par une demi-pression sur le déclencheur, dans 98% des cas, ça fait l'affaire.
La nuit...
La nuit, évidemment, inutile d'exposer à droite, sauf dans des cas bien particuliers. Vous n'allez pas faire péter le plafond des zizos et de la durée d'exposition à deux heures du matin sous prétexte d'exposer à droite, votre photo sera ruinée par le grain et le flou de bouger bien avant que vos hautes lumières n'aient atteint la droite de votre histogramme. Exposez correctement la nuit, voire un peu plus clair si vous le pouvez, mais inutile d'en faire des caisses.
Voilà, j'espère que ça en aidera quelques-uns, n'hésitez pas à ajouter des précisions ou des corrections si j'ai oublié des trucs ou si je me suis gouré !
J'ai décidé de créer ce topic "histogramme et exposition à la prise de vue" pour aider les utilisateurs de Leica numériques (notamment les débutants enthousiastes en la matière) à exposer leurs prises de vues de manière satisfaisante. Je ne vais pas aller dans les profondeurs obscures de la technique car je n'en ai pas les compétences, mais je vais essayer d'apporter quelques infos pour les moins à l'aise d'entre nous sur ce sujet.
L'exposition en photographie, c'est la quantité de lumière détectée par la surface photosensible. Cette surface photosensible en photographie numérique, c'est le capteur. En argentique, c'est la gélatine de la pellicule. Donc de fait, plus la quantité de lumière détectée par la surface photosensible est importante, plus l'exposition est importante.
La lumière a quatre caractéristiques clés :
1 - Elle a une température de couleur, exprimée en degrés Kelvin (ou tout simplement K). La lumière du soleil en pleine journée d'été a une température de 5500K, une lampe à incandescence quant à elle a une température de 3000K. Chaque source a sa température, et celle-ci influe sur la balance des blancs.
2 - Elle a une qualité. La lumière peut être dure ou douce. Une lumière dure dessine des ombres très marquées, comme un soleil d'été par temps dégagé. Une lumière douce est plus enveloppante et dessine des ombres aux contours vagues. Tapez "beauté" sur Google Images, et vous aurez de nombreux exemples de lumières douces. Plus la source de lumière est grande et proche du sujet, plus la lumière est douce. La lumière du soleil par temps dégagé est dure car le soleil est tellement loin de nous qu'il apparaît tout petit dans le ciel.
3 - Elle a une direction. Elle peut venir de face, du dessus, de dos...
4 - Elle a une certaine intensité. Une lampe de poche génère moins d'intensité que la lumière du soleil.
Et puisqu'on en parle, l'intensité de la lumière peut nous causer des problèmes car elle n'est pas facile à estimer. Une lampe torche paraît beaucoup plus lumineuse dans l'obscurité qu'en plein mois d'août à 14h au milieu de votre jardin. C'est la raison pour laquelle les appareils photos sont, et depuis quelques décennies maintenant, équipés d'une cellule. Ceci-dit, le fait d'utiliser une cellule ne veut pas nécessairement dire que vous allez réussir votre exposition à tous les coups. Et pour vous aider un peu, les fabricants d'appareils photos vous permettent d'avoir accès à l'histogramme de vos prises de vues directement sur l'écran de votre appareil. Vous savez pas lire un histogramme ? Et bien apprendez, didiou !
Un histogramme, c'est ça :

L'histogramme représente la distribution de la gamme des tons d'une image.
- L'axe des abscisses (horizontal) indique la luminosité (sombre à gauche, lumineux à droite)
- L'axe des ordonnées (vertical) montre la quantité de pixels pour chaque valeur de luminosité.
Plus un "pic" est haut sur l'histogramme, plus la quantité de pixels de cette luminance est importante.
Un histogramme est généralement calculé sur 8 bits, de 0 à 255.
L'histogramme représenté ci-dessus est l'histogramme de la photographie à la prise de vue. Il nous indique notamment qu'il y a de nombreuses zones très claires dans cette image, mais pas uniquement. L'histogramme nous indique également qu'il n'y a pas ni de blancs cramés, ni de noirs bouchés dans cette image. Comment ? Du côté droit, on voit que la courbe chute à droite de l'histogramme, et qu'elle chute avant la limite de celui-ci. A gauche, pareil, la courbe chute avant la limite de l'histogramme.
Lorsqu'une photo est sur-exposée, l'histogramme ressemble un peu à ça :

A droite de l'histogramme, donc dans la région des très hautes lumières, on voit que la courbe n'a pas le temps de chuter qu'elle est déjà sortie de l'histogramme. En rouge sur l'image, on peut voir la zone cramée, sortie de l'histogramme, dénuée de la moindre donnée.
Et lorsqu'elle est sous-exposée, l'histogramme ressemble à ça :

A gauche de l'histogramme, dans la région des zones les plus sombres, on voit que la courbe n'a pas non-plus le temps de chuter et qu'elle sort de l'histogramme. En bleu sur l'image, on peut voir la zone bouchée, noire.
Voilà donc l'importance d'avoir à la prise de vue un histogramme tel que celui-ci :

