Calais, les migrants...
Posté: vendredi 22 juin 2007 - 19:33
Bien, nouveau sur ce forum, j'ai déjà fait mes premiers pas dans la rubrique petites annonces, mais ce serait mal élevé de venir ici juste pour ça Voici donc une sélection de photos prises au cours d'un reportage sur la situation des migrants dans la région de Calais, j'ai essayé de réduire la taille de la série qui sera bientôt mise en ligne sur mon site... ah, et tout n'est pas pris au Hexar, je confesse
---------
Depuis un certain temps, Calais est un lieu de passage pour une immigration certes illégale, mais qui apparaît légitime aux yeux de beaucoup. Il y a quelques années, la population des migrants était majoritairement originaire des Balkans. Après le retour au calme dans cette région, c'est une population originaire d'Asie Centrale (Pakistan, Afghanistan, Iran, Kurdistan) et d'Afrique de l'Est (Soudan, Somalie, Ethiopie) qui se présente aujourd'hui aux portes de l'Angleterre.
Après la fermeture du centre de Sangatte et la mise en place d'une surprotection des infrastructures d'embarquement vers l'Angleterre, la situation est toujours la même: des centaines de migrants attendent de pouvoir traverser la Manche par des moyens de plus en plus dangereux. Par exemple, la traversée sous les essieux d'un camion est devenu très "en vogue" depuis qu'il est devenu presque impossible de rentrer dans une remorque.
La situation à Calais est un parfait exemple des conséquences que peut avoir une certaine Politique à la mode. Politique qui se caractérise par un refus d'affronter la complexité des problèmes et par l'adoption de solutions aussi simples qu'inefficaces et injustes. Le tout étant dû en partie à la nécessité de proposer des mesures-chocs, à même de marquer les esprits, dans un débat politique qui vire surtout au combat médiatique. L'étude des conséquences de certaines mesures, notamment en matière d'immigration, est une plongée dans un univers où le grotesque vient côtoyer le tragique des situations.
A Calais, le tragique, c'est de voir des gens fuyant des pays où ils ne se sentent plus la capacité de vivre décemment, des êtres humains, souvent mineurs, qui arrivent ici après environ 1 an de voyage. Une année de doute, de douleur physique, entrecoupée pour une majorité d'entre eux d'emprisonnements en Grèce ou en Turquie, parfois dans des conditions très difficiles.
Le grotesque, c'est de voir les solutions proposées par les instances françaises et européennes qui pour régler ce problème, expédient un peu partout en France les migrants arrêtés ici en sachant pertinemment qu'ils seront de retour sous peu. Le grotesque, c'est l'application du décret Dublin II qui renvoie une personne arrêtée dans un pays vers un pays où ses empreintes ont été prises auparavant, en sachant très bien qu'elle reviendra.
Le grotesque, c'est de tout faire pour déranger toute forme d'aide des associations, comme si les migrants allaient faire demi-tour si près du but par manque de soupe. Et par-dessus tout le grotesque, c'est l'incompétence des politiques à mettre en place des mesures permettant un règlement intelligent et le plus juste possible d'une situation dramatique.
--------
Photo 1: ...
Photo 2: Dans le port, 5 h du matin, des migrants essayent de se cacher de la police
Une des premières mesures de N. Sarkozy après sa nomination au Ministère de l'Intérieur a été la fermeture du centre de Sangatte à la fin Décembre 2002. Ce centre, géré par la Croix-Rouge, prenait en charge l'aide aux migrants dans la région de Calais. Pourtant la cupidité des réseaux de passeurs et la violence -sociale aussi bien que directe- des pays d'origine des migrants ne cessent pas à la fermeture d'un centre d'accueil. Comme l'a déclaré un bénévole du secours catholique au journal The Guardian : "les gens ne viennent pas jusqu'ici pour un bol de soupe, mais pour aller en Angleterre".
