Octobre au Népal
Posté: lundi 11 décembre 2006 - 23:20
Cher(e)s ami(e)s,
Je ne suis plus guère le forum, obligations professionnelles obligent, mais je dois dire que mon silence n'est pas synonyme de désintérêt pour vos photos, surtout celles qui concernent les voyages ! Et j'en profite pour remercier les autres modérateurs, Jean D. et Coignet, de faire un si joli travail de suivi depuis le début.
Voici comme promis quelques photos du Népal, où j’ai fait un voyage en octobre dernier avec le CBGA (Centre Briançonnais de Géologie Alpine). Le but était de faire une traversée géologique du moyen Himalaya en remontant à pied la vallée de la Kali Gandaki, qui recoupe notamment une impressionnante série de roches provenant de la base de la croûte continentale (plus de 40 km de profondeur), la « dalle du Tibet ». C’était donc surtout du boulot et je n’ai eu que peu de temps pour les photos. Après avoir hésité avec de la couleur, j’ai finalement décidé de rester fidèle au N&B, parce qu’il permet une restitution plus universelle de la chose vue, et notamment des sujets sociaux qui me sont chers.
Je vous livre donc ces photos de bord de route, ou de vagabondage à Katmandu la veille du départ, à prendre comme un premier bloc notes du Népal – et surtout pas comme un reportage, terme à mon sens un peu trop banalisé. J’ai sélectionné les vues pour lesquelles il me semblait qu’une légende intéressante pouvait être écrite. (Ce qui n’est pas, bien sûr, une stratégie visant à exonérer les images de leurs défauts techniques !). Des commentaires précisant ces légendes sont les bienvenus.
Toutes les photos ont été faites au MP et au Summicron 35 mm, sauf les 403-50, 406-5 et 407-34, qui ont été faites au 21 mm f :2,8 Avenon (objectif que je découvre et dont j’ai déjà commencé à parler ici). Le film est surtout du Foma 400 développé dans de l’A49 Bergger à 1+1. Les images sont scannées avec un Nikon Coolscan EDV sous Vuescan en 16 bits (passe-vue automatique limé pour permettre les liserés noirs) et améliorées sous Photoshop (niveaux et accentuation).
405-20 : La vallée de la Kali Gandaki vue d’avion au décollage de Jomsom. Une des plus belles rivières en tresses que je connaisse. Depuis le Moyen-Âge au moins, les hommes cultivent ses berges en terrasses, comme ici sur le cône alluvial qui débouche dans la vallée à droite de la photo.
404-75 : La croisée de deux chemins, à proximité de Kagbeni. Deux bancs pour prendre le temps de choisir lequel suivre. Par celui de gauche on accède au royaume du Mustang, réservé aux voyageurs s’étant acquittés d’un permis spécial.
400-62 : Peu de véhicules circulent sur les pistes de la haute vallée. Vivres, pierre de taille, bois de chauffe : autant de marchandises transportées sur le dos des animaux ou des êtres humains que j’ai pu photographier en cinq jours de marche. Une telle scène de portage, sidérante pour celui qui débarque ici, devient rapidement banale.
401-15 : Le portage est une activité professionnelle, comme le savent tous les lecteurs de Tintin. Mais il faut voir ces sherpas, parfois si frêles, écrasés entre les cailloux du chemin et les énormes ballots qu’ils portent, par le front et les reins, pour prendre la mesure de leur humanité. Ce vieil homme au geste économe avait un centimètre de corne sous les talons, comme cela ne se voit toutefois pas sur cette photo volée.
402-64 : Le portage peut rapidement devenir un thème de reportage sur cette route. Ici, de petits porteurs de bois de chauffe, au départ de l’auberge, par un matin frisquet.
405-86 : La pause des sherpas, dont les charges reposent sur le muret au second plan. Le nombre des sherpas est corrélé à celui des trekkeurs, dont ils portent les sacs. Nous n’avons pas fait exception.
404-87 : Muktinath. Plus on monte, plus les infrastructures sont rudimentaires. Ici, les fils électriques n’en sont pas, mais des tuyaux qui acheminent à la fontaine du village l’eau stockée sur les toits.
403-50 : Muktinath. Sur le toit de l’hôtel, nos citernes d’eau, connectées entre elles et avec celles des autres maisons par des tuyaux qui pendent comme des lianes. La pression est assurée par la position des sources captées en contre-haut, dans la montagne.
