Bonjour ! Je connais cet extraordinaire boîtier…
Le nommé Luigi est le patron de "Leicatime" dont le site, indiqué ci-dessus par Rustik, vaut vraiment le détour. On y découvre cet Italien probablement haut en couleurs, passionné du Leica, qui constitue l’essentiel de son fonds de commerce ; certains des boîtiers qu’il propose sont plutôt rares ; celui-ci est totalement exceptionnel… Outre le visage du patron, souhaitant la bienvenue, cerné de drapeaux claquant au vent, on découvre aussi en furetant sur "Leicatime" de charmants portraits : Luigi enfant (en 1943 prenant son bain, en 1950 lors de sa première communion), Luigi et sa femme Patrizia défiant tous deux les outrages du temps, Luigi en robe de chambre manipulant un "nouveau" Leica MP... Pittoresque
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Voici les caractères qui distinguent ce prototype du Leica M3 - apparemment le cinquième - de la première version à l’origine de la lignée "M", commercialisée en 1954 (ce qui suit est bien visible en allant sur le site de "Leicatime", afin d'explorer les autres images de ce prototype) :
1) Compteur de vues : une petite couronne externe, non coaxiale au levier d’armement (comme ce sera le cas sur le Leica M2).
2) Levier d’armement terminé très différemment.
3) Forme légèrement différente du levier de retardement.
4) Bouton du déclencheur strié radialement.
5) La gravure sur le capot est du style de celle des Leica à pas de vis (à l’époque, le modèle IIIf) ; le nom du modèle "M3" n’est pas mentionné.
6) Mais surtout, au dos de l’appareil, en bas à gauche du volet, près du presse-film : un bouton-poussoir qui, à mon avis, permet de perforer le film (en dehors de l’image) et ainsi de repérer une vue par rapport aux voisines ; remarquer le ressort plat de rappel. Certainement une chicane, ou un bourrelet de feutre noir, assure l’étanchéité à la lumière. Etonnant
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Je signale aussi les caractères suivants, retenus sur les premiers Leica M3 mais abandonnés - selon le cas - de 1955 à 1957 :
1) Les quatre petites vis qui fixent le capot : deux sur la face avant et deux à l’arrière.
2) Le presse-film en épais verre noir (en tôle ensuite).
3) L’axe du bouton de rebobinage est muni d’une fente peinte en rouge ; c’est une fente parce que cet axe est démontable à l’aide d’un tournevis, peinte en rouge afin que sa rotation lors de l’armement soit davantage visible (ce qui permet de s’assurer du bon déroulement du film). En 1955, cette fente a été remplacée par un minuscule fraisage décentré, peint en rouge, puis ensuite (sur les Leica M3, M2 et sur le Leica MP actuel) par deux minuscules fraisages symétriques, peints en rouge ; ceci nécessite un outil spécial pour le démontage de cet axe (lequel, soit dit en passant, n'est pas situé dans le prolongement de l'axe de la bobine, mais y est relié par deux engrenages).
Enfin, je me demande vraiment comment il se fait que ce prototype du Leica M3 ne soit pas conservé sous un globe en verre dans le musée de Leica Camera à Solms, mais ait quitté l’ancien empire d’Ernst Leitz, Wetzlar, pour se retrouver ainsi en vente chez un négociant romain ; la merveille figure depuis plusieurs mois dans la boutique de Luigi, qui - en effet - n’en affiche pas le prix…
Bien cordialement,
Jean D.