Posté: samedi 11 avril 2020 - 17:52Après presque six années à Hong Kong et un retour en France en Décembre 2019, je profite du temps que nous avons à notre disposition avec le confinement pour organiser mes souvenirs photographiques de cette période avec un peu plus de rigueur, et souhaite partager avec vous une sélection de cette tranche de vie, année après année, avec les quelques photos qui m’ont marqué ou qui illustrent la vie la bas, la mienne a tout le moins. Une petite promenade. J’essaierai d’éviter de tomber dans les clichés tout en ne censurant pas l’éventuelle superficialité ou la naïveté qui font partie intégrante de moi et des premiers mois. Hong Kong restera a jamais un épisode fascinant, c’est une ville unique par ses gens, son histoire, sa culture et ses singularités au sein de la grande Chine et du monde chinois. Hong Kong est un oxymoron vivant à tous égards. La véritable Hong Kong est insaisissable et il est bien facile d’abandonner dans tout le confort et la facilité qu’elle est capable d’offrir aux étrangers. J’ai essayé tant bien que mal d’y résister, alternant vie de “gweilo” (comprendre étranger) et vie locale, et d’en explorer plus que ce que les chemins balisés offrent à voir. J’espère que ces photos illustreront l’intention. En attendant j’aurais tendance a convoquer le monument culturel “Bienvenue chez les Ch'tis” pour resumer Hong Kong : Quand on vient a Hong Kong on braie deux fois: quand on arrive et quand on part.
2014: La découverte
Je n’ai pas beaucoup réfléchi avant de m’engager. Je n’avais jamais vu cette ville avant d’y débarquer en juin. Loin des mondanités parisiennes et des stéréotypes qui me parlaient du New York de l’Asie ou du Monte Carlo de la Chine, l’arrivée a été un choc: Etroitesse, vétusté des rues, absence d’espace dans la ville, surpopulation, royaume des malls et de la consommation, petitesse des appartements, cout de la vie, rudesse des habitants, omniprésence et impolitesse des chinois (comprendre touristes du continent), pointillisme du Hongkongais, particulièrement de son administration et j’arrivais quand Occupy Central commençait a prendre de l’ampleur. Mais nous reviendrons sur tout cela….En attendant je crois que cette sélection illustre, malgré ma curiosité et ma volonté de me fondre dans l’environnement, une certaine distance initiale avec cette ville et ses gens. Hong Kong n’était pas la belle promise et il fallut beaucoup d’efforts.
La mer (c'est pas l'homme qui prend la mer...)
Ce qui frappe aussi fort qu’un pléonasme c’est l’omniprésence de la mer. Hong Kong est en effet une ile et Hong Kong c’est la mer.
Née de la pêche et devenue riche avec le commerce maritime, Hong Kong vit toujours de, pour et en fonction de la mer (oui, ce nonobstant les services financiers).
Bateaux, rafiots, pêcheurs industriels, pêcheur du dimanche, loisirs nautiques, plages, tunnels, ponts et ferries pour relier le continent a l’ile, catastrophes naturelles.
Mais la mer finit aussi dans les assiettes. La gastronomie Cantonaise fait la part belle aux produits de la mer et attire les touristes qui pullulent jour et nuit a la recherche du meilleur crabe frit a l’ail dans les ruelles de Wan Chai, de Causeway Bay et d’autres endroits plus reculés comme Lei Yue Mun ou Sai Kung.
Tai O Fishermen by Malik_AA, sur Flickr
Pecheur Lei Yue Mun by Malik_AA, sur Flickr
Shek O Main Beach by Malik_AA, sur Flickr
Restaurant Kitchen Lei Yue Mun by Malik_AA, sur Flickr
L’intimite au milieu de la foule
L’autre évidence qui saute a la gorge c’est le paradoxe permanent entre densité de population, étouffement, absence d’intimité et en même temps les signes d’humanité et les singularités individuelles qui finissent toujours pas trouver un interstice ou s’immiscer. On n’est plus surpris de voir parmi la foule qui s’écoule sur des trottoirs trop petits, dans les transports aux heures de pointe, dans les voitures, ou simplement sur une chaise posée dans la rue, une rêverie, un regard plonge dans des problèmes, des désirs, peu importe, on y voit des individus qui trahissent leur humanité, quelles que soient les conditions.
C’est probablement une des choses avec laquelle j’étais le plus mal a l’aise au début, le manque d’intimité et d’espace. Et bien on s’y fait…résilience, adaptabilité.
