Bonjour "lumière",
je crois que de dire qu'
on choisit son camp est une réduction.
La pratique photographique peut s'exercer quel que soit le moyen de capture.
C'est la sensiblilté de celui qui est derrière l'appareil qui compte le plus.
Je ne sais pas quelles sont les possibilités dans ta région mais en ce qui me concerne je fais surtout du noir et blanc en argentique et je développe moi-même le négatif.
En tant qu'amateur, ça permet de pratiquer une activité qui nécessite un tour de main et quelques connaissances.
Le coût du matériel est faible et la satisfaction très grande, pour autant qu'on puisse se remettre en questions et assumer ses responsabilités quand ça ne se passe pas bien.
C'est en tout cas une belle leçon et surtout: c'est pas la faute des autres, si c'est raté.
Si c'est réussi, c'est une victoire!
Il y a un aspect humain, presque philosophique qui vaut mieux que les discours économiques ou technologique qui passionnent.
Quand je fais de la couleur en argentique (et à part avec la pellicule inversible, je suis rarement content), je dépose dans un labo et je demande un développement
négatif seul dans le circuit professionnel et sans couper le négatif.
Il faut ensuite scanner et traiter l'image, ce qui est une source d'expérimentation, de recherches, de construction du goût, de composition, ainsi qu'un exercice de soin et de précision.
Gants blancs, dépoussiérage, nettoyage... font appel à l'habileté, la connaissance, la recherche du progrès, l'apprentissage et parfois une forme de "compagnonnage" (ce forum est un réseau riche et dense).
Il est question de se mettre en question.
Se faire livrer le négatif déjà scanné ou imprimé signifie passer outre de cette étape très instructive et la transformer en acte d'achat: ce drame moderne qui réduit tout à un niveau matériel et qui donne selon moi autant d'intérêt à la pratique de la photo que l'achat de pommes de terre.
Avec tout le respect que je porte à la variété "Bintje", "Désirée", "Nicola", "Cornes de gatte", "Esterling" et autre "Ratte".
Ce qui est intéressant c'est de produire et de développer ces variétés de tubercules et de les cuisiner dans un contexte donné.
Et là la science (et donc l'expérience) est incontournable.
Ce qui est formidable c'est que le "numérique" est un apport évident à l'argentique en ce sens que dès lors que le scanner transforme la l'image sur la pellicule photo en fichier numérique, on fait se rejoindre les deux techniques. Cette possibilité de réunion est une force.
Il devient possible de nettoyer, corriger, agir sur certaines zones, plus facilement que sous l'agrandisseur.
Vient ensuite la problématique liée à l'impression des images qui méritent d'être montrées, accrochées, publiées ou vendues.
Certains services "en ligne" sont très performants et on réalise maintenant des travaux photo de qualité. Ca donne aussi du travail au facteur!
Il y a sur ce forum des artisans qui peuvent te proposer ce service dans un cadre professionnel. C'est "tarifé" et donc, on sait à quoi s'attendre. La qualité est au rendez-vous car tu as affaire à une personne et pas à une société commerciale qui aurait pour seul objectif de "faire du chiffre". De soutenir ces artisans a un effet positif sur la qualité de vie.
Sinon, selon les moyens dont tu disposes ou pour le dire mieux, selon tes priorités, il y a la possibilité de travailler sur un écran de référence, calibré, et de réaliser des impressions de très grande qualité à la maison.
Tout cela a un prix et c'est à chacun de définir sa notion de valeur et d'en changer éventuellement.
Certains sont obstinés!
Pour ce qui est de passer au Leica numérique, mon expérience avec le M8 et celle qui suit au M9, m'ont appris que la pratique de la photo numérique n'est certainement pas une trahison de la photographie.
La production d'une image, quand elle est associées à une réflexion artistique, à une recherche graphique, au désir de communiquer ou de témoigner, à la découverte du monde et des êtres qui le peuplent, c'est faire de la photographie.
Il y a des images de fleurs faites au "D-Lux"(*) et qui ajoutent la beauté du regard de leur auteur à celle de la nature.
Quel que soit le moyen technique, la voie.
C'est donc ta propre conception de la photographie qui doit rencontrer l'instrument adapté. Il se fait qu'ici on parle de Leica, mais beaucoup utilisent plusieurs appareils et voyagent dans l'univers de l'image à bord de "vaisseaux" très divers.
Nous avons l'énorme chance de vivre une époque où le choix entre différentes pratiques photographiques est possible.
La disponibilité d'équipements "argentiques" d'occasion n'a probablement jamais été aussi grande et des appareils de rêve sont financièrement accessible à l'amateur.
Paradoxalement, l'offre commerciale pour des appareils bon marché, utilisant les technologies numériques s'est généralisée et le grand public s'est engouffré dans un grand mouvement.
Beaucoup ont dans leurs mains des instruments extrêmement sophistiqués mais peu ont un regard à partager.
Certains ne se cachent pas d'ailleurs, pour affirmer qu'ils n'ont rien à montrer.
Ce qui semble certain c'est qu'on ne s'achète pas un "oeil photographique".
La sensibilité ne s'exprime pas en ISO mais en qualités de coeur, elle se mesure sur l'échelle des degrés de la curiosité, elle repose sur des frissons, des larmes, des joies: ces instants éphémères font la photographie.
C'est le seul conseil que je puisse donner: choisis ton appareil en fonction de la photographie que tu souhaites pratiquer.
Sachant qu'il y a autant d'approches qu'il y a d'histoires personnelles, et que les solutions sont plus nombreuses que les problèmes, il y a matière à expériences.
Tu peux aussi faire réparer et entretenir ton Leica 4-2. Par chance, les Leica vissants et les "M" peuvent être mis dans les mains de spécialistes qui font des merveilles sur des appareils qui ont 80 ans.
La disponibilité de Leica M8 d'occasion à des prix très raisonnables permet aussi de se faire une idée à propos des "M-numériques". Le M9 est, selon moi, plus difficile à maîtriser en ce sens qu'il exige encore plus de son opérateur.
Bonne chance dans la recherche que tu entreprends.
(*) certains disent dans le cas de ces appareils "Panasonic rebadgé" et m'inspirent des frayeurs: comme si on voulait de la marque "pure race".