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En juillet, nos roues nous ont portés à nouveau vers le nord, aux Pays-Bas, pour une dizaine de jour. La diversité européenne est étonnante, on découvre un pays très différent de la France : tolérant, pragmatique, … ! Pour des raisons familiales notre base arrière était à Delft, la patrie de Vermeer. Ville très agréable, beaucoup d’eau, beaucoup de vélos, comme l’illustrait cette image déjà postée, prise lors d’un autre séjour fin juin :



Météo et lumière n’étaient pas au rendez-vous. Dommage car je n’ai de temps pour photographier que pendant mes vacances. Ma production moyenne est d’une vingtaine de photos par jour, la plupart uniquement documentaires, d’autres dans lesquelles je lâche un peu mon « écriture photographique » que je commence seulement à entrevoir, après toutes ces années ! je vous laisse faire la différence.

Voici une image de Delft nettement plus carte postale !




La Nieuwe Kerk, que l’on aperçoit à l’arrière plan, est aménagée sobrement : les vitraux des églises de Delft furent soufflés par l’explosion d’une poudrière en 1654.




Il y a à Delft une seconde église, la Oude Kerk, dont les vitraux sont des chefs d’œuvres de Joep Nicolas, exécutés dans les années 1949-1961. Je n’ai rien fait de bon sur ces vitraux, voilà un aperçu de l’intérieur :




Delft est voisine immédiate de Rotterdam et Den Haag. Rotterdam détruite de fond en comble lors de la deuxième guerre mondiale, est une exposition d’architecture !





Mais comme c’est souvent le cas aux Pays-Bas, on y trouve (parmi 63 autres que nous n’avons pas vus…) un très beau musée, au nom imprononçable, le museum Boijmans van Beuningen. On y contemple de la peinture de moderne aux primitifs, dans une muséographie étonnante :



Une section est dédiée à des expos modernes, installations, …, en juillet une très belle expo d’une artiste multi-facettes, Sylvie Zijlmans, dont ces étonnants portraits rétro-éclairés, grandeur nature :



J’en ai quelques autres de Rotterdam, mais je passe à un aperçu de Den Haag, avec cette architecture verticale omniprésente dans le quartier de la gare centrale :



Parfois inquiétante !




Den Haag recèle un fabuleux musée de peinture, le Mauritshuis, des chefs d’œuvres les uns à coté des autres, dont la Jeune fille à la perle et la Vue de Delft, saisissants. On y voit aussi une expo de sculptures en plein air, cet été Bottero :




Les Pays-Bas, c’est bien entendu l’eau omniprésente, ici les étangs de Gouda avec des maisons et jardins superbes :




Eau plus démocratique, dans les canaux de drainage des polders :




Eau et serres, et cygnes bien sûr !




La suite dans un autre post, celui-là est déjà bien assez long !

Merci pour cette balade... malgré, quelquefois, des noirs un peu bouchés, je vais finir par croire que mon écran est mal calibré.

Laurent,

Quels film, appareil, objectif?
Mais quel joli coup d'oeil sur la Hollande! Et ne t'en fais pas, des cartes postales pareilles, on en redemande. Bravo.
Et pour arriver à prononcer l'imprononçable, viens faire un stage en Belgique.

Ha oui sapristi je mets toujours la technique à la fin !
Et là ça n'est pas fini !
Ben moi je fais dans la routine, la technique est quasiment toujours la même : M6ttl, E100 GX, cron50, cron35asph, biogon 21 ZM, LS 4000 ED/Vuescan.
Denis a raison, j'ai un peu forcé le ratio E/S dans les noirs, mais sinon j'avais quelques alias, la lumière était tellement dure que l'ekta peinait et en 2 passes les noirs grisouilles (les scans doivent aller vite, 4 passes je n'ai pas le temps).
Je vais essayer un post-traitement un peu moins extrêmiste...

