Une Porsche Louis XV

Jean-Yves
    Une Porsche Louis XV
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2912
Depuis le 13 nov 2004
Lille, Paris
Chers amis,

Je ne parcours plus guère les forums, certes, et d’autant moins en ce qui concerne le numérique. J’ai eu néanmoins l’idée malicieuse de cette petite intrusion en discutant avec Jean D. tout à l’heure devant une soupe vietnamienne.

Jean me disait qu’il a pu manipuler le fameux M8 lors de l’assemblée générale des Amis de Summilux, société savante florissante qui permet (et je m’en félicite) à ce forum de ne pas être inondé de pop-up faisant la publicité de femmes à poil ou de voyages paradisiaques (ouf ! car le choix serait cornélien en ce qui me concerne).

Il me parlait avec une moue peu équivoque du nouvel obturateur, et du bruit inhérent à son déclenchement et à son réarmement automatique. La chose est absolument futile, à l’image de la plupart de nos discussions techniques ici archivées, raison pour laquelle nous nous y complaisons autant que des chats dans un carré de soleil.

L’obturateur d’Oskar Barnak (avec au moins deux k, car c’en était un sacré, paix à ton âme Oskar) est probablement le cœur du mythe Leica. Je ne veux absolument pas entamer de joute avec les tenants du Leica R, car si la qualité des optiques peut être une des raisons qui nous ont fait venir au Leica, ce n’est plus une raison de notre fidélité indéfectible. Celle-ci relève bien davantage du sacré, ou du mystique : la nostalgie de l’âge du bronze, de la laque chinoise, du cuir anglais, de l’horloge perpétuelle ou du pendule de Foucault. En un mot, de la fascination stupide pour les magies anciennes. Ne manquent plus que les cierges et les cantiques.

Je ne grince qu’à peine, étant moi-même envoûté. Quand, en plus, l’objet swingue (Henri, pardon pour ce plagiat !), on n’a plus qu’à l’utiliser sans film et tout est dit. Et quand la force manque dans le poignet, il reste un magnifique presse-papier (n’est-ce pas Jeanloup ?).

Or, par les temps qui courent, on entend des choses curieuses : certains voudraient que le Leica ressemble à un appareil photo (alors qu’il n’est qu’un appareil photo, comprenne qui pourra). Je ne jouterai donc pas, dis-je, avec les tenants de l’optique : ils ont par définition raison puisque ce sont eux qui sont debout à faire des photos, tandis que nous sommes à genoux devant les boîtiers. Je ne m’intéresserai donc ici qu’aux boîtiers, c’est-à-dire aux M (et aux M seulement puisque les R ne sont que des porte-objectif Leica). J’ajouterai pour être bien compris que si c’est seulement le M qui m’intéresse, c’est pour ce qu’il EST, en dehors de ses capacités techniques.

Car ses capacités techniques sont navrantes, évidemment (la synchro, le décalage de la parallaxe, l’impossibilité de faire de la téléphoto sauf à passer par un dispositif digne des premiers bloc-moteurs Peugeot, ni de la macro à moins d’être un adepte du soufflet la tête à l’envers). Et je ne parle pas de la vitesse qui plafonne au grand millième de seconde, à peu près comme un instamatic de qualité.

Ou plutôt, si, j’en parle, parlons-en…C’est le sujet de cette brève déjà trop longue (mais distrayante j’espère).

On entend et on lit que le problème du M, parfois avant tous les autres, parfois à l’exclusion des autres (tiens, les autres tares n’en seraient donc pas ?), c’est sa trop faible vitesse d’obturation. Pauvre Oskar, et pauvres héritiers de Solms, qui n’ont pas réussi à lui faire passer le cap du 2000e sans le faire claquer abominablement. Ceci est dû, vous le savez, au fait que le défilement horizontal du rideau en toile caoutchoutée est mû par un ressort qu’on ne peut pas accélérer davantage étant donné qu’il déplace une matière souple, sensible à la déformation. On ne peut pas non plus jouer sur la taille de la fente car celle-ci est formée par le rapprochement d’axes sur lesquels s’enroulent les deux rideaux et qu’il y a un jeu mécanique minimal nécessaire à ce dispositif finalement très similaire aux enrouleurs des ceintures de sécurité de nos voitures modernes (Oskar était visionnaire !).

