
Le voyage à Bayreuth fait partie de ces voyages musicaux mythiques comme Salzbourg, Aldeburgh ou Glyndebourne pour ne citer que ceux là.
1. La particularité du festival de Bayreuth est de n'être consacré qu'à un seul compositeur, et fondateur du festival, Richard Wagner.

La légende a évidemment de multiples facettes et l'endroit est bien particulier.
Bayreuth est à environ 80 km au Nord de Nuremberg, en Franconie, rattachée à la Bavière dans les suites du Traité de Lunéville (1801) qui redécoupa une partie de l'Europe,
ce qui fut parachevé au moment du Traité de Vienne en 1815..
Il faut lire le délicieux livre de Lavignac, "le voyage artistique à Bayreuth" pour comprendre le mythe, et voir aussi que rien n'a changé ou presque :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9 ... 6item.zoom.
Je me souviens aussi de l'historien Jean Favier, excellent organiste par ailleurs, racontant que, ayant promis de se prosterner après avoir passé la pancarte "Bayreuth",
il avait dû le faire sur le bitume d'une station service.
Pour ma part, j'ai eu la chance d'y aller trois fois en 22 ans et l'attribution des places repose sur un système complexe qui est une sorte de loterie mondialisée,
la demande excédant largement le nombre de places malgré une durée de 5 semaines et la taille du théâtre (1974 places).
2. L'histoire de Wagner a suscité de nombreux écrits, sur sa vie comme sur ses errances philosophiques et certains amalgames bien fondés.
Elle est, en partie, indissociable de la relation entre Wagner et son mécène, Louis II de Bavière, dont le buste précède la villa Whanfried, maison de Wagner à Bayreuth.

La villa a été en grande partie détruite pendant les bombardements de 1945 et Bayreuth a payé lourdement son rôle central dans la propagande du 3° Reich..
Wieland Wagner, fils de Siegfried et petit fils de Richard, l'a reconstruite et son frère Wolfgang a en fait don à la ville en 1973. La villa a été transformée en musée.
3. Un nouveau musée a été ouvert dans le parc, dans un style aussi minimaliste que celui de Mies Van Der Rohe qui avait déclenché un scandale
avec le pavillon allemand (encore sous le régime de la république de Weimar) lors de l'exposition universelle de 1929 à Barcelone.

4. Le musée est tout à fait intéressant, complétant la villa, l'ensemble n'évitant aucun sujet...

Le profil de Wagner et le portrait de Wieland qui a sauvé le festival
5. Le minimalisme se prête à la méditation et à l'écoute de la sonothèque exhaustive (casques Sennheiser)

6. Le musée présente aussi des éléments de décor, ici pour la Walkyrie au début du XX° siècle

7. Ou des costumes, plus récents, qui démystifient la ferblanterie associée à Wagner...

8. 75 chefs sont venus diriger à ce jour à Bayreuth, dont Hermann Levi (2° sur la rangée du haut),
que Wagner aurait voulu convertir au christianisme avant la première de Parsifal.

9. Le piano (2,10m) du beau-père de Wagner, Franz Liszt, trône dans le grand salon de la villa

10. Dans le jardin, la tombe de Wagner et de sa deuxième femme, Cosima, fille de Liszt et de Marie d'Agoult,
divorcée de Hans Von Bulow, chef d'orchestre wagnérien...

11. Créée de son vivant par Wagner et bien visible du salon.
Toute en sobriété !

12. La maquette du Festpielhaus montre bien l'importance de la partie technique,
de grande hauteur avec une scène de très grande profondeur.