Convenient Store Shek O by Malik_AA, sur Flickr
Stranded Thoughts Lei Yue Mun by Malik_AA, sur Flickr
L’immobilier
Il n’y aura aucune photo de la ville verticale mais il est évident que la géographie, l’avidité et la complicité du gouvernement avec les promoteurs (une très grande partie du territoire n’est pas constructible et se trouve “reclaimed” au compte goutte avec l’organisation d’enchères qui permettent de maintenir les prix a leurs niveaux) ont fait de l’immobilier la problématique la plus aiguë pour les Hongkongais et la division la plus profonde entre “have” et “have not”. Toutes les préoccupations orbitant autour de la propriété de son bien immobilier: Publicités pour le credit, annonces immobilières placardées partout sauvagement, nouvelles constructions incessantes, prix exorbitants… Enfants chanceux qui restent au foyer parental jusqu’a 40 ans pour constituer un apport suffisant pour obtenir un credit hypothécaire. Enfants moins chanceux qui resteront avec leurs parents a vie, dans des appartements vétustes, étroits et prives d’intimité. L’inceste et le viol sont des tabous dans la société chinoise de Hong Kong, personne n’en parle vraiment sérieusement (ici et la dans les faits divers), mais c’est bien la et c’est beaucoup plus répandu que ce que les gens admettront publiquement.
Et pour autant, les HLM locaux sont souvent très bien tenus et poignant de beauté avec leurs couleurs vivaces et criardes.
Tout ceci explique aussi pourquoi la vie a Hong Kong est aussi vibrante, c’est une vie qui doit nécessairement se passer en dehors des murs trop etroits: Bars, restaurants, randonnées, cinema, karaoke, centres commerciaux, hôtels loues a l’heure….et aussi pourquoi les Hongkongais voyagent autant et pourquoi un sou est un sou…toujours…..
Real Estate Advertisements Wan Chai by Malik_AA, sur Flickr
Housing Kwun Tong by Malik_AA, sur Flickr
Frivolité et frugalité
Et dans ce petit monde, tout le monde se côtoie a un moment ou a un autre de la journée: Riches touristes chinois, travailleuses domestiques du sud-est asiatique, étrangers expatries, prostituees du monde entier, riches locaux, trafiquants de drogues nigérians, laborieux locaux qui cumulent 3 jobs pour survivre, retraites qui ramassent les ordures pour vivre…. Il y a bien évidemment des ghettos. Il y a bien évidemment les clubs, les écoles internationales, les quartiers chics, mais in fine, tout le monde se croise, pauvres ou riches, jeunes et vieux…
Hong Kong est un “pot”, pas certain qu’il favorise le “melting” mais tout le monde est bien dans le même pot. L’opulence s’étale face a la pauvreté, en permanence.
Castles and Treehourses K Town by Malik_AA, sur Flickr
Tram Melting Pot Wan Chai by Malik_AA, sur Flickr
Macau
Hong Kong c’est aussi Macau. L’autre province au statut administratif spécial que l’on rejoint par ferry (1 ferry toutes les quinze minutes aux heures de pointe), par hélicoptère ou maintenant par la route avec le pont HK, Zhuhai, Macau (le plus long du monde avec 55km).
Non pas que Macau présente a priori beaucoup d’intérêt (ruelles portugaises, ruines de St Paul, casinos, jeux et prostitution légalisée), c’est en tant qu’étranger un passage incontournable assez rapidement puisqu’une fois le visa de travail obtenu, il faut sortir de Hong Kong pour l’activer et comme il n’est pas besoin de visa pour aller a Macau c’est souvent le plus simple…on finit tous donc a Macau assez vite. Et puis vous y retournez avec vos visiteurs, famille et amis pour qui Macau est presque toujours sur la “to do list”. Les premières visites ne furent pas fascinantes: ruelles surpeuplées de touristes chinois et casinos plus horribles les uns que les autres. Le stock de photos est donc assez limité. Il m’aura fallu du temps pour apprendre a connaitre cette ville et aimer y aller.
Grand Lisboa Macau Reflets by Malik_AA, sur Flickr
Dried Fish Macau by Malik_AA, sur Flickr
Singularité, Fierté, Ebullition
Enfin, Hong Kong c’est la fierté d’être different et c’est un attachement absolument viscéral aux coutumes de la ville, a son histoire, a sa langue (oui on parle cantonnais a Hong Kong et surprenamment, beaucoup de locaux ne parlent pas ou très mal le mandarin), a une partie de l’héritage britannique, a la liberté. Et les Hongkongais, sous des dehors zen, sont des gens plutôt bouillant et très méditerranéens
C’est le paradoxe et la tragédie que nous avons commence a voir se jouer depuis 2014. Les Hongkongais sont chinois mais ne veulent pas de la Chine populaire même s’ils sont tous évidemment lucides sur la dépendance de leur “pays” a cette Chine.
Situation inextricable, la Chine ayant le “droit” pour elle et Hong Kong ayant (sur le papier) 27 ans avant le retour définitif a la république populaire. Les quelques photos ci-dessous illustrent le premier mouvement de 2014, essentiellement anime par la jeunesse et les étudiants avec pour revendication le respect des droits civiques et des promesses faites dans le passe par la Chine. Je me sens chanceux d’avoir pu observer a la fois 2014 et 2019 et reste profondément ému par la force, le courage et la dignité du mouvement de 2014.