Le problème n’en était pas un quand les films sont (étaient) peu sensibles. C'est-à-dire que quand, comme Jean D., vous photographiez le désert avec du 25 asa, vous pouvez ouvrir à f :4 ou f :5,6 sans souci, vous resterez au 1 :500e à midi. Evidemment, le père Jean se met à râler quand, avec son film 160 asa, il doit rester au taquet de f :16 au 1 :1000e. Car sa créativité est alors limitée (profondeur de champ très grande sur toutes les vues), sans compter que les irrégularités d’exposition de son antiquité (un M2 black) sont sensibles à cette vitesse.

Le problème de la vitesse pas assez grande est alors un problème du film pas assez lent. Et malheureusement on ne trouve plus de film suffisamment lent. Ekreviss qui, j’en suis sûr, va lire ce fil un jour ou l’autre, ou l'autre compère Jean (de Bordeaux) ne me démentiront pas. Et j’affirme cela d’autant plus effrontément que je suis moi-même un gouniafier qui shoote au 400 iso dans le désert en défendant que c’est mon style (le poète a toujours raison pourrait-on dire, comme on dirait qu’il n’est pas nécessaire de détromper l’abruti).

J’en conclus que faire un procès au M, c’est faire un procès à l’évolution des films. J’entends déjà les cassandres à papa me rétorquer qu’il faut être de son temps, que l’exploration des ombres a permis l’essor de la photo moderne, et que c’est une victoire de la BASF (information pour ceux qui voudraient écrire l’épitaphe d’Agfa). Je reçois cette volée de bois vert sans broncher car je n’ai pas dit que les films rapides étaient inutiles. J’ai seulement suggéré qu’il était dommage de ne plus trouver de films lents.

Et pourquoi ne trouve-t-on plus de films lents ? Parce que les consommateurs sont trop paresseux pour changer de film entre deux situations de lumière (il faut rembobiner et préserver l’amorce, en ayant pris soin de noter sur son carnet en papier recyclé et avec un crayon de bois le numéro de la dernière vue exposée), ou trop fauchés (peuh !) pour gerber avec désinvolture dans leur fourre-tout deux ou trois appareils photo chargés chacun d’un film différent.

J’arrive donc à un point de mon raisonnement où, avec toute la plus mauvaise foi du monde, je ne peux pas ne pas défendre l’adaptation des appareils modernes aux hautes vitesses d’obturation.

J’ai donc écrit tout ça pour rien et je vous invite à réfléchir à une question plus pertinente dans le post suivant.
"La perfection des outils et la confusion des objectifs sont deux grandes caractéristiques de notre temps." Albert Einstein.
Jean-Yves
    Retour sur les photons
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2912
Depuis le 13 nov 2004
Lille, Paris
Encore chers amis,

Vous avez vu avec quelle verve j’ai parlé pour ne rien dire dans le post précédent. Aussi, seuls les gens les plus avisés parmi vous, qui auront flairé l’entourloupe, auront le résultat, certes provocant, mais néanmoins réfléchi, de nos cogitations de ce midi avec Jean D.

L’idée est la suivante : l’obturateur du M8 est idéal pour un boîtier argentique puisqu’il est conçu pour monter aux très hautes vitesses (ceux qui ne comprennent pas la logique se rendent compte maintenant qu’ils auraient quand même dû lire le post précédent). La seule erreur, mais de taille, c’est que, justement, il équipe un boîtier numérique, qui n’en a pas besoin.

Je lance exprès ce cocktail Molotov qui, j’en suis sûr, va me retomber en piqué enflammé sur la gueule à la vitesse du mur du çon. En attendant de me retrouver à poil (ce qui est promis est dur, pardon : dû), je plante mes dernières banderilles :

LE M8 N’A PAS BESOIN DE L’OBTURATEUR A 1 :8000 SECONDE PARCE QU’ON PEUT REGLER LA SENSIBILITE A CHAQUE VUE.

Si le numérique est bien une révolution, c’est d’ailleurs en cela (et aussi en ce qu’on peut régler la balance des blancs pour toutes les lumières, y compris les plus bâtardes, progrès décisif s’il en est).