Photo 3: Bord de mer
Yama est afghan. Il est arrivé illégalement en Angleterre il y a 3 ans. Il y a passé 2 ans -à Birmingham- avant qu'on le renvoie en Afghanistan, considéré par les autorités britanniques comme un pays démocratique et sûr. Il faudrait demander aux soldats britanniques ce qu'ils pensent de la sûreté de l'Afghanistan. Mais Yama est de retour à Calais, un an après, avec la même envie de passer en Angleterre et de s'y installer. Il vit dans le camp de ceux qui n'ont pas les moyens de payer les passeurs. Avant-hier les CRS sont venus au milieu de la nuit, il a réussi à s'échapper. Mais, après leur départ il n'a pas voulu aller dormir dans sa cabane, peur de les voir revenir. Il a donc pris son sac de couchage pour aller dormir sur la plage, dans un recoin à l'abri des regards. Ce soir, il récupère son sac de couchage pour aller dormir au camp. Hier il n'avait pas dormi, il avait essayé de passer. Comme tout ceux qui ne payent pas les passeurs il mettra des semaines, voire des mois à passer.
Photo 4: Au terrain vague, des migrants tuent le temps le soir
La situation des migrants de ce circuit a toujours été appréhendée sous un aspect policier. Une collaboration à l'échelle européenne (règlement Dublin II) permet l'extradition d'un migrant arrêté dans un pays vers un autre pays ayant relevé auparavant ses empreintes digitales. Petit jeu de ping-pong entre les nations européennes : arrêtés en France, extradés en Grèce ou en Italie avant de revenir en France : des mois de perdus, des centaines d'euros dans les caisses des passeurs. Le passage de la Grèce vers l'Italie coûte 700 euros, le passage de la France vers l'Angleterre coûte 200 euros s'il est payé d'avance, le double s'il est payé à l'arrivée. Une collaboration entre l'Angleterre et la France permet aujourd'hui de financer les contrôles à l'embarquement des ferries et autour de l'Eurostar. Il est sans doute temps d'essayer de trouver des solutions européennes autres que policières.
Photo 5: Dans le port, le soir, un migrant traine les couvertures qu'on lui a donné
Photo 6: Au terrain vague
Il y a quelques années, une très grande partie des migrants venait des Balkans, alors en sortie de conflit. Le -relatif- retour au calme dans la région a stoppé cette arrivée. Le régime des talibans, puis l'intervention des forces de l'OTAN en Afghanistan ont créé une arrivée en masse d'Afghans. La décision de M. Musharaf d'entamer une phase de retour des réfugiés afghans au Pakistan entraîne l'arrivée de certains ici. Comme Jawad, né au Pakistan, dont la famille est originaire de Lugar au sud de Kaboul: "ils nous offraient 100 dollars pour revenir, 100 dollars pour tout reconstruire ! Je suis parti tout de suite vers l'Angleterre". La question des flux migratoires est avant tout liée à des questions de politique internationale, auxquelles est mêlée l'union européenne. Sans oublier que l'Angleterre n'est pas sans avoir sa part de responsabilité dans la situation actuelle de la région...
Photo 7: Autour du feu
Photo 8: Distribution du repas par une association
Photo 9: Zone Industrielle
Echapper à la police, c'est ce qui occupe le plus le temps des migrants. Avant de passer en Angleterre, ils se feront arrêter des dizaines de fois, on leur remettra plusieurs arrêtés de reconduite à la frontière, certains seront envoyés en centre de rétention, parfois à l'autre bout de la France, ou simplement mis dans un train qui les renverra vers Paris, Toulouse, Strasbourg, etc. Histoire de repousser juste un peu le problème, c'est comme ça qu'on les règle les problèmes ici... Alors les policiers n'ont pas grand-chose à faire pour déclencher la panique. Ce soir, dans la grande ligne droite qui mène du port au campement, une voiture de police arrive en face des migrants et s'arrête au milieu de la route, 2 policiers face à des dizaines de migrants: c'est suffisant pour déclencher l'affolement. Tout le monde fait demi-tour en courant et passe le portail d'une usine, histoire de se mettre à l'abri et de prendre un raccourci pour arriver au camp. Un ou deux migrants, habitués à cette situation, ne courent pas, ils savent très bien que 2 policiers seuls ne les arrêteront pas...
Courir et se cacher... c'est la vie ici...
