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Architecture de la reconstruction ?

MessagePosté: vendredi 30 décembre 2005 - 23:52
par Coignet
Après les fils sur l'architecture des années 1970 et des années 30 ; la reconstruction offre un terrain qui peut être tout aussi intéressant.
Voici en avant-première après un petit séjour d'hiver en Bretagne, la gare de Brest à la tombée de la nuit.


:iboitier: Leicaflex SL2 :iobj: summicron 50mm :ifilm: négatif Fuji 100 ISO

Note du 31.12.2005 : voir plus bas : j'ai fait une erreur, cette gare a été construite en 1932.

Pureté des lignes

MessagePosté: samedi 31 décembre 2005 - 0:18
par Jean D.
Bonsoir ! L'architecture de cette gare paraît inspirée des réminiscences du Bauhaus et de l'Art Déco : pureté des lignes (droites, angles droits, cercles), fonctionnalité, lumière pénétrant à flots dans le hall par la grande verrière verticale cylindrique. L'horloge et le graphisme des lettres "découpées" sont caractéristiques. En haut du beffroi, un campanile carré répond aux phares qui éclairent l'océan proche. Au pied de cette tour est appliquée une sculpture en bas-relief qui se marie heureusement avec ce style, apportant discrètement quelque mouvement sur ces surfaces planes ; je ne distingue pas bien son motif (deux personnages ?), mais il évoque probablement la paix retrouvée et la confiance en l'avenir...

Jean D.

MessagePosté: samedi 31 décembre 2005 - 11:06
par Jean-Yves
Pour moi ce sont surtout des souvenirs de mission à l'Ifremer !!! :wink:

Re: Pureté des lignes

MessagePosté: samedi 31 décembre 2005 - 13:00
par Coignet
Jean D. a écrit :
L'architecture de cette gare paraît inspirée des réminiscences du Bauhaus et de l'Art Déco
C'est un des thèmes qui mérite d'être exploré à propos de la reconstruction : les modernes et la ville de l'avenir.
On trouvera aussi le thème du néoclassicisme, de la recherche d'un ancrage régional, d'un néo-vernaculaire.

MAIS : je me suis trompé
.
Cette gare est de 1932, et non de la reconstruction.
Voir ce lien :
http://www.lesgares.com/typologie/gare_typo.php?hist=1&req=BRT
Sachant que Brest a été à peu près anéantie par les bombardements de 1944, je n'aurais jamais imaginé que la gare ait survécu, et je m'émerveillais de son style sorti de l'imaginaire d'avant-guerre…



MessagePosté: samedi 31 décembre 2005 - 13:16
par Filament
Voici deux belles visions d'une très belle gare. C'est beau l'art-déco. :)

MessagePosté: samedi 31 décembre 2005 - 16:05
par Geraud
Tres belles images! Dommage que l'intérieur ne corresponde pas à l'extérieur d'ailleurs...

J'ai passé trois ans à Brest, et je peux t'assurer, Jean D., qu'hélas la lumière entrant à flots de la partie cylindrique est avantageusement remplacée par la lumière artificielle de luminaires étant donné le climat Brestois qui fait parfois se demander si c'est bien de la pluie ou bien si la mer a monté...

En tout cas bravo à Coignet, tu as su mettre en valeur cette gare (on voit le métier ;))!

As-tu réussi le même prodige avec la place de la Liberté? Autrement dit, as-tu des photos où elle n'a plus son aspect de piscine vide au centre d'un mausolée soviétique?

Re: Pureté des lignes

MessagePosté: samedi 31 décembre 2005 - 16:51
par Bertrand S
Coignet a écrit :
Sachant que Brest a été à peu près anéantie par les bombardements de 1944, je n'aurais jamais imaginé que la gare ait survécu, et je m'émerveillais de son style sorti de l'imaginaire d'avant-guerre…




C'est vrai que c'est un vrai miracle, sachant que les gare étaient les objectifs visés en priorité. Enfin avec les méthodes de l'époque "viser" est un bien grand mots

Mais comme disait Prévert

"oh Barbara qu'elle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien."


Dans ce thème de l'architecture de reconstruction, il y a la ville de Royan, qui a elle été entièrement rasée à la fin de la guerre

MessagePosté: mardi 3 janvier 2006 - 17:46
par Lison
Ah, cette fois, je ne participerai pas ;-)
À ma connaissance (?), il n'y a pas eu de grande opération de reconstruction, en Belgique, après la seconde guerre mondiale.
Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de destructions ou de "villes martyres".
Par contre, certaines villes ont été pratiquement reconstruite après la guerre de 14-18, mais "à l'identique", … comme Ypres (Ieper) et Dixmude (Diksmuide) reconstruites en style gothique !

