Remplacer la méthode de Jules ?

Olivier S.
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Je voudrais juste indiquer que j'utilise la méthode "à Jules" depuis plusieurs années sans jeter le flacon "A" et en complétant avec du D-76 du commerce (pas "R"). Et j'arrive à développer mes films sans problème. Je ne sais absolument pas ce qu'il y a dans de flacon "A" que je filtre de temps à autre..... J'observe simplement que mes films (petit et moyen format) sont développés de manière identique même si mes développements ne sont pas réguliers. S'il y avait un bon chimiste au sein de Summilux, je discuterais volontiers avec lui pour comprendre.
A bon chat, bon rat !
Hertbert9
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Il n'est pas besoin d'être un chimiste chevronné pour répondre.
On peut obtenir un développement (plus ou moins) correct du moment qu'il y a un agent développant et un activateur (par exemple, le D23, aussi ancien que le D76, contient du métol et du sulfite, rien d'autre). Prenez une cuillère de café soluble périmé et une poignée de sulfite pour piscine en diluant le tout dans de l'eau de caniveau et vous obtiendrez un révélateur qui marche et vous verrez quelque chose sur le négatif.
Le problème qui se pose est de savoir si ce "quelque chose" est satisfaisant en termes de propriétés (gestion du contraste, de la résolution, de la granularité, de la vitesse avec tel ou tel film) et d'esthétique (appréciation subjective). La toxicité, la facilité d'utilisation, la disponibilité des ingrédients et le coût sont encore d'autres critères.
Tout est là. C'est parce que tous ces paramètres sont modulables et que les photographes ont des besoins, des priorités, des contraintes et des goûts différents qu'il existe des centaines de formules de révélateurs, du plus simple au plus compliqué, même si, en définitive, ils font tous la même chose.
Dans votre flacon A, il y a assez de métol, d'hydroquinone et de sulfite pour obtenir un révélateur, raison pour laquelle il n'est pas possible que vos négatifs ne soient pas développés. La question qui se pose -- éventuellement -- est de savoir si ce révélateur est le meilleur traitement possible pour tirer le meilleur parti de vos négatifs.
philbed
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Olivier S. a écrit :
Je voudrais juste indiquer que j'utilise la méthode "à Jules" depuis plusieurs années sans jeter le flacon "A" et en complétant avec du D-76 du commerce (pas "R"). Et j'arrive à développer mes films sans problème. Je ne sais absolument pas ce qu'il y a dans de flacon "A" que je filtre de temps à autre..... J'observe simplement que mes films (petit et moyen format) sont développés de manière identique même si mes développements ne sont pas réguliers. S'il y avait un bon chimiste au sein de Summilux, je discuterais volontiers avec lui pour comprendre.


Il y a plusieurs erreurs dans votre procédure :

1. le flacon A n'est pas éternel. Lorsque le flacon B est vide, il faut jeter le contenu du flacon A en ne conservant qu'environ 100ml.

2. le D76 ne se regénère pas lui-même à la différence de l'Xtol. Il se regénère avec le révélateur D76R dont la formule est facilement trouvable sur le net. Mais Kodak ne commercialise plus ce produit.
Kodak a part ailleurs modifié la méthode de regénération du D76. Il faut fabriquer une solution de regénération en mélangeant 5/6 de D76 et 1/6 de D76R pour obtenir 1 litre de solution. Ensuite on regénère à raison de 70ml de solution par film 35mm 36p développé. C'est expliqué en détail sur le feuillet technique Kodak.

3. Quant on fabrique un nouveau litre de révélateur A, on complète le niveau jusqu'au goulot avec le reste du vieux révélateur que l'on a pas jeté. De cette manière, le nouveau révélateur est déjà "assaisonné" comme disent les américains.

4. Dans tous les cas, le révélateur et la solution de regénération n'ont une durée de vie que de 6 mois. C'est inutile de les utiliser au-delà. Le risque d'obtenir des développements médiocre est trop important comparé au coût du produit.
Olivier S.
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Bonjour,

Merci de vos contributions. Voici des exemples de mes derniers films développés selon cette méthode.
Les 2 premières images sont de la Tri-X à 1600iso (M7, cron50mm v1) et la dernière de la HP5 à 400iso (Mamiya 7ii, 80mm).
Le tout est scanné sur un Imacon Precision II à la résolution maximale (soit environ 8277x5518 pixels pour un 24x36 et 7982x6841 pixels pour le 6x7). Le crop est de 600x600 pixels.

#1



#2



#3



Il n'y a pas de grain et le contraste me paraît correct. Les scans sont optimisés pour l'impression sur papier. Qu'en pensez-vous? Merci.
A bon chat, bon rat !
autrebord
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philbed a écrit :
3. Quant on fabrique un nouveau litre de révélateur A, on complète le niveau jusqu'au goulot avec le reste du vieux révélateur que l'on a pas jeté. De cette manière, le nouveau révélateur est déjà "assaisonné" comme disent les américains.