Occupy Admiralty Democracy by Malik_AA, sur Flickr
Occupy Admiralty 2014 Freedom by Malik_AA, sur Flickr
Ribbons at the Legco by Malik_AA, sur Flickr
Voila pour 2014…
Très bon weekend de Pâques
PS: M240 + summicron 35 asph., summicron apo 50 + planar ZM 50.
2014: La découverte
Je n’ai pas beaucoup réfléchi avant de m’engager. Je n’avais jamais vu cette ville avant d’y débarquer en juin. Loin des mondanités parisiennes et des stéréotypes qui me parlaient du New York de l’Asie ou du Monte Carlo de la Chine, l’arrivée a été un choc: Etroitesse, vétusté des rues, absence d’espace dans la ville, surpopulation, royaume des malls et de la consommation, petitesse des appartements, cout de la vie, rudesse des habitants, omniprésence et impolitesse des chinois (comprendre touristes du continent), pointillisme du Hongkongais, particulièrement de son administration et j’arrivais quand Occupy Central commençait a prendre de l’ampleur. Mais nous reviendrons sur tout cela….En attendant je crois que cette sélection illustre, malgré ma curiosité et ma volonté de me fondre dans l’environnement, une certaine distance initiale avec cette ville et ses gens. Hong Kong n’était pas la belle promise et il fallut beaucoup d’efforts.
La mer (c'est pas l'homme qui prend la mer...)
Ce qui frappe aussi fort qu’un pléonasme c’est l’omniprésence de la mer. Hong Kong est en effet une ile et Hong Kong c’est la mer.
Née de la pêche et devenue riche avec le commerce maritime, Hong Kong vit toujours de, pour et en fonction de la mer (oui, ce nonobstant les services financiers).
Bateaux, rafiots, pêcheurs industriels, pêcheur du dimanche, loisirs nautiques, plages, tunnels, ponts et ferries pour relier le continent a l’ile, catastrophes naturelles.
Mais la mer finit aussi dans les assiettes. La gastronomie Cantonaise fait la part belle aux produits de la mer et attire les touristes qui pullulent jour et nuit a la recherche du meilleur crabe frit a l’ail dans les ruelles de Wan Chai, de Causeway Bay et d’autres endroits plus reculés comme Lei Yue Mun ou Sai Kung.
Tai O Fishermen by Malik_AA, sur FlickrPecheur Lei Yue Mun by Malik_AA, sur FlickrShek O Main Beach by Malik_AA, sur FlickrRestaurant Kitchen Lei Yue Mun by Malik_AA, sur FlickrL’intimite au milieu de la foule
L’autre évidence qui saute a la gorge c’est le paradoxe permanent entre densité de population, étouffement, absence d’intimité et en même temps les signes d’humanité et les singularités individuelles qui finissent toujours pas trouver un interstice ou s’immiscer. On n’est plus surpris de voir parmi la foule qui s’écoule sur des trottoirs trop petits, dans les transports aux heures de pointe, dans les voitures, ou simplement sur une chaise posée dans la rue, une rêverie, un regard plonge dans des problèmes, des désirs, peu importe, on y voit des individus qui trahissent leur humanité, quelles que soient les conditions.
C’est probablement une des choses avec laquelle j’étais le plus mal a l’aise au début, le manque d’intimité et d’espace. Et bien on s’y fait…résilience, adaptabilité.
Convenient Store Shek O by Malik_AA, sur FlickrStranded Thoughts Lei Yue Mun by Malik_AA, sur Flickr L’immobilier
Il n’y aura aucune photo de la ville verticale mais il est évident que la géographie, l’avidité et la complicité du gouvernement avec les promoteurs (une très grande partie du territoire n’est pas constructible et se trouve “reclaimed” au compte goutte avec l’organisation d’enchères qui permettent de maintenir les prix a leurs niveaux) ont fait de l’immobilier la problématique la plus aiguë pour les Hongkongais et la division la plus profonde entre “have” et “have not”. Toutes les préoccupations orbitant autour de la propriété de son bien immobilier: Publicités pour le credit, annonces immobilières placardées partout sauvagement, nouvelles constructions incessantes, prix exorbitants… Enfants chanceux qui restent au foyer parental jusqu’a 40 ans pour constituer un apport suffisant pour obtenir un credit hypothécaire. Enfants moins chanceux qui resteront avec leurs parents a vie, dans des appartements vétustes, étroits et prives d’intimité. L’inceste et le viol sont des tabous dans la société chinoise de Hong Kong, personne n’en parle vraiment sérieusement (ici et la dans les faits divers), mais c’est bien la et c’est beaucoup plus répandu que ce que les gens admettront publiquement.