13. L'accès à la colline sacrée se fait par une longue avenue, à 4 km du centre de la ville.

Le Palais des festivals ouvre ses portes le 13 août 1876, à l'occasion de la représentation de L'Or du Rhin,
début d'exécution de trois cycles complets de la Tétralogie.
14. Ce que rappelle cette plaque dans l'entrée principale

D'illustres invités sont conviés à ce premier festival : l'empereur Guillaume Ier, l'empereur Pierre II du Brésil,
le roi Louis II – qui reste incognito –, ainsi que les compositeurs Bruckner, Grieg, Augusta Holmès, Vincent d'Indy,
Liszt, Saint-Saëns, Tchaïkovski et Charles-Marie Widor.
D'un point de vue artistique, ce festival est un succès remarquable. Tchaïkovski, qui y a assisté en tant que correspondant russe, écrit :
« Ce qui s'est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance».
Financièrement, c'est toutefois un désastre absolu.
Wagner doit renoncer à organiser un second festival l'année suivante et tente de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres
15. Du haut de la tribune, les musiciens appellent les spectateurs 15 mn, 10 mn puis 5 mn avant le lever de rideau en jouant
un thème/leitmotiv de l'Opéra représenté

16. On peut aussi attendre dans l'enceinte du bâtiment, essentiellement en bois

17. L'accès est strictement contrôlé, sécurité et tickets

18. La salle est d'époque, un peu balnéaire et assez banale...

19. Les sièges sont spartiates et le plancher est en bois brut

Ils sont cependant assez confortables, larges et il y a de la place pour les jambes.
J'ai toujours été frappé à Bayreuth par la qualité de l'écoute : pas de bruits intempestifs...
Le public tape des pieds sur le parquet au tomber du rideau pour marquer son approbation,
ce qui n'empêche pas les sifflets ou les huées, souvent adressés aux metteurs en scène.
Pas de climatisation et il fait souvent chaud en Bavière l'été.
20. Les entractes sont longs, une heure en moyenne, ce qui permet de se promener ou de restaurer.
L'organisation typique est la suivante : lever de rideau à 16 heures et deux entractes de une heure,
soit une fin entre 22 h et 22h30 pour les grands/longs opéras.
Le Ring (Anneau des Nibelungen) commence par un Prologue, Rheingold, joué le samedi, suivi de la première journée,
Die Walküre (La Walkyrie) jouée le dimanche, puis de Siegfried le mardi et de Götterdamerung (Le Crépuscule des Dieux) le jeudi.
Le lundi a été consacré aux Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Meistersinger) et le mercredi à Tristan und Isolde.
Pour notre part, nous nous en sommes tenus au Ring et nous avons exploré Bayreuth et sa région, très riche !

21. La fosse d'orchestre est couverte et le son est projeté vers la scène par une espèce de conque.
Il en résulte une acoustique particulière qui permet d'entendre le moindre détail.

22. La scène est haute et profonde

Salut à la fin de la 2° journée, Siegried (mise en scène de Frank Castorf, né à Berlin en 1951)
23. Les musiciens ne sont pas en frac , sauf le chef (Marek Janowski, 79 printemps)

L'orchestre n'est pas un orchestre permanent et tous les musiciens viennent d'Allemagne, à l'exception d'un altiste (français).
Les choeurs sont plus variés.
21. Le buste de Wagner est à l'ombre sous de grands arbres

22. Il surplombe un jardin dédié aux musiciens juifs associés à l'histoire du Festival,

avec leur biographie et leur destinée, souvent terminée dans un camp, à Therezin mais aussi ailleurs.
Le musée ni les panneaux ne masquent quoi que ce soit, l'antisémitisme de Wagner ou les relations de la
famille Wagner dont Winnifred avec le nazisme et avec Hitler ("l'oncle Wolf").
23. Le buste de Cosima est plus au soleil

Elle s'est avérée encore plus antisémite, et agressive, que Wagner.
Etrange destinée que celle de cette femme qui a eu pendant 10 ans une liaison avec Wagner alors que son mari, Hans Von Bulow,
dirigeait les oeuvres de Wagner. Femme indépendante et brillante, elle s'est totalement mise au service de la cause de Wagner ensuite
(décédée en 1930).
Les deux bustes sont de Arno Breker (1900-1991), artiste officiel du Reich.
24. Le parking reflète les goûts éclectiques des auditeurs, nullement compassés...