402-70 : Kagbeni. Un thème qui me paraît porteur : la juxtaposition entre des technologies modernes et des usages ancestraux. Ici, les antennes paraboliques, qui nous relient à la civilisation d’en bas, et les ânes qui attendent d’être bâtés pour le départ.
403-42 : Jarkhot. Je continue à décliner ce thème des rapprochements incongrus. Ici, la parabole est un four solaire en métal, au foyer duquel la bouilloire attend tranquillement son heure. En arrière-plan, madame est à son métier à tisser.
403-46 : Vers Marpha. Encore une variation sur le thème du choc des cultures, avec ici en outre un point commun aux deux civilisations : l’utilisation du poteau de bois… Le Népal est couvert de drapeaux à prières dont les signes vibrent en permanence dans le vent.
402-74 : Kagbeni. La visite de cet étonnant village nous plonge dans le Moyen-Âge. Ce ne sera pas la seule fois que je vois un paysan avec un araire sur l’épaule. Nous avons eu le bonheur, lors d’une pause dans la campagne, d’entendre la mélopée du laboureur, pieds nus sur son araire, dirigeant de la voix et des mains le bœuf sur lequel il s’appuie, pendant que de l’encens brûle au coin du champ.
402-60 : Entre Kagbeni et Jomsom, un homme et son fils vendaient des pommes, des bijoux et des fossiles d’ammonites jurassiques sur le bord du chemin, avec pour toute enseigne ces têtes de yack.
404-59 : Le premier village du Mustang après Muktinath (avec en arrière-plan le Thorung). J’ai fait aussi plusieurs photos des pierres plates, gravées de bas-reliefs, qu’on voit sur les murets du village. Les moulins ne sont pas toujours aussi décorés (parfois ce sont des boites de conserve recyclées), mais le mur qui les abrite est là, immuable, dans le moindre hameau.
404-9 : Dans ce même village, en examinant les moulins à prières, je capte soudain une vision de la vie qui passe. Le fardeau d’un jour entre deux prières.
404-17 : Toujours dans ce village, lors de la visite du temple, perché en haut d’une colline. Un belvédère avec une vue magnifique. Dans la cour, sur une table, des moinillons font leurs devoirs, sous les drapeaux à prières qui brillent dans le soleil. L’entrée du temple, sous un auvent, abrite un moulin à prières et des fresques historiées de la vie de Bouddha, dont la proximité avec le portrait officiel du roi laisse perplexe (qui cherche la bienveillance de qui ?).
403-1 : Le mur et les drapeaux de prières de Kagbeni. C’était saugrenu mais j’ai quand même pensé à Boubat en faisant cette photo. A cause de la poule, sans doute ?
403-48 : En redescendant de Muktinath, la bénédiction du Bouddha dont la paix étrange s’étend sur toute la montagne.
403-10 : Kagbeni. Un certain paganisme continue d’affleurer dans ces représentations de bons génies qu’on rencontre au détour des ruelles. Je n’ai pas pu savoir si celui-ci était le génie du plaisir ou celui de la fertilité. Toujours est-il que son glorieux sexe de bois était très largement poli au niveau du gland. Cette femme en détourna-t-elle volontairement les yeux en passant devant, comme cette image furtive le suggère ? La photo est souvent, aussi, le plaisir de son interprétation, à la lisière du fantasme.
405-54 : Dans le parc national de Chitwan, au sud du Népal. Passage brutal à l’ambiance tropicale du sous-continent indien. Nous n’avons pas résisté à l’appel de la balade en éléphant. J’ai attendu un long moment pour pouvoir faire cette photo, car normalement les oreilles de l’éléphant recouvrent le pied du cornac. Il manque ici le gourdin dont ce dernier use pour taper sur le crâne du pachyderme afin de lui indiquer la marche à suivre.
407-24 : Retour à Katmandu, la veille du départ. Libéré de mes préoccupations géologiques, je fais 6 rouleaux dans la journée. Dans sa plus grande partie, Katmandu ne ressemble pas à la ville mythique de la flower generation, mais à une métropole campagnarde d’Asie.
407-1 : Du bus j’avais repéré dans un quartier périphérique un terrain vague où des gamins jouaient le matin au foot et au cricket. J’y revins l’après-midi avec un taxi (on le voit qui m’attend au fond de la photo), mais je le trouvais presque désert, à l’exception notable de cette femme endormie. Contraste étonnant avec l’autre partie de la ville, grouillante et besogneuse.
