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Une question comme je les aime...
On peut travailler la prélumination sans matos compliqués, uniquement en appliquant de manière simple les principes de base de la sensitométrie.
La courbe de noircissement d’un papier, bien qu’en règle générale il s’agisse plutôt d’une droite, répond aux mêmes caractéristiques que toute émulsion, à l’exception du voile de base (la base du papier la couleur du papier non exposé et traité).
Toute émulsion ne réagit pas au premier photon qui vient se perdre dans la couche sensible : il faut une certaine dose de lumination avant que celle-ci enregistre l’événement (noircissement donc) Voilà pourquoi les hautes lumières d’un négatif sont particulièrement pénibles à faire monter.
Le point ou l’émulsion réagit est le seuil de sensibilité. La préillumination consiste à amener le papier à ce point afin qu’il réagisse davantage aux hautes lumières du négatif (fenêtre en contre jour, chemise blanche à midi le 15 août à Bamako,…).
Avec une vue vierge d’un négatif quelconque, on pratique une bande d’essai sur le papier que l’on compte préilluminer, agrandisseur réglé pour le format de tirage que l’on souhaite réaliser (le calcul du temps de pose pour un autre format peut toutefois être déduite du format de base par application de la loi de Descartes). Un compte pose qui permet les dixièmes de secondes est à mon sens indispensable. On réalise plusieurs zones par paliers successifs en augmentant d’un 1/2 IL la durée d’exposition chaque fois (0,2s – 0,3s – 0,4s –0,6s – 0,8s, etc. par ex.). Il est nécessaire de marquer au crayon ou par une entaille la limite de chacune des zones ainsi réalisée, rien ne ressemblant davantage au blanc que le blanc…
Traitement du papier selon le procédé habituel et examen de l’épreuve une fois sèche. La zone ou le papier décolle du blanc, premier gris perceptible, détermine le seuil de sensibilité du papier, selon le procédé de traitement mis en œuvre. Imaginons que cette zone est celle résultant d’une exposition de 0,8s, la préillumination consistera à exposer le papier à 0,6s pour l’amener au seuil de sensibilité.
Cette technique permet de retrouver de la matière sur des hautes lumières cramées qui viennent difficilement, où au prix d’un fastidieux maquillage.
Chaque référence de papier ayant sa propre sensibilité (dans tous les sens du terme), il faut effectivement effectuer les tests pour chacun d’eux. Pour les marques dont la qualité de production est stable, on peut s’en tenir aux tests faits sur une boîte antérieure, même si une petite vérification n’est pas inutile et peut permettre d’éviter de gâcher du papier. En revanche, d’autres marques nécessitent d’être testée pour chaque lot (Bergger par ex.).
Penser aussi au fait que les révélateurs « font » aussi la sensibilité ; les tests sont à reconduire pour chacun d’eux, même si les valeurs de préillumination peuvent paraître proches.
J’espère n’avoir rien oublié et avoir été clair.
P.S. :
citation :
- A partir de quel gamma négatif cela devient-il nécessaire d'aller plus loin que le maquillage? Il s’agit surtout de sortir les hautes lumières quand celles-ci sont justement trop hautes. Plus que la densité globale du négatif, c’est une densité locale qui peut amener à recourir à cette technique.
citation :
- Les temps de prélumination courts ne sont-ils pas imprécis du fait de l'inertie de la lampe (tension) sans système Closed Loop comme sur les Durst Pictochrom?
La préillumination était utilisée par les tireurs bien avant que les agrandisseurs ne deviennent des F1. L’instabilité de la tension, l’inertie de la source lumineuse est un paramètre qui s’intègre de facto dans la réalisation du test. Faites deux fois le test, les différences seront imperceptibles. L’aléatoire, que l’on ne peut écarter, demeure sans incidence pratique notable pour la réalisation d'un tirage.
Edit P.S.: lire intervalle d'un 1/2 IL