MessagePosté: mercredi 4 janvier 2006 - 8:02
par Green
Lison, la ville de Courtrai à côté de chez moi a été pratiquement totalement détruite et reconstruite après le bombardement américain du 20 et 21 juillet 1944. (mes parents parlent encore du ciel totalement illuminé de cette nuit terrible ). Je fais quelques photos le WE prochain.

voici un lien vers un diaporama

http://www.cegesoma.be/pls/opac/opac.search?lan=N&seop=2&sele=51&sepa=8&doty=&sest=&chna=&senu=27003&rqdb=1&dbnu=1

MessagePosté: mercredi 4 janvier 2006 - 8:26
par Lison
OK Green, merci.
Je n'étais pas très affirmatif et je m'attendais à être contredit.
:oops:
Il y a eu aussi les vagues de V1 et V2 sur Anvers (Antwerpen) et quelques villes comme Bastogne, Virton, etc., qui ont été détruites pendant la "bataille des Ardennes" (offensive Von Rundstedt).
Mais je ne crois pas me tromper en disant qu'il n'y a pas eu de "grandes opérations" de reconstruction totale comme en France (Le Havre) et aux Pays-Bas (Rotterdam).
Attendons d'autres réactions … et photos !

MessagePosté: mercredi 4 janvier 2006 - 13:37
par Fox
Mon p'tit grain de sel...

Tournai a beaucoup souffert des bombardements allemands de 1940. La Grand Place a été reconstruite à l'identique.

La ville de Saint-Ghislain (entre Mons et Tournai) a eu la "malchance" d'avoir une importante gare de triage et de formation. ( = Objectif stratégique de choix pour l'aviation!)
Bombardée en 1940 par les Allemands, bombardée en 1944 par les Américains : la ville a énormément souffert. Par contre la gare, datant de la fin du 19ème siècle, s'en est sortie intacte par deux fois :!: Un vrai miracle...

MessagePosté: mercredi 18 janvier 2006 - 13:56
par stéphane
tu pourras faire un tour au Havre, un régal l'architecture pour un photographe, mais une ville détestable à vivre.
Quelle insulte à ceux qui on souffert de l'architecure soviètique et de sa symbolique que son patrimoine soit inscrit à l'unesco.

MessagePosté: mercredi 18 janvier 2006 - 14:35
par Coignet
C'est un sujet que nous déjà un peu abordé sur ce fil.
Je ne pense pas qu'on puisse parler d'« architecture soviétique ». C'est l'esprit d'une époque, contemporaine des premières décennies de l'URSS.
Il est vrai que la France a été un des pays qui, dans les années suivantes, a le plus investi dans la préfabrication lourde.

MessagePosté: mercredi 18 janvier 2006 - 15:30
par stéphane
Perret ne voulait pas d'espace vert au Havre, pas d'arbre, pas de pelouse... Repousser au lointain tout ce qui est naturel... Faire une ville sur un principe nouveau qui est déshumanisée.
Il a en parti réussi ce pari, malheureusement pour les Havrais.

Admirer une oeuvre architecturale et la subir en y vivant, c'est complètement différent. Mais je ne veux pas lancer une polémique ici. C'était juste une remarque personnelle.

MessagePosté: mercredi 18 janvier 2006 - 15:39
par Coignet
stéphane a écrit :
Admirer une oeuvre architecturale et la subir en y vivant, c'est complètement différent. Mais je ne veux pas lancer une polémique ici.
Pour moi ce n'est pas polémique. C'est la différence entre le métier d'architecte et celui d'urbaniste. L'erreur fondatrice de réalisations comme celle du Havre (qui a été faite dans l'urgence), est de confier une ville à un architecte, sans réflexion sur ce qu'est la ville. De plus, dans le cas du Havre, à un architecte qui dessine et réalise aussi les bâtiments.
Alors que Perret a été un très grand architecte dans toutes ses œuvres d'avant-guerre, avec de petit joyaux, comme la salle de concert de l'École Normale de Musique de Paris, il a été un urbaniste simpliste.
De plus, une ville se renouvelle dans le temps… et la décision qui a été prise récemment risque d'empêcher cette évolution.
Une ville ne peut pas être l'œuvre d'un homme, c'est pour moi une conviction profonde.
On ne peut pas confondre la réalisation d'objets architecturaux, avec la planification d'espaces urbains. (Là, c'est moi qui suis polémique :wink: )