407-22 : Avant de reprendre mon taxi, je fais le tour de ce quartier populaire. Les motos et les voitures évitaient cette vache couchée sur la chaussée au pied d’un énorme banian.
407-8 : En descendant la rue de la photo précédente, je croise le regard du monsieur à la moustache, Krishna Pathak, qui donnait des bourrades au deuxième monsieur. Il me sourit et nous engageons la conversation. Puis il m’invite à boire le thé au lait, alors que le taxi m’attend toujours là-haut et que j’ai déjà une demi-heure de retard. Cet homme aimerait venir travailler en France. Avant de le quitter, je prends cette photo de lui.
407-28 : Redescendu dans le centre de Katmandu, je fais connaissance avec monsieur Tuyulal Shrestra et sa famille (?), dans une cour intérieure. Au lieu de photographier l’architecture (pourtant admirable), je fais des portraits de ces gens rieurs avec qui je communique par l’intermédiaire d’une parente anglophone.
406-5 : Dans un des temples les plus célèbres de Katmandu, on passe d’une cour à l’autre, chaque lieu ayant une vocation spirituelle dont je continuerai longtemps d’ignorer les subtilités. Mais sur l’esplanade, à l’étage supérieur, d’où la vue embrasse tout un quartier de la ville, dans la lumière des milliers de drapeaux à prière, un étrange sentiment d’accession s’empare du visiteur. L’intérêt, ici, devant cette famille en train de préparer des offrandes sous les yeux blasés du gardien, était surtout dans la « composition sociale ».
407-34 : Fin de mes déambulations à Katmandu. La nuit commence à tomber, ce sont mes dernières photos exploitables. Je suis resté longtemps sur la place de cette pagode, dont l’accès ne se fait que sur un seul côté. De nombreux gamins y jouaient, dans la joyeuse connivence du sacré. J’imaginais avec un sourire la même scène sur les lieux de nos églises…
Parfois, j’imagine que, quand la force de voyager me manquera, il me restera ces fragments, parmi tant d’autres, pour recomposer le puzzle de mes souvenirs. L’intégrité physique des négatifs, et la somme des classeurs alignés qui les contiennent, sont des témoignages rassurants de leur réalité et de leur permanence. Longue vie à l’argentique !
Je ne suis plus guère le forum, obligations professionnelles obligent, mais je dois dire que mon silence n'est pas synonyme de désintérêt pour vos photos, surtout celles qui concernent les voyages ! Et j'en profite pour remercier les autres modérateurs, Jean D. et Coignet, de faire un si joli travail de suivi depuis le début.
Voici comme promis quelques photos du Népal, où j’ai fait un voyage en octobre dernier avec le CBGA (Centre Briançonnais de Géologie Alpine). Le but était de faire une traversée géologique du moyen Himalaya en remontant à pied la vallée de la Kali Gandaki, qui recoupe notamment une impressionnante série de roches provenant de la base de la croûte continentale (plus de 40 km de profondeur), la « dalle du Tibet ». C’était donc surtout du boulot et je n’ai eu que peu de temps pour les photos. Après avoir hésité avec de la couleur, j’ai finalement décidé de rester fidèle au N&B, parce qu’il permet une restitution plus universelle de la chose vue, et notamment des sujets sociaux qui me sont chers.
Je vous livre donc ces photos de bord de route, ou de vagabondage à Katmandu la veille du départ, à prendre comme un premier bloc notes du Népal – et surtout pas comme un reportage, terme à mon sens un peu trop banalisé. J’ai sélectionné les vues pour lesquelles il me semblait qu’une légende intéressante pouvait être écrite. (Ce qui n’est pas, bien sûr, une stratégie visant à exonérer les images de leurs défauts techniques !). Des commentaires précisant ces légendes sont les bienvenus.
Toutes les photos ont été faites au MP et au Summicron 35 mm, sauf les 403-50, 406-5 et 407-34, qui ont été faites au 21 mm f :2,8 Avenon (objectif que je découvre et dont j’ai déjà commencé à parler ici). Le film est surtout du Foma 400 développé dans de l’A49 Bergger à 1+1. Les images sont scannées avec un Nikon Coolscan EDV sous Vuescan en 16 bits (passe-vue automatique limé pour permettre les liserés noirs) et améliorées sous Photoshop (niveaux et accentuation).