Photo 10: Un migrant se lave dans les eaux de rejet d'un usine de la Zone Industrielle
Photo 11: Terrain vague
Au-delà des arrestations par les CRS ou la PAF, la principale source d'échec pour les migrants c'est de se tromper de camion ou de coffre de voiture et de se retrouver n'importe où sauf en Angleterre. Dijon, Amiens, Strasbourg, Belgique, etc. chaque matin, quelques personnes arrivent en racontant leur mésaventure de la nuit. Ca fait rire tout le monde en général, même celui qui a échoué et qui souvent revient en bus ou en train. Sauf quand, comme ce fut le cas de ces deux jeunes adolescents et de leur 6 camarades, il faut revenir à pied de la frontière belge. Départ à 2 heures du matin, arrivé vers midi. Alors du coup l'après midi, on tente de dormir, parce que ce soir, il faudra repartir.
50 kilomètres à pied, ça use, ça use... Surtout à 16 et 13 ans...
Photo 12: Terrain vague
Photo 13: Au bord d'une route...
Photo 14: Dans un des campements
L'organisation des camps est passée progressivement d'une organisation ethnique (Pachtounes/Perses) vers une logique beaucoup plus occidentale: ceux qui peuvent payer les passeurs et ceux qui ne peuvent pas. Le camp réservé à ceux qui payent est situé près d'une aire d'autoroute, un endroit stratégique pour embarquer dans les camions, car beaucoup moins surveillé que le port. Gardé par les passeurs Kurdes, il est difficile d'accès pour la police et les journalistes. Après s'être posté en assistant des migrants (pour monter dans les camions), les passeurs s'approprient aujourd'hui des espaces stratégiques. L'autre camp, celui de ceux qui ne peuvent pas payer, est situé entre la mer et un morceau d'autoroute, c'est l'ancien camp des Hazaras, il est connu de la police qui y descend souvent et par dessus tout, ceux qui ne payent pas les passeurs mettront des mois à passer, ne bénéficiant de l'aide de personne. Ce matin Kandalar a appelé ses potes, il a réussi à passer, il était là depuis 5 mois, il a fait le trajet sous un camion, alors ce soir il y a eu un peu d'espoir. Enfin pas trop non plus, le constat d'échec personnel l'emporte souvent. Les migrants bloqués ici depuis longtemps sont sujets à la dépression et à un début d'alcoolisme pour certains.
Photo 15: La nuit dans la ville
Un migrant examine un camion laissé ouvert par un chauffeur: une pratique courante pour ne pas se faire casser la serrure
Photo 16: Errer...
---------
Depuis un certain temps, Calais est un lieu de passage pour une immigration certes illégale, mais qui apparaît légitime aux yeux de beaucoup. Il y a quelques années, la population des migrants était majoritairement originaire des Balkans. Après le retour au calme dans cette région, c'est une population originaire d'Asie Centrale (Pakistan, Afghanistan, Iran, Kurdistan) et d'Afrique de l'Est (Soudan, Somalie, Ethiopie) qui se présente aujourd'hui aux portes de l'Angleterre.
Après la fermeture du centre de Sangatte et la mise en place d'une surprotection des infrastructures d'embarquement vers l'Angleterre, la situation est toujours la même: des centaines de migrants attendent de pouvoir traverser la Manche par des moyens de plus en plus dangereux. Par exemple, la traversée sous les essieux d'un camion est devenu très "en vogue" depuis qu'il est devenu presque impossible de rentrer dans une remorque.
La situation à Calais est un parfait exemple des conséquences que peut avoir une certaine Politique à la mode. Politique qui se caractérise par un refus d'affronter la complexité des problèmes et par l'adoption de solutions aussi simples qu'inefficaces et injustes. Le tout étant dû en partie à la nécessité de proposer des mesures-chocs, à même de marquer les esprits, dans un débat politique qui vire surtout au combat médiatique. L'étude des conséquences de certaines mesures, notamment en matière d'immigration, est une plongée dans un univers où le grotesque vient côtoyer le tragique des situations.
A Calais, le tragique, c'est de voir des gens fuyant des pays où ils ne se sentent plus la capacité de vivre décemment, des êtres humains, souvent mineurs, qui arrivent ici après environ 1 an de voyage. Une année de doute, de douleur physique, entrecoupée pour une majorité d'entre eux d'emprisonnements en Grèce ou en Turquie, parfois dans des conditions très difficiles.
