igemo a écrit :
Moi je vais le feuilleter avant!
L'édition photo étant devenue chose relativement imprévisible je préfère vérifier avant si l'ouvrage peut me plaire, sauf avec quelques chouchous (Pablo Larrain, Winogrand, Koudelka, Trent Parke... dont, de toutes façons, les livres deviennent rapidement "collector").
Je l'ai reçu. bien sur je n'ai pas eu le temps de lire en profondeur. Quelques commentaires toutefois pour ceux d'entre-vous que cela intéresse.
L'impression et la présentation sont corrects.
Les images présentées valent le détour et le livre est bien construit avec une présentation des images respectueuses (pas de doubles pages ni de montages douteux).
Je suis beaucoup plus circonspect, mais pas surpris, par le discours des commissaires de l'exposition qui vient percuter les images et le fond du travail du photographe.
On constate que le mot communiste leur écorche la bouche et qu'ils ne veulent ni peuvent admettre que le regard porté par Ronis sur la RDA est positif, d'où des contorsions intellectuelles gênantes dans la présentation qui est faite. L'idéologie c'est quand même quelque chose, même quand il s'agit de l'idéologie dominante.
Bien sur les images de Ronis ne correspondent pas à la vision que le monde occidentale veut imposer de la RDA: le mur le mur le mur... et si Ronis déclare qu'il ne voulait pas le photographier par ce qu'il voulait montrer autre chose c'est forcement qu'il faut y voir la main de la Stasi... pauvres commissaires d'exposition qui sans s'en rendre compte se comportent en commissaires politiques et tentent d'imposer au lecteur et au visiteur leur vision anticommuniste étriquée, quand ce travail de reportage et l'un des seul (le seul?) réalisé par un occidental et assumant un regard positif, ce qui fait tout l'intérêt documentaire du travail.
Bien sur, il n'est pas nécessaire d'être communiste ou ostalgique (bien que ce soit le sentiment actuel majoritaire pour les ex citoyens de RDA dans toutes les enquêtes d'opinions qui se succèdent) pour apprécier la lecture de ce livre et y apprécier ce regard profondément humain de Ronis et cette manière si particulière de composer ses images alliant force graphique et douceur dans le regard. Toutefois celui qui veut y voir des images démontrant qu'il était horrible de vivre en RDA doit passer son chemin, il ne les trouvera pas. Pour les clichés hérités de James Bond il trouvera une maigre consolation dans les textes de présentation qui sonnent bien creux à côtés de ceux écrits par Ronis lui-même.