Philbed,

Peux-tu expliquer l'intérêt "d'assaisonner" le révélateur?

Pour ma part j'essaye d'utiliser la méthode de Jules à bain perdu, n'en retenant que l'association révélateur pur, long temps de développement et très faible agitation (quand on développe seulement qq films par mois, le D76 en 3,8l pur à bain perdu est guère plus cher qu'en 1l à 1+1 avec, semble-t-il, un meilleur résultat)

Avec ta remarque, je me demande quel serait l'intérêt d'ajouter au révélateur pur et neuf un "goulot" de révélateur usagé. Est-ce seulement pour qu'à la première utilisation du révélateur sa composition soit plus proche des fois suivantes (si on régénère) ou cela a-t-il un intérêt esthétique?
jackf
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Vieux briscard
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Bonjour,

Juste un retour d’expérience de la méthode Jules
et de ce que j'ai ensuite nommé "Pseudo-Jules" pour ne garder que ce qui fonctionnait bien dans cette méthode.

J'ai utilisé la "méthode Jules" pendant environ 2 ans et demi environ.
Au début en régénérant avec du D76 normal, mais l'épuisement se faisait bien sentir à partir du 10-12èmm film.
Puis ensuite en régénérant avec du D76R (prévu pour régénérer) mais là encore au bout d'un moment les films devenaient surdéveloppés...

Les avantages de la "méthode Jules :
> Films plutôt sur-développés donc bien contrastés tout en ayant des hautes lumières jamais cramées et sans grain excessif.
(on évite l'aspect vraiment grisouille des temps Kodak)
>Le néga est exploité à fond et on a du détail dans les ombres comme dans les lunières. (Effet compensateur)
>La sensibilité d'une 400 TriX (ou autre) est exploitable sur une très large plage de sensibilité (de 100 à 1200 environ),
rien ne sert de "pousser" car le film est exploité à fond et on n'aura pas plus de détail dans les ombres en allongeant le temps.
Idéal donc quand on n'utilise pas de cellule.

Les inconvénients :
> La régénération est valable pour les labos gérant quotidiennement de très grosses quantités,
donc contraignant et pas régulier dans le temps pour un particulier.
> Nécessitée de filtrer régulièrement si on veut supprimer les dépôts qui viennent se coller et créaient des points noirs sur le film.

J'ai donc cherché à garder les avantages de cette méthode sans les inconvénients :

Donc dilution 1+1 à 20° et agitation légère 10 sec au début puis toutes les 3 minutes et +30% des temps Kodak officiels.
Puis la solution 1+1 est jetée. Pas de bain d'arrêt mais 3 rinçages successifs pour ne pas polluer le fixatif.
On obtient les mêmes résultats qu'avec la méthode Jules sans avoir à régénérer, filtrer et se prendre la tête...
Le procédé encaisse vraiment les erreurs d'expo et on a des négas pleinement exploitables .

ça fonctionne avec tous les films et j'utilise la même méthode avec les 100 iso dans le Rodinal,
les 30% de temps en plus et l'agitation toutes les 3 minutes apportent vraiment un plus (effet compensateur)
par rapport aux temps et retournements classiques.

Ce que la Méthode Jules à de bon se résume en une seule ligne :
Agitation modérée toutes les 3 minutes et 30% de temps en plus... Pour le reste... :wink:
Piga
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citation :
...sur le marché amateur où il représente une référence quasi-mystique...

Euh... mythique, sans doute ? Ne mêlons pas la religion à nos petits problèmes !

À moins qu'il s'agisse d'une référence au mysticisme vertical de Dali ?
philbed
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Pour avoir un peu contribué à ce fil, je vais répondre aux dernières interventions.

Si on utilise le D76 stock en one-shot, on obtient des résultats très semblable à ceux obtenu avec la méthode avec regénération mais pas identique. Il y a moins de développement physique. Mais sur un tirage 24x30 c'est quasiment invisible. Et bien entendu, le one-shot ne peut pas s'assaisonner.

Pour l'autre post, je ne comprends pas bien l'inconvénient que représente la regénération. Pour avoir beaucoup fréquenté les labos photos amateurs au Japon dans les années 80, je peux témoigner que la regénération était pratiquée par les amateurs et les petits photos-clubs. Ce n'est pas plus contraignant que d'autres formes de traitement. Quant à la régularité, c'est à mon avis une question de bon sens. Si on ne traite pas au moins un film par semaine, un révélateur regénéré n'a aucun intérêt. Pour qu'il reste actif et conserve ses qualités, on doit le solliciter régulièrement. Il vaut mieux traiter un film par semaine avec ce genre de traitement que de développer 4 films en même temps une fois par mois.
Enfin, on n'obtiendra jamais les mêmes résultats en utilisant le D76 pur ou dilué 1+1.
igemo
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philbed a écrit :
Enfin, on n'obtiendra jamais les mêmes résultats en utilisant le D76 pur ou dilué 1+1.


