Possesseur depuis quelques mois déjà d’un M8, une question me taraude et je vous en fait part pour que nous puissions échanger nos points de vue : A quoi sert l’option Raw+Jpeg ? Devons-nous choisir seulement le Raw ou le Jepg ou bien les deux ? Mes remarques découlent essentiellement des études parues dans « Réponses Photo » (mai 2010)1 et du livre de Brian Bower sur le Leica M (Lark Photography Book)2 dont je tente ici de faire une synthèse car je pense qu’il s’agit d’un sujet très important.
1-Jpeg
-JC Béchet.1 règle en Jpeg qualité maximale partant du fait qu’il travaille comme s’il s’agissait d’une diapo en argentique où le réglage à la prise de vue doit être impeccable : il considère qu’il vaut mieux concevoir son cliché sur le terrain plutôt que de passer des heures au labo
-Il pense que vouloir récupérer tous les écarts en Raw (comme par exemple un contre-jour) est un non-sens.
-Le travail en labo sur un Jpeg se limite pour lui au minimum, avec éventuellement un filtre Nik.
-Il ne double ses vues en Raw+Jpeg haute qualité qu’au-delà de 1600 ISO.
-Il conclut que travailler en Jpeg ne signifie pas que nous sommes des photographes de seconde zone, d’autant qu’un ouvrage de Bruce Fraser sur la netteté (Eyrolles) indique qu’il n’y a pas de perte de qualité visible en Jpeg haute qualité.
2- Evolution Jpeg vers Raw.
-Claude Tauleigne.1 privilégiant la prise de vue au labo, a travaillé dans un premier temps en Jpeg, ce qui lui a permis l’édition en quadrichromie dans des livres et il ne choisissait Raw+Jpeg que comme roue de secours.
-Mais le réglage de la balance des blancs, les corrections et points de contrôle, etc, l’ont amené à laisser tomber complètement le Jpeg au profit du Raw.
3- Mixage Jpeg et Raw.
-P.Durand.1 utilise Raw+Jpeg quand il veut obtenir un rendu particulier (noir et blanc, saturation, etc..), Jpeg seul pour les photos « utilitaires » et Jpeg généralement pour son compact.
-Il remarque notamment que le Raw retrouve les détails que ne présente pas le Jpeg et il souligne que les retouches à partir d’un Raw sont de bien meilleure qualité que depuis un Jpeg, notamment en ce qui concerne la netteté, la saturation et la balance des blancs (même conclusion que Claude Tauleigne).
4- Raw.
-P.Bachelier.1 utilise le Raw car les corrections en Jpeg sont beaucoup plus compliquées à obtenir. Il enregistre en Raw+Jpeg de petite taille (3MP) car il n’utilise ces Jpeg que pour les lire plus rapidement à la sélection.
-J.Bolle.1 travaille en Raw car il retouche toutes ses photos et pense que cela permet de corriger finement certains défauts optiques (vignettage, distorsion, aberration chromatique).
-J.Bolle ne veut pas perdre son temps sur le terrain à faire des réglages approximatifs pour prendre des Jpeg. Il reconnaît que l’on peut obtenir de très bons Jpeg, mais il a l’impression de travailler sans filet s’il ne dispose pas du Raw et il aime le labo.
-Il relève que le traitement d’une image Jpeg est toujours un rattrapage partiel et la plupart des réglages effectués sont irréversibles alors que le traitement du Raw est évolutif.
-Brian Bower.2 conseille de travailler en DNG +Jpeg (10M).Il considère que les Jpeg permettent un travail rapide de reproduction et de projection, mais au détriment d’une certaine qualité, le DNG conservant tous les détails du cliché. Finalement, il conclut qu’en utilisation DNG+Jpeg, nous avons accès aux deux mondes, selon notre propre choix.
Au vu de ce qui précède, au milieu de la multiplicité des remarques, il me semble que l’on peut conclure :
1. Si nous voulons travailler sur le terrain et pas trop en laboratoire, nous utilisons le Jpeg haute qualité, mais à part quelques réglages minimum, nous perdons la possibilité de traitement des clichés en RAW et nous travaillons « sans filet » (traitements irréversibles).
2. Pour les situations extrêmes, pas de doute, il faut travailler en Raw+Jpeg.
3. Pour les clichés courants, si nous soignons la mise au point, le Jpeg peut suffire.
4. Si nous ne voulons pas perdre de temps sur le terrain à faire des réglages pour les Jpeg, mieux vaut travailler en Raw, d’autant que les réglages pour les Jpeg n’ont aucune incidence sur les Raw (voir manuel d’utilisation Leica M8 p.32).
5. Pour toutes les situations nécessitant un traitement important, le Raw est indispensable.
Finalement, la solution Raw+Jpeg haute qualité reste, comme prévisible, la plus protectrice : si le Jpeg est de qualité suffisante pour un cliché « d’usage », il peut être utilisé après quelques retouches de base. Pour les photos les plus délicates ou pour ceux qui aiment les travaux de labo, le Raw est indispensable, mais il ne faut pas oublier les remarques très pertinentes de JC Bréchet (cf §1 ci-dessus).
J’espère que vous m’excuserez de la longueur du propos, mais le thème est important. Merci de le « nourrir » si vous le jugez utile. Je remercie les auteurs cités, en espérant qu’ils ne m’en voudront pas de cette synthèse qui leur doit tout. Au moins ce petit travail m'aura aidé personnellement à me faire une idée plus précise. J'espère qu'il pourra vous aider.