SI, DONC, LE M8 N’A PAS BESOIN DE CET OBTURATEUR, DUQUEL A-T-IL BESOIN ?

Comme dans les suspenses les plus hard, la réponse tombe, limpide et bon marché comme du cristal d’Arques : DE CELUI D’UN LEICA M.

Il y en a qui seraient payés très cher dans les départements R&D de la marque pour faire faire des évolutions aussi décisives à un coût aussi bas…

Et néanmoins je le dis : le Miste fétichiste, qui est le seul animal cohérent de notre zoo rouge et blanc, attend encore le M numérique qui le fera bander. Il s’agit d’un M entièrement pareil au M argentique, mais avec un capteur 24x36 plein format 10MP en argent massif (facilement nettoyable par l’avant), une électronique de char d'assaut commandée par le levier d’armement et le barillet des vitesses, un dos lisse de Leica à vis (sauf évidemment la couronne de réglage de la sensibilité et peut être un petit poussoir pour la balance des blancs).
Il n’y aurait PAS d’écran LCD (quelle horreur sur ce M8, c’est comme une Porsche Louis XV et ça incite à photographier en regardant la petite télé à bout de bras, c'est-à-dire tout sauf ce qu’on photographie). Et, surtout, il y aurait l’obturateur de Barnak (*).

Ce qu’il faudrait voir, maintenant qu’on a sérieusement recadré la question (la modestie est mon plus gros défaut), c’est le cahier des charges du processeur et du firmware pour répondre à cette demande.

Allez, et que la saga continue !


(*) Car Barnak’un obturateur sur la tête à M (« Je dis M, et je le sème sur ma planète. M M M…. »).
"La perfection des outils et la confusion des objectifs sont deux grandes caractéristiques de notre temps." Albert Einstein.
Liv
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2025
Depuis le 10 nov 2005
Toulouse
Salut Jean-Yves!!!

Fataliste, il a écrit :
J’ai donc écrit tout ça pour rien

Non, car c'est toujours un véritable plaisir de te lire!

Amitiés
Liv
+ d'images ?
C'est par là...
Polo
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 1878
Depuis le 7 mars 2006
Bourbonnais
Une réponse de béotien numérique (Je trouve d'ailleurs que la Béotie est une belle région...), pour avoir tripatouillé un M8, deux choses me gênent (comme beaucoup) : le réarmement immédiat et automatique, le bruit du déclencheur.
Donc, je fais équipe avec Jean-Yves et nous finirons ensemble sur le bûcher des amateurs de vitesse lentes et musicales. :wink:
Polo
gautier
Avatar de l’utilisateur
Administrateur
Messages : 15088
Depuis le 21 mai 2003
Toulouse
Intéressants messages qui prouvent que lorsque Jean D. et Jean-Yves déjeunent, le repas n'est pas arrosé que d'eau :lol:
Bertrand S
Avatar de l’utilisateur
Vieux briscard
Messages : 3813
Depuis le 20 mai 2005
Lyon
:applaudir: :applaudir: :applaudir:
Coignet
Avatar de l’utilisateur
agent technique
Messages : 14852
Depuis le 5 nov 2003
75001
Cher Jean-Yves,

un temps égaré par la lecture de quelque presse vendue, un temps perdu par la recherche et la pratique d'une photo purement documentaire, un temps englouti dans la recherche de la perfection géométrique, j'ai pêché, longuement, dans les bras japono-allemands du Leica R ; il a des arguments le bougre, le charme asiatique m'ayant toujours fait flancher quelque part au tréfonds de mon être de chair, faible et influençable et le charme germanique, si pareil, si européen, mais si intrinsèquement exotique malgré tout (il faut revoir la Grande Illusion pour comprendre), intimement mariés, m'avaient fait craquer.
Je croyais me faire pardonner en défendant bec et ongles une mécanique audacieuse (miroirs, ressorts, bascules multiples, tout ce qu'il faut pour créer un joyeux bordel, et pourtant ça marche ; et même le rideau d'Oskar au 1/2000e, ça marche), et des optiques superlatives aux arguments optiquement bétonnés. Le Leica c'est l'optique criais-je dans le vide sidéral du forum, le soir, à l'heure ou le summiluxien va dormir, sagement, dans son lit, grand outil. Vox clamans in deserto
Rien à faire, ce site leicaiste n'était pas leicaiste sans le M, et j'ai dû accepter de me faire emporter.
Effet de mode, bête suivisme, mollesse de l'âme ?
Non, en effet, ralliement au seul, au vrai, Leica M.