Tu veux dire qu'on obtiendra des résultats meilleurs ou moins bons? Je suis praticien du 1+1 depuis un bail mais je suis tout prêt à changer si on m'indique une procédure produisan des négas plus beaux.
"In the future, Russia will be the military center of the world, Iran the scientific center, and China the economic center."
Ebrahim Raisi
jackf
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igemo a écrit :
philbed a écrit :
Je suis praticien du 1+1 depuis un bail mais je suis tout prêt à changer si on m'indique une procédure produisan des négas plus beaux.

Sincèrement, il faut tester soi même les différentes méthodes pour savoir ce qui nous convient le mieux,
en fonction de ce que l'on recherche en termes de densité de négatif, de rendu et de tolérances d'exposition.

Exposer la même vu de 50 à 3200 ISO avec différents types de développements
et voir ce qui est exploitable.

L’expérience il n'y a que ça de vrai, car sinon on peut passer des mois à lire tout et son contraire sur le web...

Le stock ou la dilution n'est qu'un paramètre, mais le temps de dev ainsi que le type d'agitation
me semble plus important à mes yeux.
clicclac
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Vieux briscard
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Extrème Orient Breton.
Ben oui Jacques, je ne vois pas pourquoi tout le monde se focalise sur la régénération dans ce process, alors que tout l'intérêt est dans le développement lent :roll:
ad augusta per angusta.
philbed
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Il y a une importante littérature sur tous les forums concernant la différence entre le D76 utilisé pur ou utilisé dilué. On n'obtient pas les mêmes résultats, mais, pour moi, il n'y a pas un traitement meilleur que l'autre. C'est une question de goût. Mais si l'on souhaite un grain fin et une bonne distribution tonale, le D76 pur et/ou regénéré donne de meilleurs résultats.
Quand à l'action compensatrice de l'agitation minimale, elle a aussi été maintes fois documentée. On peut la pratiquer avec du D76 1+1. Mais pour les durées de développement, il est bon de tester le process. Personnellement j'applique la règle suivante : pour 2 retournements toutes les 3 minutes, j'augmente ma durée de développement de base de 50%. J'observe le résultat. Si c'est surdéveloppé, je n'augmente ma durée de base que de 30%. De toute façon, c'est très subjectif. Suivant les conditions de lumière, j'utilise le D76 regénéré en agitation minimale ou le D76 1+1 en agitation normale.
Hertbert9
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Habitué
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Lyon
Piga a écrit :
citation :
...sur le marché amateur où il représente une référence quasi-mystique...

Euh... mythique, sans doute ? Ne mêlons pas la religion à nos petits problèmes !
(...)


Allez savoir ! la dévotion, la confiance illimitée, quand ce n'est pas le culte parfois rendu à cette formule, font qu'on peut parfois poser la question.
S'il y a mythe, ce qui est bien possible, il s'agit d'un mythe très "moderne" dans le sens où il est fondé sur la réinterprétation d'un passé qui n'a jamais existé: la conception selon laquelle le D-76 serait LA formule adoptée par les grands photographes du 24x36, celle qui met en prise directe avec la vraie tradition, pour ne pas dire avec le grand art, relève de la fantasmagorie. La réalité est que le D-76 est, depuis les années 1980, la seule formule qui réponde aux critères du marché de masse: on la trouve partout et elle est compatible avec à peu près tous les films.
philbed
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En aucun cas le D76 ne peut être une référence mythique. Mais ce fut et c'est toujours un étalon industriel. La formule metol-hydroquinone-sulfite de sodium-borax a été utilisé avec succès dès les années 30 par les chimistes du monde entier. Durant les années 40 et suivantes, c'était la formule de révélateur que toutes les armées du monde utilisaient avec les films de prises de vues aériennes.
Kodak ne s'est jamais caché que toutes les recherches sur les nouveaux révélateur (HC110, Xtol) avaient pour but de reproduire les caractéristiques du D76 en augmentant la plage d'utilisation ou en améliorant les qualités environnementales.
Aujourd'hui encore, le D76 reste une référence. Mais ça n'a rien d'un mythe.
Clic
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Depuis le 25 juil 2003
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Remplacer la méthode à Jules ?
Par le mode d'emploi c'est tellement plus simple, et vous n'allez pas me croire
ça marche. Si si ! :applaudir:
"Lorsque vous photographiez des gens en couleur, vous photographiez leurs vêtements.
Mais quand vous photographiez des gens en noir et blanc, vous photographiez leurs âmes"
Ted Grant.
LE TALENT DU PHOTOGRAPHE EST A LA PRISE DE VUE.
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