Leica M Monochrom
35 mm et 90 mm
Suite un des ces jours, avec Bayreuth et les environs !
1. La particularité du festival de Bayreuth est de n'être consacré qu'à un seul compositeur, et fondateur du festival, Richard Wagner.

La légende a évidemment de multiples facettes et l'endroit est bien particulier.
Bayreuth est à environ 80 km au Nord de Nuremberg, en Franconie, rattachée à la Bavière dans les suites du Traité de Lunéville (1801) qui redécoupa une partie de l'Europe,
ce qui fut parachevé au moment du Traité de Vienne en 1815..
Il faut lire le délicieux livre de Lavignac, "le voyage artistique à Bayreuth" pour comprendre le mythe, et voir aussi que rien n'a changé ou presque :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9 ... 6item.zoom.
Je me souviens aussi de l'historien Jean Favier, excellent organiste par ailleurs, racontant que, ayant promis de se prosterner après avoir passé la pancarte "Bayreuth",
il avait dû le faire sur le bitume d'une station service.
Pour ma part, j'ai eu la chance d'y aller trois fois en 22 ans et l'attribution des places repose sur un système complexe qui est une sorte de loterie mondialisée,
la demande excédant largement le nombre de places malgré une durée de 5 semaines et la taille du théâtre (1974 places).
2. L'histoire de Wagner a suscité de nombreux écrits, sur sa vie comme sur ses errances philosophiques et certains amalgames bien fondés.
Elle est, en partie, indissociable de la relation entre Wagner et son mécène, Louis II de Bavière, dont le buste précède la villa Whanfried, maison de Wagner à Bayreuth.

La villa a été en grande partie détruite pendant les bombardements de 1945 et Bayreuth a payé lourdement son rôle central dans la propagande du 3° Reich..
Wieland Wagner, fils de Siegfried et petit fils de Richard, l'a reconstruite et son frère Wolfgang a en fait don à la ville en 1973. La villa a été transformée en musée.
3. Un nouveau musée a été ouvert dans le parc, dans un style aussi minimaliste que celui de Mies Van Der Rohe qui avait déclenché un scandale
avec le pavillon allemand (encore sous le régime de la république de Weimar) lors de l'exposition universelle de 1929 à Barcelone.

4. Le musée est tout à fait intéressant, complétant la villa, l'ensemble n'évitant aucun sujet...

Le profil de Wagner et le portrait de Wieland qui a sauvé le festival
5. Le minimalisme se prête à la méditation et à l'écoute de la sonothèque exhaustive (casques Sennheiser)

6. Le musée présente aussi des éléments de décor, ici pour la Walkyrie au début du XX° siècle

7. Ou des costumes, plus récents, qui démystifient la ferblanterie associée à Wagner...

8. 75 chefs sont venus diriger à ce jour à Bayreuth, dont Hermann Levi (2° sur la rangée du haut),
que Wagner aurait voulu convertir au christianisme avant la première de Parsifal.

9. Le piano (2,10m) du beau-père de Wagner, Franz Liszt, trône dans le grand salon de la villa

10. Dans le jardin, la tombe de Wagner et de sa deuxième femme, Cosima, fille de Liszt et de Marie d'Agoult,
divorcée de Hans Von Bulow, chef d'orchestre wagnérien...

11. Créée de son vivant par Wagner et bien visible du salon.
Toute en sobriété !

12. La maquette du Festpielhaus montre bien l'importance de la partie technique,
de grande hauteur avec une scène de très grande profondeur.