Et pour autant, les HLM locaux sont souvent très bien tenus et poignant de beauté avec leurs couleurs vivaces et criardes.
Tout ceci explique aussi pourquoi la vie a Hong Kong est aussi vibrante, c’est une vie qui doit nécessairement se passer en dehors des murs trop etroits: Bars, restaurants, randonnées, cinema, karaoke, centres commerciaux, hôtels loues a l’heure….et aussi pourquoi les Hongkongais voyagent autant et pourquoi un sou est un sou…toujours…..
Real Estate Advertisements Wan Chai by Malik_AA, sur FlickrHousing Kwun Tong by Malik_AA, sur FlickrFrivolité et frugalité
Et dans ce petit monde, tout le monde se côtoie a un moment ou a un autre de la journée: Riches touristes chinois, travailleuses domestiques du sud-est asiatique, étrangers expatries, prostituees du monde entier, riches locaux, trafiquants de drogues nigérians, laborieux locaux qui cumulent 3 jobs pour survivre, retraites qui ramassent les ordures pour vivre…. Il y a bien évidemment des ghettos. Il y a bien évidemment les clubs, les écoles internationales, les quartiers chics, mais in fine, tout le monde se croise, pauvres ou riches, jeunes et vieux…
Hong Kong est un “pot”, pas certain qu’il favorise le “melting” mais tout le monde est bien dans le même pot. L’opulence s’étale face a la pauvreté, en permanence.
Castles and Treehourses K Town by Malik_AA, sur FlickrTram Melting Pot Wan Chai by Malik_AA, sur FlickrMacau
Hong Kong c’est aussi Macau. L’autre province au statut administratif spécial que l’on rejoint par ferry (1 ferry toutes les quinze minutes aux heures de pointe), par hélicoptère ou maintenant par la route avec le pont HK, Zhuhai, Macau (le plus long du monde avec 55km).
Non pas que Macau présente a priori beaucoup d’intérêt (ruelles portugaises, ruines de St Paul, casinos, jeux et prostitution légalisée), c’est en tant qu’étranger un passage incontournable assez rapidement puisqu’une fois le visa de travail obtenu, il faut sortir de Hong Kong pour l’activer et comme il n’est pas besoin de visa pour aller a Macau c’est souvent le plus simple…on finit tous donc a Macau assez vite. Et puis vous y retournez avec vos visiteurs, famille et amis pour qui Macau est presque toujours sur la “to do list”. Les premières visites ne furent pas fascinantes: ruelles surpeuplées de touristes chinois et casinos plus horribles les uns que les autres. Le stock de photos est donc assez limité. Il m’aura fallu du temps pour apprendre a connaitre cette ville et aimer y aller.
Grand Lisboa Macau Reflets by Malik_AA, sur FlickrDried Fish Macau by Malik_AA, sur FlickrSingularité, Fierté, Ebullition
Enfin, Hong Kong c’est la fierté d’être different et c’est un attachement absolument viscéral aux coutumes de la ville, a son histoire, a sa langue (oui on parle cantonnais a Hong Kong et surprenamment, beaucoup de locaux ne parlent pas ou très mal le mandarin), a une partie de l’héritage britannique, a la liberté. Et les Hongkongais, sous des dehors zen, sont des gens plutôt bouillant et très méditerranéens
C’est le paradoxe et la tragédie que nous avons commence a voir se jouer depuis 2014. Les Hongkongais sont chinois mais ne veulent pas de la Chine populaire même s’ils sont tous évidemment lucides sur la dépendance de leur “pays” a cette Chine.
Situation inextricable, la Chine ayant le “droit” pour elle et Hong Kong ayant (sur le papier) 27 ans avant le retour définitif a la république populaire. Les quelques photos ci-dessous illustrent le premier mouvement de 2014, essentiellement anime par la jeunesse et les étudiants avec pour revendication le respect des droits civiques et des promesses faites dans le passe par la Chine. Je me sens chanceux d’avoir pu observer a la fois 2014 et 2019 et reste profondément ému par la force, le courage et la dignité du mouvement de 2014.
Occupy Admiralty Democracy by Malik_AA, sur FlickrOccupy Admiralty 2014 Freedom by Malik_AA, sur FlickrRibbons at the Legco by Malik_AA, sur FlickrVoila pour 2014…
Très bon weekend de Pâques
PS: M240 + summicron 35 asph., summicron apo 50 + planar ZM 50.
des milliers de km a marcher dans HK, voyager, decouvrir la Chine, la gastronomie, etc.. Une bien belle annee. Et a posteriori la sensation collante que HK c'est crade, c'est bordelique, c'est invivable mais ca a une gueule incroyable. Ca vit, ca vibre, ca vous prend et ne vous lache pas. 
