1/ QUELLES OPTIQUES
Il y a un intérêt si l'on est prêt à accepter d'avoir des optiques qui ne sont plus couplées (plus de diaphragme automatique, mesure de lumière à ouverture réelle).
Avec des grands angles, c'est moins limitant qu'avec des téléobjectifs.
Il y a un intérêt également si l'on est certain que la différence de qualité des optiques R amène un vrai plus par rapport à ce qu'on peut obtenir avec des optiques Nikon, et si l'on fait partie de ceux (j'en suis) qui n'utilisent pas d'AF.
Rapidement :
- le
15mm leica R est plus répandu que le
15mm Nikon F, et plus pratique. Il est, paraît-il meilleur (je n'ai jamais utilisé le 15mm Nikon, mais j'utilise depuis maintenant 6 ans le 15mm Leica, qui est étonnant).
- le
19mm Leica R est supérieur au
20mm Nikon. Toutefois, il n'existe pas dans cette focale d'optique sans distorsion, et si le 19 Leica en a moins que le Nikon, il en a tout de même. Le 19 mm R version 2 est meilleur que le 20mm Nikon actuel. L'ancien 19mm Leica R est moins bon, et beaucoup plus encombrant.
J'utilise un 20 mm Nikon Ais, pour avoir le couplage, et une optique compacte. D'après mon expérience, il vaut largement l'ancien
Super-Angulon 21mm Leica R, dont la conception était formidable pour son époque, mais qui date.
- le
2,8/24 mm Leica R n'est pas meilleur que le
2,8/24 mm Nikon. Dans les deux gammes, la production est hétérogène, et on peut tomber sur des exemplaires plus ou moins bons. Dans les deux gammes, ces focales sont de qualité acceptable, mais moyenne. Je l'utilise peu.
- le
2,8/28 mm Leica R première version n'est pas meilleur que le
2,8/28 mm Nikon Ais, qui est exceptionnel. Le dernier 2,8/28 mm Leica R est supérieur, mais le Nikon est vraiment très très bon. Je l'utilise.
- le
2/35 Leica R est moyen sur capteur (je ne connais pas la cause). Le
2/35 Nikon Ai ou Ais est très bon (sans être au niveau d'optiques plus modernes, tant chez Leica que chez Nikon). J'utilise beaucoup le 2/35 mm Nikon Ai, c'est mon optique de base.
- le
1,8/50 Nikon Ais est excellent. Pour moi, il n'est pas justifié de lui préférer un vieux summicron.
- le
1,4/50 Nikon a été produit en de nombreuses versions. Il en est d'excellentes, au rendu proche de l'ancien summilux M (versions pré-Ai), et de moyennes (production semble-t-il hétérogène). Le
summilux R dernière version est une optique d'exception (fort chère). J'utilise un 1,4/50 Nikon de 1971 qui est vraiment très bon, objectivement meilleur qu'un summilux M 50 non Asph que j'ai aussi utilisé. J'ai eu un Ais très moyen. Les 50mm Nikon ayant été produits en très grande série, avec des normes de qualité moins sévères que chez Leica, on peut tomber sur des exemplaires excellents et plus que surprenants, et sur des exemplaires moyens voire médiocres.
- l'
Elmarit 60 mm macro est une optique d'exception. Sa focale est malcommode pour de la photo généraliste, à mon goût, mais, contrairement au
2,8/55 mm Nikon Ais, il est vraiment bon dans toutes situations, et l'image est magnifique, tant douce que précise. Le 2,8/55 est pratique, "piqué", mais l'image qu'il produit est assez souvent disgracieuse (plate sans relief). J'ai fait ce constat avec deux elmarit 60mm différents, et trois 55mm Nikon différents.
- le
1,8/85 Nikon ancien (années 70 pré-Ai) est très très bon. J'ai eu ce 85 et le
2/90 Leica R non APO, et j'ai conservé le Nikon (
test comparatif perso).
Le
summicron 90 APO est d'une autre trempe. Je ne suis pas
a priori convaincu par son usage sans diaphragme couplé.
Le 2/85 Ais Nikon actuel est pratique (compact), mais moins bon. L'image est assez belle, il est précis, mais il a de la distorsion (l'Elmarit 90 et le vieux 1,8/85 Nikon en sont presque dépourvus).
- le
100 APO Leica R est une optique d'exception. Mais le
2,8/105 micro Nikon Ais aussi… Le
2,5/105, bien qu'il date, fait aussi de très belles images, largement du niveau d'un ancien Elmarit 90.
- le
2,8/180 ED Nikon est largement au niveau du
2,8/180 Leica R non APO, si ce n'est meilleur. Les
180 APO Leica R sont hors-norme. Mais à mon avis d'un usage vraiment malaisé sans couplage. Au prix de ces optiques, si on utilise ce type de focale, on doit pouvoir être très satisfait d'une optique AF 180 Nikon moderne, ou du 180 mm APO Angénieux pour Nikon.
Je ne connais pas les autres modèles ou focales.
Il est deux points ou Leica est supérieur : la production est plus homogène, et la gamme également : les optiques d'une même époque ont les mêmes caractéristiques colorimétriques, plutôt un peu jaunes pour les optiques d'avant la fin des années 1970, neutre pour les récentes.
La gamme Nikon n'a pas cette homogénéité, très utile en diapositive. C'est d'importance tout à fait secondaire sur négatif, et surtout en numérique : on cale ses raw lors de l'ouverture, et on récupère les différences de température de couleur avec Capture One ou autre.
Note concernant ces commentaires : ils sont faits par quelqu'un qui ne cherche pas spécialement dans ses photos la perfection au compte fil, mais est assez sensible à la distorsion, et à la qualité globale d'image.
Ce même quelqu'un (moi-même, je parle à la troisième personne comme un acteur français connu) ne les a utilisées que sur film ou sur D700. Je ne sais pas du tout ce qu'il en serait avec des boîtiers numériques ayant une plus grande résolution (D3X, D4, D800).
Je peux simplement constater que toutes ces optiques (à part le 24mm) ont une résolution supérieure à celle du capteur de 12 Mpix, et imaginer qu'elles passent encore très bien sur le D4. Au-delà, c'est à vérifier, il faut peut-être plus "moderne", les dernières Nikon AF haut de gamme, ou les Leica R les plus performantes (APO et derniers modèles).
Peut-être aussi atteint-on, avec les très hautes résolutions de capteurs, les limites de ce qui est possible avec une mise au point manuelle ?
2/ COMMENT OPÉRER
C'est fort simple, puisque le matériel nécessaire ne comporte que deux tournevis, à choisir selon qu'il s'agit d'optiques ayant été montées avec des vis cruciformes, ou non (optiques d'avant la première moitié des années 1970).
Le seul conseil à donner est d'utiliser d'
excellents tournevis haut-de-gamme, parfaitement à la bonne taille, sinon, c'est dérapage assuré, et vis détériorées.
Travailler sur un plan bien propre, en protégeant les lentilles avant et arrières, tenir fermement son tournevis parfaitement vertical, en exerçant une bonne pression pour éviter tout dérapage. Prévoir une ou deux petites soucoupes pour y déposer les petits éléments : la petite bille qui crante le diaphragme, pour certaines optiques, un petit ressort de rappel du diaphragme automatique, les vis.
Être méthodique, patient et propre, et tout ira bien, car il n'y a rien de mystérieux.
Ranger ensuite avec soin les éléments non utilisés (vis, baïonnette, ROM, cames), en vue de remontage dans l'état Leica R d'origine.