Le grotesque, c'est de voir les solutions proposées par les instances françaises et européennes qui pour régler ce problème, expédient un peu partout en France les migrants arrêtés ici en sachant pertinemment qu'ils seront de retour sous peu. Le grotesque, c'est l'application du décret Dublin II qui renvoie une personne arrêtée dans un pays vers un pays où ses empreintes ont été prises auparavant, en sachant très bien qu'elle reviendra.
Le grotesque, c'est de tout faire pour déranger toute forme d'aide des associations, comme si les migrants allaient faire demi-tour si près du but par manque de soupe. Et par-dessus tout le grotesque, c'est l'incompétence des politiques à mettre en place des mesures permettant un règlement intelligent et le plus juste possible d'une situation dramatique.
--------
Photo 1: ...
Photo 2: Dans le port, 5 h du matin, des migrants essayent de se cacher de la police
Une des premières mesures de N. Sarkozy après sa nomination au Ministère de l'Intérieur a été la fermeture du centre de Sangatte à la fin Décembre 2002. Ce centre, géré par la Croix-Rouge, prenait en charge l'aide aux migrants dans la région de Calais. Pourtant la cupidité des réseaux de passeurs et la violence -sociale aussi bien que directe- des pays d'origine des migrants ne cessent pas à la fermeture d'un centre d'accueil. Comme l'a déclaré un bénévole du secours catholique au journal The Guardian : "les gens ne viennent pas jusqu'ici pour un bol de soupe, mais pour aller en Angleterre".
Photo 3: Bord de mer
Yama est afghan. Il est arrivé illégalement en Angleterre il y a 3 ans. Il y a passé 2 ans -à Birmingham- avant qu'on le renvoie en Afghanistan, considéré par les autorités britanniques comme un pays démocratique et sûr. Il faudrait demander aux soldats britanniques ce qu'ils pensent de la sûreté de l'Afghanistan. Mais Yama est de retour à Calais, un an après, avec la même envie de passer en Angleterre et de s'y installer. Il vit dans le camp de ceux qui n'ont pas les moyens de payer les passeurs. Avant-hier les CRS sont venus au milieu de la nuit, il a réussi à s'échapper. Mais, après leur départ il n'a pas voulu aller dormir dans sa cabane, peur de les voir revenir. Il a donc pris son sac de couchage pour aller dormir sur la plage, dans un recoin à l'abri des regards. Ce soir, il récupère son sac de couchage pour aller dormir au camp. Hier il n'avait pas dormi, il avait essayé de passer. Comme tout ceux qui ne payent pas les passeurs il mettra des semaines, voire des mois à passer.
Photo 4: Au terrain vague, des migrants tuent le temps le soir
La situation des migrants de ce circuit a toujours été appréhendée sous un aspect policier. Une collaboration à l'échelle européenne (règlement Dublin II) permet l'extradition d'un migrant arrêté dans un pays vers un autre pays ayant relevé auparavant ses empreintes digitales. Petit jeu de ping-pong entre les nations européennes : arrêtés en France, extradés en Grèce ou en Italie avant de revenir en France : des mois de perdus, des centaines d'euros dans les caisses des passeurs. Le passage de la Grèce vers l'Italie coûte 700 euros, le passage de la France vers l'Angleterre coûte 200 euros s'il est payé d'avance, le double s'il est payé à l'arrivée. Une collaboration entre l'Angleterre et la France permet aujourd'hui de financer les contrôles à l'embarquement des ferries et autour de l'Eurostar. Il est sans doute temps d'essayer de trouver des solutions européennes autres que policières.
Photo 5: Dans le port, le soir, un migrant traine les couvertures qu'on lui a donné
Photo 6: Au terrain vague
Il y a quelques années, une très grande partie des migrants venait des Balkans, alors en sortie de conflit. Le -relatif- retour au calme dans la région a stoppé cette arrivée. Le régime des talibans, puis l'intervention des forces de l'OTAN en Afghanistan ont créé une arrivée en masse d'Afghans. La décision de M. Musharaf d'entamer une phase de retour des réfugiés afghans au Pakistan entraîne l'arrivée de certains ici. Comme Jawad, né au Pakistan, dont la famille est originaire de Lugar au sud de Kaboul: "ils nous offraient 100 dollars pour revenir, 100 dollars pour tout reconstruire ! Je suis parti tout de suite vers l'Angleterre". La question des flux migratoires est avant tout liée à des questions de politique internationale, auxquelles est mêlée l'union européenne. Sans oublier que l'Angleterre n'est pas sans avoir sa part de responsabilité dans la situation actuelle de la région...