Je continue la ballade néerlandaise.
De l’eau, donc, partout, et surtout dans le nord que nous ne verrons pas, faute de temps. Nous irons néanmoins jeter un œil à la Digue du Nord, impressionnant ouvrage. J’en ramène cette vue, une route partant vers l’infini…




Pas très loin, je surprends un petit groupe aux vêtements très colorés… Le temps de me placer, hélas, une jeune fille a bougé. Tant pis, la photo reste acceptable : elle évoque cette société néerlandaise multi-ethnique…




Retour vers le centre du pays avec un lieu étonnant. Ca commence par une ballade à vélo (35 km sur des vélos mis gratuitement à disposition) dans des paysages désolés, canicule aidant.



Au détour d’un bois, on débouche sur ce lieu incongru, avec Mr Jacques en sentinelle :




Il s’agi de la fondation Kröller-Müller, musée qui mérite largement ses 3 étoiles : il vaut vraiment le voyage.




Dans le hall d’entrée, je retrouve une vieille connaissance des photographes : l’Homme qui marche, de Giacometti ! (photo sur demande). La collection de peintures est éblouissante (au moins 40-50 Van Gogh, …).



Comme dans tout musée d’art moderne, des installations un peu foutraques…




A l’extérieur, un magnifique parc de sculptures, ici un Dubuffet monumental (un jardin de faïence) :




Plus classique :




Après ce grand moment, un passage à Haarlem, une de mes villes préférées avec Delft. Malheureusement, la lumière était désastreuse. On y trouve une cathédrale monumentale, illustrant la fortune de cette ville au 16ème-17ème siècles : St Bavon (comme à Gent)




A l’intérieur, spectaculaire, une minuscule sculpture aux armes de la ville :




Puis direction Amsterdam. La ville ne m’a pas séduit… Trop agitée, je n’en n’ai pas saisi l’âme. J’en retiendrai la frénésie des vélos, BCBG…



… ou plus trash !



Et bien entendu, des lumières magiques sur les canaux….




Pour vous donner envie de prendre votre voiture, et d’aller découvrir sur place le pindakaas Calvé et le Gouda fermier !!

Excellent... j'aime beaucoup ta deuxième fournée

j aime bcp

Comme d'habitude Laurent, tes posts sont l'occasion de constater que les Leica M sont de magnifiques appareils photo !! Démonstration s'appuyant aussi sur une technique sans faille : gestion de la couleur (exposition souvent pour les hautes lumières : c'est de l'inversible ? - du coup mon écran de portable décroche dans les ombres, mais je pense que les épreuves doivent être somptueuses) ; gestion de la vitesse (premier vélo en filé : magnifique ; vitesses lentes : voir le lustre dans l'église) ; gestion de la profondeur de champ (dans l'église également) etc...

Sur le voyage lui même, je suis bluffé par la diversité des lieux et des ambiances : j'ignorais qu'il existât des endroits si désertiques au centre des Pays-Bas ! Et puis tu nous conduis dans les musées, et tu fais des lieux connus des sujets pour des photos presque symboliques.

Ceci m'amène à un sujet qui m'intéresse et sur lequel j'aimerais que tu reviennes car tu demeures elliptique, c'est celui de ton écriture photographique. Tu sens, comme nous tous, la différence entre la carte postale (même celle qu'on ne peut s'empêcher d'avoir envie de réussir), et la photo intérieure. Quelles sont les photos que tu as faites "intérieurement" (je n'ose pas dire instinctivement), parmi celles qui sont postées ?