405-20 : La vallée de la Kali Gandaki vue d’avion au décollage de Jomsom. Une des plus belles rivières en tresses que je connaisse. Depuis le Moyen-Âge au moins, les hommes cultivent ses berges en terrasses, comme ici sur le cône alluvial qui débouche dans la vallée à droite de la photo.
404-75 : La croisée de deux chemins, à proximité de Kagbeni. Deux bancs pour prendre le temps de choisir lequel suivre. Par celui de gauche on accède au royaume du Mustang, réservé aux voyageurs s’étant acquittés d’un permis spécial.
400-62 : Peu de véhicules circulent sur les pistes de la haute vallée. Vivres, pierre de taille, bois de chauffe : autant de marchandises transportées sur le dos des animaux ou des êtres humains que j’ai pu photographier en cinq jours de marche. Une telle scène de portage, sidérante pour celui qui débarque ici, devient rapidement banale.
401-15 : Le portage est une activité professionnelle, comme le savent tous les lecteurs de Tintin. Mais il faut voir ces sherpas, parfois si frêles, écrasés entre les cailloux du chemin et les énormes ballots qu’ils portent, par le front et les reins, pour prendre la mesure de leur humanité. Ce vieil homme au geste économe avait un centimètre de corne sous les talons, comme cela ne se voit toutefois pas sur cette photo volée.
402-64 : Le portage peut rapidement devenir un thème de reportage sur cette route. Ici, de petits porteurs de bois de chauffe, au départ de l’auberge, par un matin frisquet.
405-86 : La pause des sherpas, dont les charges reposent sur le muret au second plan. Le nombre des sherpas est corrélé à celui des trekkeurs, dont ils portent les sacs. Nous n’avons pas fait exception.
404-87 : Muktinath. Plus on monte, plus les infrastructures sont rudimentaires. Ici, les fils électriques n’en sont pas, mais des tuyaux qui acheminent à la fontaine du village l’eau stockée sur les toits.
403-50 : Muktinath. Sur le toit de l’hôtel, nos citernes d’eau, connectées entre elles et avec celles des autres maisons par des tuyaux qui pendent comme des lianes. La pression est assurée par la position des sources captées en contre-haut, dans la montagne.
402-70 : Kagbeni. Un thème qui me paraît porteur : la juxtaposition entre des technologies modernes et des usages ancestraux. Ici, les antennes paraboliques, qui nous relient à la civilisation d’en bas, et les ânes qui attendent d’être bâtés pour le départ.
403-42 : Jarkhot. Je continue à décliner ce thème des rapprochements incongrus. Ici, la parabole est un four solaire en métal, au foyer duquel la bouilloire attend tranquillement son heure. En arrière-plan, madame est à son métier à tisser.
403-46 : Vers Marpha. Encore une variation sur le thème du choc des cultures, avec ici en outre un point commun aux deux civilisations : l’utilisation du poteau de bois… Le Népal est couvert de drapeaux à prières dont les signes vibrent en permanence dans le vent.
402-74 : Kagbeni. La visite de cet étonnant village nous plonge dans le Moyen-Âge. Ce ne sera pas la seule fois que je vois un paysan avec un araire sur l’épaule. Nous avons eu le bonheur, lors d’une pause dans la campagne, d’entendre la mélopée du laboureur, pieds nus sur son araire, dirigeant de la voix et des mains le bœuf sur lequel il s’appuie, pendant que de l’encens brûle au coin du champ.
402-60 : Entre Kagbeni et Jomsom, un homme et son fils vendaient des pommes, des bijoux et des fossiles d’ammonites jurassiques sur le bord du chemin, avec pour toute enseigne ces têtes de yack.
404-59 : Le premier village du Mustang après Muktinath (avec en arrière-plan le Thorung). J’ai fait aussi plusieurs photos des pierres plates, gravées de bas-reliefs, qu’on voit sur les murets du village. Les moulins ne sont pas toujours aussi décorés (parfois ce sont des boites de conserve recyclées), mais le mur qui les abrite est là, immuable, dans le moindre hameau.
404-9 : Dans ce même village, en examinant les moulins à prières, je capte soudain une vision de la vie qui passe. Le fardeau d’un jour entre deux prières.
404-17 : Toujours dans ce village, lors de la visite du temple, perché en haut d’une colline. Un belvédère avec une vue magnifique. Dans la cour, sur une table, des moinillons font leurs devoirs, sous les drapeaux à prières qui brillent dans le soleil. L’entrée du temple, sous un auvent, abrite un moulin à prières et des fresques historiées de la vie de Bouddha, dont la proximité avec le portrait officiel du roi laisse perplexe (qui cherche la bienveillance de qui ?).