Photo 7: Autour du feu
Photo 8: Distribution du repas par une association
Photo 9: Zone Industrielle
Echapper à la police, c'est ce qui occupe le plus le temps des migrants. Avant de passer en Angleterre, ils se feront arrêter des dizaines de fois, on leur remettra plusieurs arrêtés de reconduite à la frontière, certains seront envoyés en centre de rétention, parfois à l'autre bout de la France, ou simplement mis dans un train qui les renverra vers Paris, Toulouse, Strasbourg, etc. Histoire de repousser juste un peu le problème, c'est comme ça qu'on les règle les problèmes ici... Alors les policiers n'ont pas grand-chose à faire pour déclencher la panique. Ce soir, dans la grande ligne droite qui mène du port au campement, une voiture de police arrive en face des migrants et s'arrête au milieu de la route, 2 policiers face à des dizaines de migrants: c'est suffisant pour déclencher l'affolement. Tout le monde fait demi-tour en courant et passe le portail d'une usine, histoire de se mettre à l'abri et de prendre un raccourci pour arriver au camp. Un ou deux migrants, habitués à cette situation, ne courent pas, ils savent très bien que 2 policiers seuls ne les arrêteront pas...
Courir et se cacher... c'est la vie ici...
Photo 10: Un migrant se lave dans les eaux de rejet d'un usine de la Zone Industrielle
Photo 11: Terrain vague
Au-delà des arrestations par les CRS ou la PAF, la principale source d'échec pour les migrants c'est de se tromper de camion ou de coffre de voiture et de se retrouver n'importe où sauf en Angleterre. Dijon, Amiens, Strasbourg, Belgique, etc. chaque matin, quelques personnes arrivent en racontant leur mésaventure de la nuit. Ca fait rire tout le monde en général, même celui qui a échoué et qui souvent revient en bus ou en train. Sauf quand, comme ce fut le cas de ces deux jeunes adolescents et de leur 6 camarades, il faut revenir à pied de la frontière belge. Départ à 2 heures du matin, arrivé vers midi. Alors du coup l'après midi, on tente de dormir, parce que ce soir, il faudra repartir.
50 kilomètres à pied, ça use, ça use... Surtout à 16 et 13 ans...
Photo 12: Terrain vague
Photo 13: Au bord d'une route...
Photo 14: Dans un des campements
L'organisation des camps est passée progressivement d'une organisation ethnique (Pachtounes/Perses) vers une logique beaucoup plus occidentale: ceux qui peuvent payer les passeurs et ceux qui ne peuvent pas. Le camp réservé à ceux qui payent est situé près d'une aire d'autoroute, un endroit stratégique pour embarquer dans les camions, car beaucoup moins surveillé que le port. Gardé par les passeurs Kurdes, il est difficile d'accès pour la police et les journalistes. Après s'être posté en assistant des migrants (pour monter dans les camions), les passeurs s'approprient aujourd'hui des espaces stratégiques. L'autre camp, celui de ceux qui ne peuvent pas payer, est situé entre la mer et un morceau d'autoroute, c'est l'ancien camp des Hazaras, il est connu de la police qui y descend souvent et par dessus tout, ceux qui ne payent pas les passeurs mettront des mois à passer, ne bénéficiant de l'aide de personne. Ce matin Kandalar a appelé ses potes, il a réussi à passer, il était là depuis 5 mois, il a fait le trajet sous un camion, alors ce soir il y a eu un peu d'espoir. Enfin pas trop non plus, le constat d'échec personnel l'emporte souvent. Les migrants bloqués ici depuis longtemps sont sujets à la dépression et à un début d'alcoolisme pour certains.
Photo 15: La nuit dans la ville
Un migrant examine un camion laissé ouvert par un chauffeur: une pratique courante pour ne pas se faire casser la serrure
Photo 16: Errer...