Bon, en attendant ta réponse :

Un mot sur l’écriture photographique.
Une fois passée l’exaltation du débutant, avec la durée, se pose inévitablement la question de la démarche : pourquoi photographie-t-on ? Il y a des tas de réponses toutes légitimes, certains aimant la technique, la manipulation du matériel, d’autres le reportage aussi objectif que possible, d’autres montant des expos, … enfin bref on doit devenir quelqu’un à part tout en s’identifiant, parfois, à d’autres.
Ma seule identification avec HCB est que, comme lui, grâce à un stimulus familial déterminé ( !), j’ai appris à apprendre de la peinture et des peintres (notamment comment l’on mûrit avec l’âge). Et j’ai aussi énormément appris ici sur summilux, sur le fond. J’y ai aussi appris que certains ne vont pas, amha, au bout de leur démarche, ils restent en route. Evidemment je ne juge pas, du moment que c’est un choix conscient qui procure du plaisir. Mais ça renforce l’idée de vraiment chercher une écriture. Avoir du talent c’est une autre affaire…

Mon premier postulat : la technique doit être « signée ». Emulsions, focales, post-traitement : je ne papillonne plus. J’ai appris cela de Dido. Merci Eric. Donc inversible pour le référentiel couleur, ekta pour le scan. Et travailler, travailler encore la technique numérique (en couleur, le labo n’existe plus) pour avoir un rendu homogène (matcher).

Mon deuxième postulat : on peut toujours changer de matériel, on ne refait pas son regard. Le matériel ne fait pas la photo. Un deuxième boîtier chargé en néga 800 me manque un peu pour la nuit (cf mes images de Venise). Tant pis pour la nuit.

Certes mais que vois-je donc, que voyons-nous ? On en arrive à la grande question : la « subjectivation du réel » !! Qu’avons nous envie d’attraper pour montrer aux autres ?
Peut-être bien que personne ne voit la même chose. Le problème avec la photo, c’est qu’on ne peut saisir que le réel. Mon réel à moi, c’est la lumière et la couleur, la plastique de la scène, le contenu se construit ensuite d’un seul coup.
Un peu long comme post, on pourrait en parler sans fin…

Je suis vraiment séduit par les cadrages, les couleurs et les points de vue.

Une belle ballade photographique, merci.

Pas si long et éclairant (si j'ose dire)...

Une des mes tantes ne fait que des photos couleurs parce qu'elle ne voit du réel que des taches de couleur assemblées, que ce n'est que cela qui attire son regard. C'est donc ce qui motive et conduit ses déclics - et dans le meilleur des cas ses compositions. Moi ce serait plutôt le dessin (la bande dessinée, ou le cinéma N&B) : j'ai tendance à voir surtout des valeurs et des masses. Ce sont d'abord les masses qui me font choisir les négas à l'éditing, je ne regarde jamais le sujet). Mais je ne peux pas dire que j'étais comme ça au départ : j'ai plutôt essayé de copier des photographes qui faisaient ainsi, dont HCB évidemment (lui plutôt comme un pionnier). Par ailleurs, si c'est désormais devenu "mon style" (quel grand mot), c'est plutôt que j'ai décidé de me restreindre au N&B pour des raisons techniques. Donc rien à voir avec un choix artistique, a posteriori. La preuve : avec les années, le désir de couleur revient et je succombe très facilement...

Le concept d'écriture photographique reste donc obscur au regard de mon expérience, et ce qu'en pensent les autres m'intéresse. Tout au plus puis-je dire que j'ai aujourd'hui le sentiment qu'il faut énormément de volonté et de pratique pour que cette "chose bizarre" qu'est le style s'exprime enfin. Et que cela n'a rien d'un postulat. A côté de cela, je ne nie pas cependant une certaine rétroaction de l'editing et du tirage sur la façon de photographier. Je pense que c'est peut-être la seule part consciente (ou sub-consciente) dans le processus de génération du style. A part chez les artistes conceptuels, pour qui le discours ou le projet pré-existent, évidemment...

8)

Merci pour cette très belle ballade!!!
Liv

Comme le fait remarquer Jean-Yves, une page de LaurentT se remarque et se reconnait au premier coup d'œil (certes ce n'est pas ce qu'il écrit, mais c'est un corrolaire).

