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Le premier Leica d'HCB

MessagePosté: lundi 13 mars 2006 - 20:39
par Jean
Bonjour à tous et en particulier à ceux qui ont pu visiter l'exposition consacrée à HCB à la Fondation qui porte son Nom.
Belle idée de notre Ami Jean D. qui y a conduit ce dimanche le petit groupe rescapé de l'A.G. de la veille.

Jean a eu la bonne idée alors que j'abandonnais le groupe un peu prématurément et à contre coeur pour prendre mon train, de me convier à grimper à l'étage supérieur où est exposé le premier Leica d'HCB.

C'est un IA de 1929 à n'en pas douter. Le N° 20502 est là pour en attester.
Mais j'ai été sur le champ surpris par sa présentation en "chromé".
Doutant un peu de ma mémoire, même si avec les années seule est réputée fiable la mémoire antérograde, je me suis replongé dans la littérature pour ne retrouver mention nulle part de l'existence de Leica IA en présentation chromée.
Les premiers Leica chromés ne sont apparus qu'en 1933 avec Le Leica Couplex, 1er télémétrique.
Seul Van Hasbroeck dans son excellent ouvrage "Leica in colour" présente un Leica de ce type N°12313 donc de 1928 chromé qu'il signale comme étant monté avec des pièces de rechange, ce qui est d'autant plus probable que la lame frontale de fixation de l'objectif, comme cela l'était sur ce modèle, est nickelée.

Alors ce Leica d'HCB, quelle est son histoire?
J'imagine que notre photographe devait se servir de son appareil de façon intensive comme le font tous les reporters sans grand souci pour leur matériel.
A -t-il demandé à Wetzlar lors d'une révision de le lui renvoyer chromé et cela après 1933 ? Le lui -a-t-on proposé devant l'état que j'imagine minable de ce boîtier ? A cette époque Leitz transformait couramment les boîtiers, les mettait au goût du jour, à la demande de ses clients.
A-t-il fait cette demande lui-même ?

En effet plusieurs années plus tard HCB avait demandé, c'est connu, que le M4 qu'il avait acquis à sa sortie soit modifié à l'usine en remplaçant le bloc de visée télémétrique par celui du M3 qui lui convenait mieux. Cette transformation fut faite.

Jean D. aura peut-être, une réponse. D'autres aussi peut-être s'intéressant à l'histoire de la firme Leitz.

J'étais donc pressé ce dimanche après- midi et je n'ai pas pris le temps de prendre une photo de cet appareil.
Quelqu'un l'aura-t'il fait?
Merci à ceux qui y auront pensé de nous adresser cette photo.
Les "historiens de Summilux" leur sauront gré.

MessagePosté: lundi 13 mars 2006 - 20:55
par Bertrand S
J'ai fait la photo de ce leica, avec une Ilford 3200 asa et une trix

MessagePosté: lundi 13 mars 2006 - 20:59
par marielle
J'ai fait une photo de Jean-Yves se prosternant devant ! :ravi:

Finition chromée

MessagePosté: lundi 13 mars 2006 - 23:48
par Jean D.
…Voici une photo de ce boîtier, empruntée ici à Laurent A., que je remercie :



Le fidèle en extase est Jean-Yves, comme Marielle vient de le mentionner.
Jean, le n° de ce Leica n’est pas le 20502, mais le 20562 (sauf erreur de ma part), ce qui ne change pas son identité : le premier Leica d’Henri Cartier-Bresson est bien un Leica I (dit "modèle A") datant de 1929.
Le revêtement chromé de cet appareil - ô combien précieux – (d’ailleurs "chromé plutôt brillant") m’a également intrigué. Je suis de ton avis : il s’agit très probablement d’une modification réalisée par Leitz.

Jean D.

MessagePosté: mardi 14 mars 2006 - 0:13
par Eric Bascoul
même si je ne tripe pas matos vissant (enfin, pas trop encore :oops:)

j'adoooooore ce genre "d'enquête" :D
on rentre dans la vérité du photographe à son outil,
merci de nous dire, limiers summiluxiens émérites ! :D

et puis, un de ces jours, ce n'est pas impossible que je m'adonne au vissant. :shock: :mrgreen2:

MessagePosté: mardi 14 mars 2006 - 9:41
par Jean
Merci à Laurent pour cette première photo.

Merci aussi à Marielle et à Bertrand pour leurs photos que j'attends.

Merci aussi à Jean D. pour me rappeler mes troubles de la mémoire immédiate :!: :(. Tu as dû remarquer comme moi que cet appareil a dû subir un usage intensif. Alors en noir laqué...

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 0:39
par Jean-Yves
Comme Jean et Jean D., j'ai été intrigué par ce Leica chromé. Ils ont eu tous deux la puce à l'oreille du fait de leur grande culture, mais moi j'avais le nez dessus (comme vous pouvez le constater) et ce que j'ai remarqué c'est que (i) le chrome était beaucoup plus lisse que celui de tous les Leica anciens que j'ai pu voir jusqu'ici (un certain nombre quand même) et que (ii) le métal avait très largement sulfaté par dessous, à l'embase du capot. Deux indices à verser au dossier de l'enquête ! On pourra demander également à Gérard Métrot ce qu'il en pense (Gérard, si tu es là...). :o :shock: :)

L'oxydation des vieux Leica

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 8:01
par Jean
J'avais bien sûr remarqué ce que tu nous décris là Jean-Yves, plaie des vieux boîtiers mal stockés.