Dénué de zones bouchées et de zones cramées, où chaque pixel est exploitable.
NOTE :
Un fichier RAW tel qu'un DNG issu d'un Leica M numérique n'est pas une image. C'est un fichier dont ni la balance des blancs ni le contraste sont définis et qui représente donc une multitude d'images différentes correspondant à toutes les possibilités de configuration de BDB, contraste, etc. L'histogramme indiqué par les logiciels de post-traitement n'est donc qu'une estimation, l'histogramme d'un RAW ne pouvant être affiché en deux dimensions.Exposer à droite, c'est quoi ?
La façon techniquement optimale d'exposer lors d'une prise de vue, c'est d'exposer à droite, c'est à dire de caler la chute des hautes lumières le plus à droite possible de l'histogramme, sans pour autant que les valeurs sortent de ce dernier. La photographie ci-dessus, par exemple, est exposée à droite. Vous pouvez voir que la courbe chute bien à droite de l'histogramme. Si j'avais ouvert mon diaph d'un stop supplémentaire ou exposé d'un stop plus longtemps ou encore augmenté la sensibilité de mon capteur d'un stop, les blancs seraient sortis de l'histogramme par la droite et j'aurais perdu des données (et donc des détails dans les hautes lumières).
Puisqu'il ne faut pas cramer les hautes lumières, pourquoi vouloir les pousser tout à droite alors qu'on peut sous-exposer et décaler toutes les valeurs vers la gauche ?
Dans une situation de lumière pas trop dynamique (comme sur la photo ci-dessus), on va préférer avoir une image la plus claire possible. Pourquoi ? En offrant à votre image le maximum de lumière dès la prise de vue, vous disposerez d'une plage de tonalités maximale dans les zones les plus sombres et exploiterez au maximum la performance du capteur de votre appareil photo. Ainsi, vous aurez une latitude de traitement beaucoup plus importante qu'avec une image sombre qui affichera du grain et des artefacts lorsque vous l'éclaircirez.
Pour exposer à droite, calculez tout simplement votre exposition en utilisant comme référence la zone la plus claire de votre image. En manuel, placez le patch du télémètre sur la zone la plus claire de l'image et tournez le barillet de vitesses jusqu'à ce que l'expo soit bonne. En mode A, placez le patch du télémètre sur la zone la plus claire de l'image et validez l'expo d'une demi-pression sur le déclencheur.
Cependant, exposer à droite a aussi ses limites, et elles sont rapidement atteintes lorsque vous vous trouvez dans une situation de lumière dynamique...
Ici, par exemple :

C'est une photo que j'ai faite en janvier 2014. Il faisait gris, relativement sombre, et la couverture nuageuse agissait comme un gigantesque diffuseur. J'étais, comme l'ombre de la voiture l'indique, en contre-jour et je ne voulais pas perdre de détails dans les ombres car c'est principalement les zones sombres de la composition qui m'intéressaient ici. Impossible d'exposer à droite, sinon j'aurais eu un maximum de détails dans le ciel, certes, mais il était d'un blanc uniforme de toute façon et j'aurais bouché une vaste quantité de détails dans les ombres, or c'est principalement le côté sombre de la voiture que j'avais en face de moi et où je voulais des détails. J'ai donc exposé au-delà de la droite et volontairement coupé une partie des blancs à droite de mon histogramme, au profit de détails plus riches dans les ombres. Cette méthode, différente de l'exposition à droite, s'appelle le "highlight clipping". Elle consiste, comme son nom l'indique, à sacrifier les plus hautes lumières de la photographie pour conserver plus de détails dans les ombres. Ca permet de sortir une belle image dans des conditions délicates telles que celles-ci.

Si la technique d'exposition à droite est optimale dans des conditions de lumière où le capteur de votre appareil est capable de restituer toute la dynamique de la scène, préférez le highlight clipping dans des conditions de dynamique importante. En mode manuel, surexposez d'un stop ou deux en vous basant sur la lumière réfléchie. En mode A, placez le patch du télémètre sur une zone intermédiaire au tiers de la distance entre votre sujet et la zone la plus claire de l'image avant de valider l'exposition par une demi-pression sur le déclencheur, dans 98% des cas, ça fait l'affaire.
La nuit...
La nuit, évidemment, inutile d'exposer à droite, sauf dans des cas bien particuliers. Vous n'allez pas faire péter le plafond des zizos et de la durée d'exposition à deux heures du matin sous prétexte d'exposer à droite, votre photo sera ruinée par le grain et le flou de bouger bien avant que vos hautes lumières n'aient atteint la droite de votre histogramme. Exposez correctement la nuit, voire un peu plus clair si vous le pouvez, mais inutile d'en faire des caisses.
Voilà, j'espère que ça en aidera quelques-uns, n'hésitez pas à ajouter des précisions ou des corrections si j'ai oublié des trucs ou si je me suis gouré !