Je vais quand-même terminer ce message en précisant ce que j'apprécie chez LaurentT. Pas les photos d'architecture et autres églises (1) (bon sang il exagère avec tout ce qu'il nous impose clame la foule révoltée), pas spécifiquement les photos de rue ou de paysages, que je regarde avec plaisir, comme on feuillette un magazine de bonne qualité, mais avant tout, ce que je retiendrais de LaurentT, c'est cette capacité à transfigurer, retourner, distiller (!) des mises en scène, regard particulier qu'il propose au fil de ses divers posts, photos qu'il prend là où d'autres (moi par exemple) n'en prendraient aucune, car ce qui est là, ce pour quoi l'on s'est déplacé, est proposé au regard, filtre vers une autre découverte. Avec constance, il détourne ce regard, et c'est adroit, drôle, même émouvant.

Génial :


Pas mal non plus :

(1) j'ai même souvent un rejet des photos d'architecture religieuse…

Merci pour les commentaires sympas, et pour l’ouverture de la discussion.
Pour continuer sur l’écriture, il est évident qu’elle passe aussi par la technique. Technique qu’il faut ensuite totalement oublier. Coignet, tu as forcément un style mais peut-être ne le cherches-tu pas assez ? Ou alors le fait d’utiliser la photo pour ton travail déforme ton rapport à l’image ? Et au fait est-ce que ça te manque ?
Et puis attention, un biais (sympathique) de summilux consiste à penser que par définition, un leica fait de bonnes photos… Ou impose de fait certains choix, par exemple celui du N&B.
Je ressens que pour certains ici, ce choix du N&B est un choix plutôt « mythologique », ou encore un choix « artisan », le plaisir de la manipulation des bains et de l’ambiance associée. Mais pas vraiment un choix d’écriture.
Par exemple : Jean-Yves, je ne suis pas convaincu par ton choix du N&B (je l’ai déjà dit et je maintiens) au sens où tes images appellent la couleur, par contre Rainer a une véritable écriture N&B.
Un autre biais qu’il m’a semblé identifier : certains restent parfois centrés sur le contenu de l’image même, soit par ce qu’il montre au premier degré, soit par ce qu’il semble exprimer de trop profond pour l’auteur (je ne donne pas d’exemples mais j’en ai en tête, dans le contexte je crois que je serais mal compris…)
Tout cela étant évidemment subjectif. Et ne devant pas gâcher le plaisir.

Pour en revenir aux commentaires, un fil « voyage » doit à mon avis proposer une base documentaire, incluant les églises :wink : et quelques digressions remises dans le contexte. Les digressions seules n’auraient pas de sens. Je n’aime pas trop les images isolées. Je trouve que très peu de photos tiennent seules. Par exemple je ne suis pas conquis par la rubrique sans un mot, j’ai du mal à accrocher…

A suivre sans doute…

Laurent, en ce qui concerne le N&B, par comparaison à la couleur, il me semble que l'écriture qu'exige le N&B pour fonctionner est basée sur la lumière (les valeurs, pour ceux qui ont fait du dessin), alors que celle-ci n'a pas tellement d'importance en couleur. Or, en ce qui concerne Rainer, par exemple (que j'adore), et puisque tu le cites, il me semble que c'est plutôt par ses sujets, sa distance, ses cadrages qu'on le reconnaît. Bien sûr, il ne rate pas les occasions où la lumière fait un cadeau (comme dans cette photo du matelas dans une pièce abandonnée, volets clos), mais ce n'est pas ce qui conduit sa démarche ni ce qui caractérise son style, à mon avis. Je ne suis donc pas tellement d'accord avec l'idée que la grammaire photographique de Rainer soit le N&B.

Ceci vaut je pense pour beaucoup d'entre nous. Je crois vraiment que la pratique du N&B, dans beaucoup de cas, est liée à la volonté de contrôler le processus de fabrication des images de bout en bout, et pas tellement un choix esthétique a priori.

J'aime décidément bien ce fil, même s'il n'est plus tellement question de Voyages...