En effet,

1) Ce boîtier a beaucoup servi présentant une certaine patine du chrome.

2) Comme tous les boîtiers ayant beaucoup servi puis oublié dans une armoire ou un tiroir des années durant dans un sac tout prêt, cet appareil s'est progressivement oxydé justement aux endroits où le revêtement de chrome est aminci ou parti.

3) L'oxydation a été favorisée par les mauvaises conditions de conservation de ces boîtiers, c'est à dire dans leurs "sacs tout-prêt" en cuir sans aération, conservant l'humidité, dans un endroit humide et mal aéré.
De plus très certainement abandonné un jour par HCB pour un modèle plus récent, il n'a pas été auparavant nettoyé débarrassé des traces de doigts inévitables, plus ou moins grasses ou humides déclenchant le processus d'oxydation.

Ainsi le fusil Chassepot relique souvenir des batailles de 1870 de ton trisaïeul, se conservera beaucoup mieux exposé à l'air et à la poussière qu'emprisonné dans un étui dont il ressortira complètement piqué par la rouille.

Alors Jean-Yves si un jour tu renonçais à ne plus te servir de ton III noir laisse le sur une étagère à l'air et à la poussière. Il sera trés content :D
Mais est ce possible que tu ne t'en serves plus avec un Summar pour faire des portraits à la HCB :?: :P

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 8:33
par Bertrand S
La question des traces sur le boitier me rappelle le dileme d'un restaurateur de meuble que j'avais vu dans un reportage.
Celui ci devait restaurer un fauteuil avec une tablette de travail ayant appartenu à Bonaparte.
Au dos de la tablette il y avait des traces sales produites par l'utilisation de la tablette par Bonaparte. La question était doit on faire disparaitre ces traces pendant la restauration. La reponse de l'artisan était bien évidement non.

Re: L'oxydation des vieux Leica

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 11:07
par Jean-Yves
Jean a écrit :
...L'oxydation a été favorisée par les mauvaises conditions de conservation de ces boîtiers, c'est à dire dans leurs "sacs tout-prêt" en cuir sans aération, conservant l'humidité, dans un endroit humide et mal aéré...



Oui, Jean, sans parler de l'épisode où HCB l'a enterré avec ses négatifs dans une boite de biscuits pour éviter que les Allemands ne tombent dessus (si je me rappelle bien) ; mais peut-être était-ce déjà son Leica III ? :question:

Re: L'oxydation des vieux Leica

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 15:01
par Jean
Jean-Yves a écrit :
Oui, Jean, sans parler de l'épisode où HCB l'a enterré avec ses négatifs dans une boite de biscuits pour éviter que les Allemands ne tombent dessus (si je me rappelle bien) ; mais peut-être était-ce déjà son Leica III ? :question:


Que peut-on dire à ce sujet?

Pierre Assouline dans la très intéressante biographie qu'il a écrit sur HCB cite l'anecdote. En mai 40 devant la poussée allemande Cartier Bresson enterre son Leica dans une ferme des Vosges. Fait prisonnier il s'évadera en juin 43 et ira rapidement récupérer son boîtier.
Mais ce n'est pas ce IA qui date de 1929. Assouline raconte dans son livre qu'HCB fait connaissance avec le Leica en 1932 à Marseille, où il en achète un. C'est donc selon toute vraisemblance celui que nous avons pu voir à la Fondation.
En revanche on trouvera dans cette biographie décidément remarquable, une photographie de David Seymour, datant de Juillet 1938, où Cartier Bresson tient dans sa main un Leica dans un "sac tout-prêt" qui est soit un III soit un IIIa ou encore un IIIb ces boîtiers ne se différenciant que par des détails non visibles sur cette photographie.
Il y a toutes les chances pour que ce soit celui là qui moins d'un an plus tard passera trois années sous terre en Alsace.

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 21:46
par Bertrand S
Voici mes photo de cette relique (au sens canonique du terme :wink: )


Dans son reliquaire



De plus près

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 21:55
par Paradoxal
Bertrand S a écrit :
Voici mes photo de cette relique (au sens canonique du terme :wink:



Je croyais que sur Summilux, il était d'usage de ne jamais citer "les autres" et de mettre des petits points à la place des lettres abhorrées.
Alors, il aurait fallu dire "au sens C.......du terme"
Il y a donc le sens canonique, leicaïque, et nikoniste?
Aïe, non, pas frapper !!!

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 21:58
par Bertrand S
Là tu cherches à me faire excommunier non ?

MessagePosté: mercredi 15 mars 2006 - 22:14
par Paradoxal
Mais non, très cher. Reste avec nous en extase devant notre divinité dont l'oeil ouvre à 1,4.