13. L'accès à la colline sacrée se fait par une longue avenue, à 4 km du centre de la ville.

Le Palais des festivals ouvre ses portes le 13 août 1876, à l'occasion de la représentation de L'Or du Rhin,
début d'exécution de trois cycles complets de la Tétralogie.
14. Ce que rappelle cette plaque dans l'entrée principale

D'illustres invités sont conviés à ce premier festival : l'empereur Guillaume Ier, l'empereur Pierre II du Brésil,
le roi Louis II – qui reste incognito –, ainsi que les compositeurs Bruckner, Grieg, Augusta Holmès, Vincent d'Indy,
Liszt, Saint-Saëns, Tchaïkovski et Charles-Marie Widor.
D'un point de vue artistique, ce festival est un succès remarquable. Tchaïkovski, qui y a assisté en tant que correspondant russe, écrit :
« Ce qui s'est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance».
Financièrement, c'est toutefois un désastre absolu.
Wagner doit renoncer à organiser un second festival l'année suivante et tente de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres
15. Du haut de la tribune, les musiciens appellent les spectateurs 15 mn, 10 mn puis 5 mn avant le lever de rideau en jouant
un thème/leitmotiv de l'Opéra représenté

16. On peut aussi attendre dans l'enceinte du bâtiment, essentiellement en bois

17. L'accès est strictement contrôlé, sécurité et tickets

18. La salle est d'époque, un peu balnéaire et assez banale...

19. Les sièges sont spartiates et le plancher est en bois brut

Ils sont cependant assez confortables, larges et il y a de la place pour les jambes.
J'ai toujours été frappé à Bayreuth par la qualité de l'écoute : pas de bruits intempestifs...
Le public tape des pieds sur le parquet au tomber du rideau pour marquer son approbation,
ce qui n'empêche pas les sifflets ou les huées, souvent adressés aux metteurs en scène.
Pas de climatisation et il fait souvent chaud en Bavière l'été.
20. Les entractes sont longs, une heure en moyenne, ce qui permet de se promener ou de restaurer.
L'organisation typique est la suivante : lever de rideau à 16 heures et deux entractes de une heure,
soit une fin entre 22 h et 22h30 pour les grands/longs opéras.
Le Ring (Anneau des Nibelungen) commence par un Prologue, Rheingold, joué le samedi, suivi de la première journée,
Die Walküre (La Walkyrie) jouée le dimanche, puis de Siegfried le mardi et de Götterdamerung (Le Crépuscule des Dieux) le jeudi.
Le lundi a été consacré aux Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Meistersinger) et le mercredi à Tristan und Isolde.
Pour notre part, nous nous en sommes tenus au Ring et nous avons exploré Bayreuth et sa région, très riche !

21. La fosse d'orchestre est couverte et le son est projeté vers la scène par une espèce de conque.
Il en résulte une acoustique particulière qui permet d'entendre le moindre détail.

22. La scène est haute et profonde

Salut à la fin de la 2° journée, Siegried (mise en scène de Frank Castorf, né à Berlin en 1951)
23. Les musiciens ne sont pas en frac , sauf le chef (Marek Janowski, 79 printemps)

L'orchestre n'est pas un orchestre permanent et tous les musiciens viennent d'Allemagne, à l'exception d'un altiste (français).
Les choeurs sont plus variés.
21. Le buste de Wagner est à l'ombre sous de grands arbres

22. Il surplombe un jardin dédié aux musiciens juifs associés à l'histoire du Festival,

avec leur biographie et leur destinée, souvent terminée dans un camp, à Therezin mais aussi ailleurs.
Le musée ni les panneaux ne masquent quoi que ce soit, l'antisémitisme de Wagner ou les relations de la
famille Wagner dont Winnifred avec le nazisme et avec Hitler ("l'oncle Wolf").
23. Le buste de Cosima est plus au soleil

Elle s'est avérée encore plus antisémite, et agressive, que Wagner.
Etrange destinée que celle de cette femme qui a eu pendant 10 ans une liaison avec Wagner alors que son mari, Hans Von Bulow,
dirigeait les oeuvres de Wagner. Femme indépendante et brillante, elle s'est totalement mise au service de la cause de Wagner ensuite
(décédée en 1930).
Les deux bustes sont de Arno Breker (1900-1991), artiste officiel du Reich.
24. Le parking reflète les goûts éclectiques des auditeurs, nullement compassés...



Suite un des ces jours, avec Bayreuth et les environs !