Seul, Dehors
Mars 2020. Après plusieurs semaines de dénégations quant à la réalité de la gravité de l’épidémie de Covid-19, une politique stricte de restrictions des contacts humains et des déplacements est brusquement mise en place par les pouvoirs publics.
Le 17 mars, face à la croissance exponentielle des cas, un confinement obligatoire entre en vigueur en France.
Les mesures adoptées sont drastiques : obligation de rester à domicile ; une heure de sortie par jour maximum ; interdiction de fréquentation des zones de promenade ; fermeture des commerces et lieux de sociabilité « non essentiels pour la vie de la nation » ; rassemblements interdits.
Initialement annoncées pour une durée de quinze jours, ces restrictions dureront cinquante-cinq jours.
Durant ces huit semaines, je ne sortirai de mon domicile qu’à 6 reprises, uniquement pour me ravitailler. Choqué par la tournure soudaine des événements, oppressé par l’enfermement et la surexposition aux images et informations anxiogènes, le confinement sera pour moi une épreuve.
Le confinement est levé le 11 mai.
Le 13, je roule en direction de l’Aisne, département d’origine de ma famille. Quelques minutes après mon arrivée, je me précipite dans les champs de blé que je sillonne depuis mon enfance. La sensation qui me parcourt à ce moment est semblable à celle d’une première baignade estivale après de longs mois d’hiver : une renaissance.
Enfin libéré et exalté par ce retour à la vie, je retournerai m’y promener chaque jour plusieurs heures pendant les trois semaines qui suivront. Bercé par le vent, réchauffé par les rayons du soleil, apaisé par les grandes étendues. Sans covid, sans restrictions, sans masques, sans distanciation physique, sans personne. Seul, dehors.
La série “Seul, Dehors” regroupe trente-sept photographies argentiques, prises avec un Leica R6.2 et un Summicron-R 35, entre le 13 mai et le 1er juin 2020.
Matériel utilisé : Leica R6.2 et Summicron-R 35