403-1 : Le mur et les drapeaux de prières de Kagbeni. C’était saugrenu mais j’ai quand même pensé à Boubat en faisant cette photo. A cause de la poule, sans doute ?
403-48 : En redescendant de Muktinath, la bénédiction du Bouddha dont la paix étrange s’étend sur toute la montagne.
403-10 : Kagbeni. Un certain paganisme continue d’affleurer dans ces représentations de bons génies qu’on rencontre au détour des ruelles. Je n’ai pas pu savoir si celui-ci était le génie du plaisir ou celui de la fertilité. Toujours est-il que son glorieux sexe de bois était très largement poli au niveau du gland. Cette femme en détourna-t-elle volontairement les yeux en passant devant, comme cette image furtive le suggère ? La photo est souvent, aussi, le plaisir de son interprétation, à la lisière du fantasme.
405-54 : Dans le parc national de Chitwan, au sud du Népal. Passage brutal à l’ambiance tropicale du sous-continent indien. Nous n’avons pas résisté à l’appel de la balade en éléphant. J’ai attendu un long moment pour pouvoir faire cette photo, car normalement les oreilles de l’éléphant recouvrent le pied du cornac. Il manque ici le gourdin dont ce dernier use pour taper sur le crâne du pachyderme afin de lui indiquer la marche à suivre.
407-24 : Retour à Katmandu, la veille du départ. Libéré de mes préoccupations géologiques, je fais 6 rouleaux dans la journée. Dans sa plus grande partie, Katmandu ne ressemble pas à la ville mythique de la flower generation, mais à une métropole campagnarde d’Asie.
407-1 : Du bus j’avais repéré dans un quartier périphérique un terrain vague où des gamins jouaient le matin au foot et au cricket. J’y revins l’après-midi avec un taxi (on le voit qui m’attend au fond de la photo), mais je le trouvais presque désert, à l’exception notable de cette femme endormie. Contraste étonnant avec l’autre partie de la ville, grouillante et besogneuse.
407-22 : Avant de reprendre mon taxi, je fais le tour de ce quartier populaire. Les motos et les voitures évitaient cette vache couchée sur la chaussée au pied d’un énorme banian.
407-8 : En descendant la rue de la photo précédente, je croise le regard du monsieur à la moustache, Krishna Pathak, qui donnait des bourrades au deuxième monsieur. Il me sourit et nous engageons la conversation. Puis il m’invite à boire le thé au lait, alors que le taxi m’attend toujours là-haut et que j’ai déjà une demi-heure de retard. Cet homme aimerait venir travailler en France. Avant de le quitter, je prends cette photo de lui.
407-28 : Redescendu dans le centre de Katmandu, je fais connaissance avec monsieur Tuyulal Shrestra et sa famille (?), dans une cour intérieure. Au lieu de photographier l’architecture (pourtant admirable), je fais des portraits de ces gens rieurs avec qui je communique par l’intermédiaire d’une parente anglophone.
406-5 : Dans un des temples les plus célèbres de Katmandu, on passe d’une cour à l’autre, chaque lieu ayant une vocation spirituelle dont je continuerai longtemps d’ignorer les subtilités. Mais sur l’esplanade, à l’étage supérieur, d’où la vue embrasse tout un quartier de la ville, dans la lumière des milliers de drapeaux à prière, un étrange sentiment d’accession s’empare du visiteur. L’intérêt, ici, devant cette famille en train de préparer des offrandes sous les yeux blasés du gardien, était surtout dans la « composition sociale ».
407-34 : Fin de mes déambulations à Katmandu. La nuit commence à tomber, ce sont mes dernières photos exploitables. Je suis resté longtemps sur la place de cette pagode, dont l’accès ne se fait que sur un seul côté. De nombreux gamins y jouaient, dans la joyeuse connivence du sacré. J’imaginais avec un sourire la même scène sur les lieux de nos églises…
Parfois, j’imagine que, quand la force de voyager me manquera, il me restera ces fragments, parmi tant d’autres, pour recomposer le puzzle de mes souvenirs. L’intégrité physique des négatifs, et la somme des classeurs alignés qui les contiennent, sont des témoignages rassurants de leur réalité et de leur permanence. Longue vie à l’argentique !