Pourtant, le numérique est là, me tendant les bras, c'est mieux pour la rentabilité du travail, c'est plus facile et plus rapide, les couleurs se maîtrisent mieux, pas de dépendance aux émulsions, immédiateté…
Justement, cette immédiateté gâche tout.
Non seulement l'écran de contrôle, et là je te rejoins, mais aussi cette image prête à consommer, sitôt déclenché, sitôt téléchargée, sitôt détruite… Une image jetable, pas d'impression, pas de gravure dans l'argent, pas de support, pas d'attente, pas de plaisir différé, pas de marbre… Éjaculation précoce…

À moi, Pan-F, Perceptol, rouleaux et bobines, chambre noire et jeux à tâtons, le M est un dérouleur de pellicule, et c'est là que je prends mon pied.
Le numérique nous fait oublier le plaisir, sa préparation, la douceur anxieuse de certains préliminaires, la retenue nécessaire pour atteindre le nirvana, la sagesse ultime lorsque se découvre le résultat, rarement tel qu'attendu, mais généralement libérateur.

Connaître sa monture, être de connivence pleine et entière avec sa chair, l'avoir en main et l'oublier, armer, réarmer, sentir le film défiler, encore vierge de toute atteinte, déclencher et le marquer à jamais, armer encore, insatiable, et graver encore à l'aveugle, promesse de découvertes toujours plus riches, de plaisirs toujours plus étendus, du plaisir quasi sensuel de la découverte de la bande de 35mm découpée de signes de lumière.

Seul vrai plaisir, car plaisir gratuit, inutile en notre monde d'utilités, déphasé en notre monde de connexions, différé en notre époque de satisfactions immédiates irréfléchies, et tellement grave, car unique et non reproductible, définitif et invérifiable.

Dans ce rapport à la fois archaïque au plaisir de faire, antique à la notion de plaisir, sensuel à l'acte d'art (toute appréhension du réel pouvant s'apparenter à l'Art), seul le Leica M saura nous apporter satisfaction : objet aberrant mais pourtant si uniquement parfait, hors de prix, mais pas hors d'atteinte, limpide et joyeux, arrogant et pourtant si simple, je dirais même provoquant, mais si obéissant, il est ancré au creux de la main, outil emblématique au sein de l'outil primal du primate, il déroule la page blanche qu'il nous reste à écrire, sans cesse recommencée…

1/8000 de s.… Mais de quoi avons-nous besoin, après quoi courrons-nous ? Patience, amour, délicatesse, sensualité et détente, ne sont-ils pas avant tout annonciateurs de plaisirs multiples et toujours recommencés ?
Non à la performance, oui au bonheur !
Vive le Leica M.
michel (proteus)
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2741
Depuis le 8 jan 2005
metz
c'est un plaisir de vous lire Jean-Yves et Coignet
michel
si vous voulez voir l'invisible, observez attentivement le visible
Bertrand S
Avatar de l’utilisateur
Vieux briscard
Messages : 3813
Depuis le 20 mai 2005
Lyon
A te lire on peut remarquer les points communs entre désir amoureux et photo :wink:
C'est la lubricité de Kim qui t'influence? :wink:


Au fait et Pyong Yang
Coignet
Avatar de l’utilisateur
agent technique
Messages : 14852
Depuis le 5 nov 2003
75001
Pyong Yang ? Superbe, remarquable récit, et désolant.
J'ai lu deux fois.
Jean-Yves
Avatar de l’utilisateur
Spécialiste
Messages : 2912
Depuis le 13 nov 2004
Lille, Paris
Bertrand S a écrit :
A te lire on peut remarquer les points communs entre désir amoureux et photo :wink:



Très juste ! Le primate dont parle Coignet et le fétichiste que j'évoque sont probablement plus proche de Newton que de Porsche ! Mais nous sommes frappés car, comme Newton, nous avons pris une pomme sur la tête ! :wink:
"La perfection des outils et la confusion des objectifs sont deux grandes caractéristiques de notre temps." Albert Einstein.
Bertrand S
Avatar de l’utilisateur
Vieux briscard
Messages : 3813
Depuis le 20 mai 2005
Lyon
Jean-Yves a écrit :
Le primate dont parle Coignet et le fétichiste que j'évoque sont probablement plus proche de Newton que de Porsche ! Mais nous sommes frappés car, comme Newton, nous avons pris une pomme sur la tête ! :wink:


On te voit moins souvent mais quand tu reviens c'est pas pour rien
Jean D.
    A graver dans le marbre !
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 6257
Depuis le 24 jan 2004
Paris
:shock: Jean-Yves était dopé, à midi !

Comme il l’a expliqué, notre discussion a commencé à propos de l’inflation de la sensibilité nominale des films, notamment en négatif couleur (rien à moins de 160 ISO), puis nous avons parlé du Leica M8 et de son obturateur métallique vertical… permettant le 1/8000ème de seconde. Pour quoi faire ? Jean-Yves vient très simplement de démontrer que cette course de vitesse est probablement inutile, parce qu’en "numérique" on peut régler la sensibilité en continu. Alors, opération de marketing ? Et nous nous sommes mis à imaginer un M8 avec l’obturateur du "M" (hérité des "à vis") en toile caoutchoutée à défilement horizontal, que nous réarmerions manuellement (calant ainsi notre pouce droit), un obturateur qui ne ferait pas ce bruit incongru de M8 mais produirait un discret son de "M", et – tant qu’à faire - ce M8 serait débarrassé de l'écran arrière, qui incite au "gâchis virtuel" : elle n’est pas bien, celle-là : hop, je jette, et celle-là aussi…

Nous n’avons même pas évoqué la Rondinax : Jean-Yves connaît ! :roll:

Définissant superbement le Leica "M", Coignet notamment a écrit :
(…) Connaître sa monture, être de connivence pleine et entière avec sa chair, l'avoir en main et l'oublier, armer, réarmer, sentir le film défiler, encore vierge de toute atteinte, déclencher et le marquer à jamais, armer encore, insatiable, et graver encore à l'aveugle, promesse de découvertes toujours plus riches, de plaisirs toujours plus étendus, du plaisir quasi sensuel de la découverte de la bande de 35mm découpée de signes de lumière.
(…) seul le Leica M saura nous apporter satisfaction : objet aberrant mais pourtant si uniquement parfait, hors de prix, mais pas hors d'atteinte, limpide et joyeux, arrogant et pourtant si simple, je dirais même provoquant, mais si obéissant, il est ancré au creux de la main, outil emblématique au sein de l'outil primal du primate, il déroule la page blanche qu'il nous reste à écrire, sans cesse recommencée… (…)

« Sentir le film défiler, (…) et graver encore à l'aveugle » C’est exactement ça, le "M" argentique !
Graver ? …A graver dans le marbre !

Jean D.
« Wir werden Barnacks Kamera bauen ! » (Nous fabriquerons l'appareil photographique de Barnack !)
Ernst Leitz II (1924)
pascal_meheut
Vieux briscard
Messages : 3623
Depuis le 9 fév 2005
Paris
Il y a ceux qui vivent dans le temps lent du passé, égrénéspar l'horloge à balancier, en pantoufles dans leur pouf...
Si nous étions moins indulgents voire méchants, le temps de la réaction nous dirions.

Et il y a ceux qui vivent dans le présent avec dans leurs veines du vif-argent. Ceux là veulent prendre des photos comme le vent.
Et ne pas passer l'été à changer de sensibilité.
320 ISO, 1/60ème pour la peau sombre à l'ombre
320 ISO, 1/8000ème pour la peau blème au soleil

Changer de sensibilité à chaque vue est indu
comme de discourir sur ce qu'on n'a su saisir
non, on photographie comme on vit
et au lieu de maximes, on rime
Polo
Avatar de l’utilisateur
Membre des Amis
Messages : 1878
Depuis le 7 mars 2006
Bourbonnais
C'est un fil d'anthologie, à garder en mémoire!
Polo
Suivante

Retourner vers Leica M : boîtiers

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant cette section : MichelB et 12 invités